Homélie du 19 juillet 2009 - 16e DO
fr. Loïc-Marie Le Bot

[|«Venez vous-même à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu»!|]

Voilà une phrase de Jésus qui tombe en parfaite consonance avec la période estivale que nous vivons. Pour une fois, l’Évangile semble avoir une parole douce. On pourrait même dire que c’est une parole de Jésus qui est prophétique en ce temps où il faut toujours travailler plus. Et même dans le repos, il faut se distraire et s’agiter. Cependant j’ai bien peur que le repos que propose Jésus soit un peu différent, et j’espère qu’il est plus satisfaisant et comblant. Après leur première mission, les apôtres ont bien gagné le droit de se reposer, de souffler après un bel effort. Jésus, en directeur des relations humaines avisé, sait bien qu’il ne peut exiger plus de ses apôtres que s’ils peuvent se reposer, reprendre haleine. Il en a besoin pour la suite. Il faut ménager son personnel si l’on veut qu’il donne le meilleur et encore plus. C’est que les apôtres sont des hommes, comme nous. Nous comprenons bien que les apôtres après avoir essayé leurs habits tout neufs de missionnaires avoir prêché, chassé les démons, ont besoin de se reprendre. Voilà qui semble juste. Il leur faut comme à nous prendre le temps du repos. Le repos a pour nous un double effet. Il nous permet de nous débarrasser de la fatigue et en même temps de reprendre des forces. L’homme a besoin pour poursuivre son labeur de prendre le temps du repos, chaque jour, chaque semaine, le dimanche s’il vous plait, et chaque année. Il nous faut rompre le rythme harassant du travail de chaque jour. Prendre du repos n’est pas seulement un temps perdu c’est un temps où l’avenir se prépare car les forces se refaisant, il nous permet de reprendre plus vaillamment notre tâche. Mais peut-être que le repos auquel les invite Jésus n’est pas seulement un temps de vacances. Il invite les apôtres à aller dans un lieu désert. On aurait pu penser que pour changer d’air il les aurait invités à la montagne – Jésus en connaît bien quelques-unes – ou sur le bord de la mer, non il les invite dans un endroit désert. Drôle de lieu pour des vacances! Que peut-il y avoir d’intéressant dans un désert? On pourrait dire qu’après avoir passé un moment au contact épuisant des foules, il leur est bon de se retrouver dans la solitude. C’est que dans le désert on ne peut pas être distrait. C’est aussi, pour les hommes de l’Alliance le lieu de la rencontre avec Dieu. Il y a au désert, mieux que la plage ou que le bon air frais des alpages. Il y a Jésus lui-même. Voilà le vrai repos que Jésus leur propose être avec lui.

S. Augustin en commençant ses Confessions (I,I,1), en fait son autobiographie, s’adresse au Seigneur pour le louer et rendre grâce au moment il s’apprête à faire le récit de sa vie, et plus précisément le récit de sa conversion au Seigneur Jésus. Il a cette phrase qui éclaire notre évangile d’aujourd’hui «tu nous a faits pour toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi». Le repos que propose Jésus dépasse infiniment le repos de l’estivant. Il s’agit du repos de notre cœur constamment agité de mille soucis de mille peines, de mille désirs. S. Augustin a beaucoup cherché un peu dans tous les sens un but à sa vie: dans la réussite professionnelle, dans le prestige des fonctions, dans les amours humaines, dans la griserie de l’érudition, dans la curiosité pour les philosophies de son temps. Tout ceci l’a épuisé, il n’a trouvé le repos que dans le Seigneur. Pourquoi trouve-t-on le repos près du Seigneur? Parce qu’il nous a créés pour cela pour être uni à lui pour que nous soyons comblés par lui et par ses dons. En fait dans l’agitation continue du monde qui nous épuise, nous cherchons parfois un substitut à notre appel au repos dans le Seigneur et nous ne sommes en paix que quand nous pouvons le tenir près de nous – ou plutôt quand nous arrivons à être complètement ouverts à sa présence. Ce repos est celui de notre accomplissement. Quand nous avons fait quelque chose de bien, nous sentons quelque chose en nous qui nous fait plaisir. Déjà même au prix de grands efforts, nous atteignons quelque chose du repos et de la paix. Il en est ainsi lorsque nous trouvons le Seigneur et qu’il nous fait entrer dans son repos.

Nous sommes faits pour le repos, pour le repos dans le Seigneur.

C’est l’expérience que font les apôtres dans l’Évangile d’aujourd’hui. C’est ce que le Seigneur nous propose aujourd’hui. Venez et goûtez mon repos. Ce repos sera bref, déjà les foules se pressent, il y a l’urgence de la mission. Jésus et ses apôtres ne se déroberont pas, mais après leur repos. C’est un enseignement pour les apôtres. La mission apostolique dans le ministère de la Parole ne saurait se suffire à elle-même. Les apôtres ont besoin de repos. Certes, il leur faut du repos physique pour refaire leur force pour continuer. Mais ils ont surtout besoin de ce repos dans le Seigneur. Avec lui, ils vont passer un moment à l’écart pour recevoir ce que le Seigneur veut leur donner, ce repos pour qu’il nous comble de sa présence.

C’est un enseignement pour nous tous, trouver le repos de l’âme et du cœur, un repos vrai et profond auprès du Seigneur. Chacun trouvera comment aller un petit moment au désert avec le Seigneur dans sa prière hebdomadaire, dans la participation à la messe dominicale, qui est l’activité la plus reposante qui soit.

Je ne vous souhaite pas de bonnes vacances, je vous souhaite un bon repos dans le Seigneur.