Homélie du 22 mai 2005 - Trinité

Communion en Dieu,communion avec Dieu

par

Avatar

Une question: quand je dis « Dieu », à quoi je pense ?

Et quand je dis: «Juifs, chrétiens, musulmans, nous avons le même Dieu»?

Et c’est vrai, la première lecture nous le rappelle: Je suis l’Éternel, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité.

C’est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob qui se révèle à Moïse sur le mont Sinaï…

Mais après avoir parlé par ses prophètes, Dieu s’est pleinement révélé en son Fils comme le Dieu unique qui est Père, Fils et Esprit Saint. Un seul Dieu et trois personnes. Trois qui sont un seul Dieu.

Mystère insondable!

Trois personnes, mais qui sont « consubstantielles » (et pas seulement de même nature, comme trois personnes humaines différentes qui existent séparément). Elles sont distinctes sans être autres.

Le Père est Dieu, source et principe de toute la Trinité.
Le Fils est Dieu comme le Père, mais il l’est comme Fils et Verbe du Père.
L’Esprit est Dieu comme le Père et le Fils, mais il l’est comme le lien d’amour qui les unit. Ils sont identiquement et ensemble le seul et unique Dieu de par des relations, des liens d’origine, qui les unissent et les distinguent à la fois.

Cette révélation du Nouveau Testament que nous fêtons est un mystère. Non pas une énigme, mais une vérité, qui dépasse notre capacité de connaissance, qui surpasse notre intelligence. Que nous recevons dans la foi. Que nous adorons, sans la comprendre, nous prosternant devant ce Dieu que l’on ne peut voir sans mourir.

Mais surtout un mystère de la foi est toujours une vérité active, si je puis dire, car elle est source de vie et de salut.

L’évangile nous invite à entrer dans ce mystère: «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que le monde soit sauvé par lui».

C’est par l’œuvre de salut accomplie dans le Christ que Dieu révèle son mystère et c’est ce mystère qui fonde et explique cette œuvre de salut.

Alors l’incompréhensible s’éclaire d’une autre lumière.

Dieu, Père qui engendre son Fils de toute éternité, prolonge comme créateur son œuvre de géniteur.

Dieu, Père qui aime son Fils de cet amour infini qu’on appelle l’Esprit, étend son amour à toute sa création, et d’abord à tous les hommes parce que, par son Incarnation, ce Fils s’est irrévocablement lié à toute notre humanité, à toute l’humanité.

Un texte de St Thomas d’Aquin le dit bien: Les processions éternelles des personnes sont la cause et la raison de toute la production des créatures. C’est ainsi que la génération du Fils est la raison de toutes les créatures selon que le Père est dit avoir tout fait dans son Fils. De la même façon, il faut que l’amour du Père tendant vers le Fils comme vers son objet, soit la raison selon laquelle Dieu accorde tout effet d’amour à sa créature. C’est pourquoi l’Esprit Saint, qui est l’Amour par lequel le Père aime le Fils, est aussi l’Amour par lequel il aime la créature et lui donne part à sa perfection.

«Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous établirons en lui notre demeure» (Jn 14,23).

Et S. Paul (Rm 5,5) : «L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.»

Dieu est communion d’amour, et il nous fait entrer dans cette communion. L’Esprit Saint est le lien, le nœud d’amour qui scelle l’unité de la Trinité; s’Il habite en moi et si j’habite en lui, je suis intimement lié non seulement avec Dieu, mais aussi avec tous ceux en qui Il habite et qui L’habitent. La communion en Dieu, la communion du Saint est la source de la communion des saints qui forment «un seul corps et un seul esprit dans le Christ».

«Ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi» disait Jésus à son Père et c’est cela même qu’il nous fait partager. C’est ainsi que nous sommes mystérieusement unis par le lien de la charité, non seulement avec Dieu, mais avec tous nos frères et sœurs: la richesse de sainteté de chacun est la richesse de tous. Quelle consolation pour nos pauvretés!