Homélie du 28 janvier 2007 - 4e DO

A Nazareth Jésus affronte la contradiction. Son AMOUR sera plus fort!

par

fr. Bernard Autran

Nous suivons Jésus au tout début de son ministère en Galilée. Après Son Baptême, L’Esprit l’avait conduit au désert pour y affronter la tentation. Aussitôt après, avec Luc, nous Le voyons revenir dans sa ville de Nazareth. Dimanche dernier, nous avons lu la première partie du récit. Il y proclamait qu’aujourd’hui se réalisaient en Lui les Promesses révélées en Isaïe: L’Esprit intervenait avec puissance pour délivrer, apporter la Lumière, la vraie liberté. On ne pouvait pas alors encore saisir toute la profondeur de la réalité que nous avons la chance d’avoir pu accueillir: Lui seul peut pleinement dire: « Père » et vit la joie de répondre à Son Amour. Il vient Se faire L’un de nous, nous prend par la main pour nous partager ce qui Le réjouit éternellement!

Mais aujourd’hui apparaît la deuxième face de cette réalité: S’Il vient vivre cet Amour et nous entraîner à le faire à sa suite, c’est dans notre monde de péché, d’égoïsme, de haine, de violence qu’Il vient le faire germer! Avec ce qui brûle en Lui, Il est venu Se plonger dans notre eau glacée. La réaction ne pouvait être que violente! Le vieillard Syméon l’avait pressenti dès la Présentation au Temple! Le sommet en sera au Calvaire. Nous en voyons aujourd’hui les premiers soubresauts.

Ainsi vient-Il prendre, et, pour Lui, au sommet, la condition des Prophètes, les envoyés de Dieu pour proclamer ce qu’Il veut faire savoir aux hommes, les sauver ainsi de ce qui les oppose à Lui et entre eux. On vient de nous citer Jérémie: sa mission devait être redoutable. Mais dans sa faiblesse humaine, Son Seigneur devrait le revêtir d’une grande force. Il ne devrait pas trembler devant les hommes à la fausse puissance. Il serait une colonne de fer, ils le combattront, mais ne pourront rien contre lui, car Il sera avec lui.

Ce qu’ont vécu douloureusement Jérémie et tant de prophètes, Jésus va commencer à l’expérimenter avec les gens de Nazareth! Comment sont-ils passés si vite du premier émerveillement au rejet? Essayons de le découvrir à travers le récit, évidemment plus schématique que la discussion réelle. Relevons d’abord leur étonnement de voir ainsi intervenir Celui qu’ils s’imaginent connaître: « N’est-ce pas le fils de Joseph? » Mais surtout, ils sont jaloux, car, venu chez eux en compatriote, Il n’y a pas accompli de grands signes. S’Il est une célébrité au village, ils pensent qu’au moins ils doivent être les premiers à en profiter!

Mais Il ne se laisse jamais accaparer. Bientôt, quand à Capharnaüm on aurait voulu Le garder, Il S’éloigne car Il veut être tout à tous. Contrairement a ce qui se passe dans certains groupes d’inspiration humaine, ce qui relie à Lui n’est jamais de l’ordre des avantages acquis>, liens de parenté ou autres. Un jour, sa famille cherchera à Le récupérer en amenant sa Mère. Il le proclamera, ses véritables proches sont ceux qui écoutent Sa Parole et la mettent en pratique! Mais, bien sûr en cela, Marie est la première!

Alors, Il fait appel à des exemples de l’histoire d’Israël, Élie envoyé à la veuve de Sarepta, pays extérieur à Israël, et aussi à Naaman qui, bien que syrien, étranger, eut la grâce d’être guéri. Dieu a choisi Son Peuple pour le rendre porteur de son précieux trésor, non pour l’en faire profiter égoïstement. Il ne Se laisse jamais accaparer, mais, à travers les siens, c’est à tous les hommes qu’Il veut apporter Sa Joie.

Les gens de Nazareth deviennent furieux et tentent de Le tuer en Le précipitant du haut d’un escarpement, préalable à une lapidation. Il ne refuserait pas de donner Sa Vie quand l’Heure serait venue. Mais aujourd’hui, comme pour Jérémie gardé pour sa mission, Le Père ne leur permet pas de nuire: Le jour où Il Se laissera prendre, Il usera de son autorité pour préserver ses disciples. Aujourd’hui, Il le fait pour les empêcher de porter la main sur Lui: les bras leur en tombent: passant au milieu d’eux Il allait son chemin!

C’est ainsi que Le Père Lui a manifesté son soutien, comme Il l’avait déjà promis à Jérémie. Avec Lui, nous en avons rendu grâces avec le psaume: « Tu as décidé de me sauver; mon Roc et mon Rempart, c’est Toi! » Ainsi après Lui, tous ceux qui mettent en pratique ce à quoi nous appelait Saint Paul, ceux qui essayent, à sa suite, de répondre à l’immense projet d’Amour du Père, tous peuvent compter sur l’aide du Seigneur.

Car, pour nous inviter à le suivre en la pratique de cet Amour, cette charité, Lui, Jésus l’a pratiquée le premier au plus haut point! Lui seul vient, en partageant notre vie d’hommes, y transcrire ce qu’Il vit éternelle-ment, le Feu de Sa réponse à l’Amour du Père, sa communion à son Désir de partager Sa Joie. Au-delà de ce qui apparaît, parler des langues, être prophète, thaumaturge, distribuer tout ce qu’on a, aller jusqu’à se laisser brûler vif, la seule vraie valeur est l’engagement en lequel on se donne sans réserve en totale confiance. Jésus, Lui, nous en a donné le signe extrême en demandant le pardon pour ses tortionnaires! Si, dans L’Esprit, nous essayons, même bien modestement, de répondre à sa manière, peut-être ne nous épargnera-t-Il pas certaines épreuves! Mais, soyons-en sûrs, Il nous soutiendra pour que notre vie porte un grand fruit de Joie!