Homélie du 14 juin 2009 - Fête du Corps et du Sang du Seigneur
fr. Olivier de Saint Martin

Le récit de l’institution de l’eucharistie que nous venons d’entendre est vraiment le résumé de toute l’histoire entre Dieu et les hommes. Pour la première fois ce-jour-là, Jésus, Dieu fait homme, nous donne son Corps et son Sang en nourriture. Et aujourd’hui, Il se donne réellement à nous, dans toute sa personne, entièrement, que ce soit sous l’espèce du pain ou celle du vin. Qu’y-a-t-il de plus simple que le pain et le vin? Et pourtant, ils expriment merveilleusement ce qu’est l’eucharistie que nous célébrons!

Le pain comme le vin sont l’alliance de notre travail et du don de Dieu que sont une terre à cultiver, l’eau de la pluie ou encore le soleil. Au moment de l’offertoire nous rendons grâces pour la coopération du Ciel et de la terre qui permet à la création d’atteindre une nouvelle dimension. Tu es béni, Seigneur Dieu de l’Univers toi qui nous donne ce pain fruit de la terre et du travail des hommes, il deviendra le pain de la vie. Ainsi le grain de blé peut devenir pain puis Corps du Christ, et le grain de raisin peut devenir vin puis Sang du Christ. Il en va de même pour nous. Nous sommes appelés à devenir pleinement enfants de Dieu. Nous sommes appelés à la sainteté et non pas à une vie superficielle. Nous sommes faits pour le véritable bonheur et non pas pour l’apparence du bonheur. Nous sommes faits pour Dieu, pour vivre la vie même de Dieu! Et cela ne se fait pas sans effort!

Pour exister, le pain et le vin réclament que le grain soit broyé. Oui, si le grain de blé ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Pour donner du fruit le grain tombé en terre doit accepter de mourir. Et s’il veut donner du pain ou du vin, le grain doit accepter de mourir. Mais, par la cuisson ou la fermentation, il connaît comme une résurrection. Cela, Jésus l’a vécu en réalité. À travers sa mort choisies, Il a fait de nous des fils de Dieu. Et Il est devenu pain et vin pour nous nourrir et nous unir à Lui. À travers les éléments eucharistiques, nous découvrons un Dieu qui meurt et qui ressuscite pour nous conduire à la vie. Un Dieu qui veut nous transformer comme il a transformé le pain en son Corps. Jésus veut nous donner toute sa vie pour qu’elle coule en nous comme un fleuve d’eau vive. À chaque fois que nous mangeons son corps et buvons son sang, nous mangeons le feu de l’Esprit Saint qui transforme tout en lui. Et comme Jésus est mort pour ressusciter, il faut que nous aussi nous mourions pour naître à la vie éternelle. Mourir à soi dès cette terre pour laisser la vie de Dieu tout prendre en nous. Mourir à une vie centrée sur soi-même, celle du «MOI-JE» pour la tourner vers Dieu.
Pour se donner à nous dans son Corps, Jésus a choisi le pain le plus simple: un peu de farine et d’eau. Ce pain-là, c’est celui des pauvres, de ceux qui ont faim, de ceux qui ne peuvent pas vivre sans Jésus. C’est ainsi qu’en 304, à Abitène, 49 chrétiens furent surpris un dimanche alors qu’ils célébraient l’Eucharistie. Arrêtés, ils furent interrogés par le Proconsul. On rapporte que l’un des chrétiens, Eméritus répondit: Sans nous réunir le dimanche pour célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre. Sans l’Eucharistie, les forces nous manqueraient pour affronter les difficultés quotidiennes et ne pas succomber à la tentation. Avons-nous vraiment faim de rencontrer Jésus en venant communier? Pain de pauvre, l’eucharistie nous rappelle aussi l’amour de Jésus pour les plus pauvres: pauvres matériels, pauvres aussi que sont les pécheurs. Chacun peut compter sur Jésus qui a versé son sang pour la rémission des péchés.

Pour nous donner son sang, Jésus a choisi le vin qui est vecteur de joie. La joie, c’est celle de l’Esprit Saint. Il y a d’abord la joie du pardon. Jésus a versé son sang pour que nous soyons pardonnés. Est-ce que cela nous réjouit vraiment? Alors que nous traînons bien souvent les pieds pour aller à la rencontre de notre Sauveur dans le sacrement de la réconciliation, le jeune Dominique Savio écrivait au jour de sa première communion: je me confesserai bien souvent! Et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait: Comme c’est bon d’être l’objet de la miséricorde de Dieu! Juste avant de communier nous dirons: Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri! En communiant, il faut avoir ce désir d’être guéri, d’être visité par Dieu et de devenir le Temple du Christ. La seconde joie que nous donne l’Esprit Saint, c’est de faire de nous des enfants de Dieu, des fils et des filles dans le Fils Unique. Et donc de nous lier les uns aux autres. En communiant nous devenons semblables les uns aux autres: c’est l’Esprit d’Amour qui nous lie les uns aux autres – pour que nous n’ayons qu’un seul cœur et une seule âme – Il ne peut pas y avoir d’eucharistie, s’il n’y a pas de communion fraternelle entre nous c’est-à-dire un accueil mutuel absolu et sans condition.

Juste avant de communier, nous disons: Amen!
Amen, c’est-à-dire je crois que tu es réellement présent dans ton corps et dans ton sang sous l’apparence du pain et du vin.
Amen, c’est-à-dire je t’accueille Seigneur, j’ai faim de ta vie, j’ai soif de ton pardon. Amen c’est-à-dire sans toi je ne peux pas vivre, transforme-moi par le feu de ton Esprit.
Amen, c’est-à-dire encore je t’accueille Seigneur en chacun des membres de ton corps.

Découvrir celui qui est là à côté de moi et qui a besoin d’un surcroît d’amour pour avancer dans la vie. Frères et sœurs, au moment de communier, devenons ce que nous recevons: le corps du Christ, un seul corps en des membres différents. Devenons ce que nous recevons: un seul cœur et une seule âme, le Christ en nous et les uns avec les autres!