Homélie du 30 septembre 2007 - 26e DO
fr. Gilles-Marie Marty

Dans cette parabole, il y a donc trois personnages: Abraham, le porte-parole de Dieu; un pauvre nommé Lazare; un riche dont on ignore le nom (pratique: chacun peut lui donner le sien).

Justement ce riche: est-il malhonnête, voleur, cruel, méprisant, méchant…?

La parabole ne dit rien de tout cela. Au contraire, il semble plutôt un bon bougre…

Il vit dans le luxe, cela tourner le commerce, crée des emplois… Abraham l’appelle «mon enfant»: il ne peut être mauvais. Et il rend spontanément service à ses frères… un brave type. Que lui reproche-t-on alors? De ne pas avoir vu Lazare…

D’avoir des écailles sur les yeux, et des bouchons dans les oreilles, puisqu’il n’a pas écouté les prophètes. Mais ce sont des choses qui arrivent, non?

Il n’a voulu ni voir ni entendre, il a sa part de responsabilité: ce n’est pas bien, mais quand même, il n’a tué personne…

Un jour, tous deux meurent. Lazare rejoint Abraham, dans la gloire de Dieu. L’autre plonge dans la géhenne. Tout surpris, il appelle Abraham au secours.

Abraham accepterait de l’aider, si c’était possible, mais c’est impossible.

Ni Abraham ni quiconque ne peut désormais rien pour lui.

Car choisir son éternité, c’est seulement ici-bas que c’est possible.

Et le jour où tout s’arrêtera, on sera pour l’éternité tel la mort nous aura trouvé.

Or, la leçon de cette parabole est que s’il y a une chose que Dieu ne supporte pas, c’est l’indifférence envers le prochain.

Refuser de voir le pauvre, fermer ses yeux à la misère, fermer ses oreilles à Dieu, cultiver l’égoïsme tranquille de qui ne s’intéresse qu’à soi seul et se fiche du reste, cela, qui n’est pas méchant, pas grave aux yeux des homme, c’est grave, très grave, aux yeux de Dieu.

L’indifférence est un poison mortel. L’indifférence barre la route du Ciel.

Notre riche de la parabole n’a tué personne mais il a terriblement déplu à Dieu.

Au 9ème siècle avant J.-C., Amos apostrophait ainsi les Juifs noceurs menant belle vie mais indifférents au sort d’Israël: cette bande de vautrés sera déportée et exterminée.

Difficile d’être plus clair. Mais pourquoi une telle punition?

Parce que ceux-là qui ne s’intéressent qu’aux biens de ce monde sont indifférents, et au besoin de leur prochain et à leur propre vie éternelle.

Notre riche qui ne voulait pas voir ni entendre, montrait ainsi qu’il ne s’intéressait ni à sort de son prochain ni même à son propre avenir.

Il avait, tout sauf l’espérance, sauf la foi en la résurrection.

C’est dommage, puisque, quand on meurt, c’est la seule chose qu’on peut emporter.

La leçon de la parabole, la morale de l’histoire est que Dieu vomit l’indifférence.

Mais alors, comment lutter contre cette indifférence, qui nous menace tous?

Menace universelle, car premier fruit du péché originel. Souvenez-vous: «Dieu dit à Caïn «où est ton frère Abel?». Caïn répondit «je ne sais pas… (depuis quand) Suis-je le gardien de mon frère».

Comment lutter contre cette indifférence? En partageant nos richesses.

Comme c’est plus facile à dire qu’à faire, Abraham nous donne ce conseil: «le riche m’avait demandé d’envoyer Lazare prévenir ses frères, et j’ai refusé…
Mais Dieu a entendu, et a envoyé, non Lazare mais son propre Fils, Jésus. Lequel a partagé ses propres richesses: l’Évangile, l’Église & l’Esprit-Saint
».

La grande richesse d’un disciple du Christ, c’est sa foi, son espérance: voila ce qu’il lui faut partager en priorité. Tant qu’il est temps.