Homélie du 10 mai 2015 - 6e DP

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Jésus de Nazareth. Cheveux longs. Barbe bien fournie. Vêtements bien usés. Sandales aux pieds. Bande de copains. Et comme devise : « Aimez-vous les uns les autres. » 1 Jésus, est-il le premier hippie ? Et si on regarde sa bande de prêt, voilà un certain Augustin qui s’avance et qui ose proclamer : « Aime et fais ce que tu veux ! » 2 Vous rendez-vous compte des conséquences d’une telle phrase ? Quelle folie ! Quelle orgie ! Car il est facile pour nous de faire ce que nous voulons, c’est même trop facile ! Mais qu’est-ce qu’aimer ? Qu’est-ce l’amour ? Voilà ce à quoi il faut répondre avant de balayer d’un revers de main l’adage d’Augustin.

Pour que nous puissions mieux saisir le mystère qu’est l’amour, permettez-moi de vous proposer deux images, deux allégories de deux chevaliers. Scène numéro un : le premier chevalier s’avance. Le cheval traîne les pattes, la peau lui colle aux os. Et le chevalier lui-même ? Casserole pour casque, couvercle comme bouclier, fil de fer courbé en main comme épée. Tel un Don Quichotte errant dans la plaine, combattant des moulins à vent qui désire se dépasser pour un amour fugitif, sa bien-aimée Dulcinée. Il ne fait que poursuivre un fantasme, une illusion. Voilà l’image de l’homme qui cherche à aimer par lui-même. Et qui devient victime de ses illusions.

Scène numéro deux : un autre chevalier s’avance, tel un Lancelot, tel un Cid et que dis-je tel un Roland ! Magnifique cheval blanc, son armure brille au soleil, bouclier avec trois lettres IHS, Iesus hominis Salvator Jésus, le Sauveur des hommes. Blessé, mais victorieux. La croix en main comme javelot. Sa bien-aimée ? La dame de son cœur ? C’est toi ! Oui, c’est toi, ma sœur ! C’est toi, mon frère ! C’est nous tous son Église chérie !

Mais attention. Ici nous touchons du doigt le drame de l’humanité. Nous refusons d’être aimé. Nous refusons d’être chéri par lui. Nous préférons errer tout seul en poursuivant nos chimères, tout comme Don Quichotte. Laissons-nous aimer par ce Chevalier blanc qui a tant souffert pour nous pour vaincre le dragon, notre ennemi intime. Jésus n’est pas un hippie. Son amour n’est pas fait juste de belles phrases. Mais il est inscrit dans sa chair. Il a donné sa vie pour nous. C’est pour cela qu’il peut dire : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. »

Dieu est toujours le premier à aimer. Nous, nous ne faisons que répondre à son admirable amour. Ouvrons nos yeux pour le voir. Arrêtons la sclérose du cœur tant qu’il en est encore temps. Je vous propose, aujourd’hui, un simple remède. Vous n’avez pas besoin d’aller à la pharmacie pour le récupérer. Il est à la portée de la main. Cet après-midi ou ce soir, prenez votre Bible et trouvez-y le Psaume 135 (136). Il s’agit de ce magnifique psaume qui est scandé par le refrain : « car éternel est son amour ! ». Relisez-le, méditez-le et surtout transformez-le selon votre vie. Souvenez-vous de tout le bien qu’il vous a fait et scandez avec le Psalmiste : « car éternel est son amour ! ». Quel psaume déjà ? Le psaume 135. Facile de s’en rappeler : 1-3-5.

Mais concluons. Revenons à notre saint Augustin. Lorsqu’il nous dit « Aime et fais ce que tu veux », il ne parle pas de ce qu’il vivait avant sa conversion, c’est à dire : « Fais-ce que tu veux et alors tu aimeras. » Mais il pose en premier lieu l’amour : « Aime… et fais ce que tu veux. » Car c’est en aimant de la même manière que le Christ nous a aimés, que nous accomplissons tous les préceptes de Dieu. Si l’amour est vrai, nous voudrons ce qu’il veut. L’amour vrai dépasse le propre égoïsme et ainsi, il ne blesse pas mais cherche le bien d’autrui. Nous pouvons alors reprendre l’adage de saint Augustin en le retouchant un peu : « Laisse-toi aimer par Dieu, aime et fais ce que tu veux ! »

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