Homélie du 22 février 2017 - Fête de la Chaire de saint Pierre

Chaire de saint Pierre

par

fr. David Perrin

Attachez bien vos ceintures, frères et sœurs, car nous partons dans quelques minutes pour Rome ! Le pilote a allumé les moteurs. L’avion s’avance maintenant sur la piste. Il prend son élan puis décolle. Rapidement, il s’élève au-dessus des nuages. À travers le hublot, nous voyons les Alpes enneigées et au-dessous de nous, la Méditerranée. Notre cœur bat à l’idée de nous retrouver dans la ville éternelle où Pierre et Paul ont versé leur sang. Enfin, nous atterrissons. Nous prenons le bus qui nous conduit aux portes du Vatican. Des gens de toute langues, nations, races et peuples affluent et se dirigent vers la place saint Pierre.

Nous remontons la Via della Conciliazione et entrons dans la place. Les deux colonnades du Bernin embrassent de part et d’autre le peuple de Dieu rassemblé. Elles sont comme les bras de saint Pierre. Nous voici réunis autour de l’obélisque qui, autrefois, trônait au milieu du cirque où saint Pierre a été martyrisé et qui, aujourd’hui, porte à son sommet la croix du Christ. La place forme autour de nous comme une ellipse. Elle symbolise la terre gravitant autour de cette croix qui attire à elle tous les hommes.

À l’appel de notre pasteur, nous gravissons les marches du parvis, passons les portes saintes et entrons dans la basilique. L’espace, les volumes, au-dessus de nous et autour de nous, sont immenses. Impossible de tout embrasser d’un seul regard ! Nous éprouvons dans notre chair l’immensité de l’Église du Christ dont nous sommes les pierres vivantes. Qui pourra mesurer sa longueur, sa largeur, sa hauteur, sa profondeur ?

Loin devant nous, à la croisée du transept et de la nef, se trouve le baldaquin de saint Pierre. Il indique le lieu où sont gardées, plusieurs mètres sous terre, dans une toute petite niche, cachées dans un pan de mur, les reliques de saint Pierre. Un graffiti, en grec, confirme l’emplacement : « Pierre est ici ».

Sous les dalles de marbres, sous les colonnes splendides du Bernin, sous la coupole immense dessinée par Michel-Ange, à la verticale, se trouve le corps de Simon-Pierre, le pêcheur de Galilée devenu pêcheur d’hommes, les ossements du premier des apôtres, du pasteur de l’Église. Voici le roc sur lequel le Christ a bâti son Église, la pierre inébranlable qui soutient nos pas et porte le poids d’amour de toute l’Église, visible, invisible.

À mesure que nous avançons vers l’autel, nous distinguons plus précisément, à travers le baldaquin, tout au fond de la basilique, la chaire monumentale de saint Pierre. Le Bernin l’a représentée en suspension, à plusieurs mètres de hauteur. Elle est suspendue entre ciel et terre, juste au-dessous de la gloire. La colombe du Saint-Esprit la surplombe. Elle signifie l’assistance par l’Esprit Saint de Pierre et de ses successeurs. Simon-Pierre n’est-il pas le fils de Jonas, ce qui veut dire fils de la colombe ? L’Esprit Saint repose sur lui. Il l’aide à gouverner, à sanctifier, à enseigner son peuple. C’est depuis cette chaire que Pierre préside à la charité et la communion de tout son troupeau, depuis cette chaire qu’il nous envoie dans le monde porter à notre tour, au prix de notre vie, s’il le faut, la bonne nouvelle du salut.