Homélie du 25 décembre 2009 - Jour de Noël

Et le Verbe s’est fait chair?

par

fr. Olivier de Saint Martin

Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. C’était avant même que le monde fut créé. Il y avait les ténèbres au dessus de l’abîme et Dieu dit? Que la lumière soit? et la lumière fut. Ce sont les premières paroles de Dieu. Le livre de la Genèse nous dit qu’elles séparèrent les ténèbres de la lumière. Le sixième jour, Dieu dit: Faisons l’homme à notre image. Et il vit tout ce qu’il avait fait et que cela était très bon. Au commencement donc était le Verbe, le Verbe de Dieu, une Parole Créatrice, une parole de Lumière, une Parole de Vie. L’homme était issu de cette parole. Il était fait pour vivre d’une telle Parole et elle devait le conduire au bonheur.

Mais un jour, l’homme a écouté une autre parole, celle du serpent, qui lui disait: vous serez comme des dieux, vous n’avez pas besoin de Dieu, de ce Dieu qui vous empêche de vivre. Et l’homme est tombé, il a manqué à sa parole qui était de tout faire pour demeurer dans l’Alliance avec Dieu, une Alliance d’amour. Dans le même temps, la parole de l’homme a changé: elle est devenue accusatrice, suspicieuse, mensongère, mondaine, oiseuse… que sais-je? La parole de l’homme, notre parole, est devenue parole en l’air, parole sur laquelle on ne peut compter. Et du coup, l’homme semblait perdu. Alors Dieu a continué, envers et contre tout, à essayer de parler au cœur de sa créature: il y a eu la loi, les prophètes? Mais l’homme était trop occupé à ses propres paroles pour vraiment écouter celle de Dieu. Il n’entendait même plus Dieu parler. Et du coup, la vie semblait sans but. L’homme marchait comme à tâtons cherchant le bonheur mais n’y parvenant jamais. Parce qu’il cherchait un bonheur sans Dieu. Voilà le drame du cœur de l’homme. Voilà bien souvent notre propre drame. Mais les ténèbres n’ont pas arrêté la lumière. En effet, il y a 2000 ans, il s’est trouvé un cœur humain, celui de la Vierge Marie pour dire au Seigneur: Qu’il me soit fait selon ta Parole.

C’est alors que le Verbe s’est fait chair. Qu’il a habité parmi nous. Mais là encore, en cette nuit de Noël, il y en avait trop qui n’écoutaient pas. Qui n’entendaient pas. Ils n’ont pas reconnu Dieu qui arrivait. Il y avait pourtant un précepte: accueillir le voyageur. Et l’on savait depuis Abraham qu’accueillir un voyageur c’était accueillir le Seigneur. Les habitants de Bethléem l’ont oublié. On parle beaucoup de l’aubergiste. Mais parmi tous les clients, il ne s’en est pas trouvé un seul qui ait proposé de céder sa place. C’étaient pourtant sans aucun doute de braves gens. Des descendants du roi David. Ils ne tuaient pas, ils ne volaient pas. Ils allaient sans doute à la synagogue.

Mais ils n’ont pas reconnu le Verbe de Dieu qui venait à eux. Dieu tenait sa promesse, celle qu’il avait faite de sauver son peuple. Il venait chez lui mais les siens ne l’ont pas accueilli. Et nous, oui nous qui sommes ici, l’avons-nous vraiment accueilli? Accueillir le Christ, cela signifie ne pas être seulement spectateurs. À biens des égards, ne sommes-nous pas comme les habitants de Bethléem? Nous devons pourtant prendre le Christ sans réserve chez nous. Le laisser entrer partout, en chaque parcelle de notre vie. Quand bien même celle-ci serait peu reluisante, empreinte de cet égoïsme qui bâtit des murailles entre les autres, les pauvres et nous. Mais en ce jour, une étoile s’est levée, une espérance nous est donnée!

Hier encore, nous allions, perdus, sans notre Dieu. Nous trébuchions dans une vie sans repère, comme si nous étions dans la nuit. Et voici que le Seigneur nous a retrouvé. Le Verbe de Dieu par qui tout a été fait s’est fait chair, Il est plein de grâce et de vérité. Il est riche en grâce, et il vient nous la donner: il vient nous pardonner, c’est-à-dire nous transformer jusque dans notre péché. Le Verbe de Dieu a pris une chair humaine pour nous dire cette Parole divine: Tu es mon enfant, aujourd’hui je t’ai engendré. Nous avions voulu devenir comme des dieux. La Parole que ce petit Enfant Dieu nous dit aujourd’hui c’est: Voici que je me tiens à ta porte et je frappe. Si tu ouvres, j’entrerai et je te donnerai de devenir enfant de Dieu.

Alors je comprends. C’est aussi ma propre naissance qui se célèbre aujourd’hui. Ma renaissance! Oui, de la plénitude du Verbe de Dieu qui a pris notre chair, nous avons chacun reçu grâce sur grâce. Il devient possible pour moi de vivre autrement. Aujourd’hui même, la réponse à toutes mes questions, mes doutes, mes chutes est là devant moi. C’est ce petit enfant qui me tend les bras. Il est mon Sauveur. Il est là. Il m’attend. Il vous attend. Il vient se donner dans l’eucharistie. Ouvrons toute grande la porte de notre cœur à Celui qui vient, le Verbe de Dieu. Venons l’adorer et lui offrir notre cœur à la crèche. Il faut que nous ressortions différents de cette eucharistie. Il faut que nous puissions dire: j’ai rencontré le Seigneur. Il était là, tout près de moi et je ne le savais pas. Il a changé ma vie.