Homélie du 18 janvier 2004 - 2e DO

L’unité dans l’amour

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Les noces de Cana. Qu’est ce que les noces si ce n’est la concrétisation, pour beaucoup encore, d’une histoire d’amour. Avec Marie, Jésus et ses disciples, nous sommes nous aussi invités à entrer dans le projet merveilleux de Dieu qui convie toute l’humanité, telle quelle est, avec ses grandeurs et ses misères, à oser vivre une histoire d’amour: l’alliance avec Dieu.

À travers les noces d’un village où Jésus et sa mère sont invités, saint Jean, à la suite de toute la Bible, entend nous révéler que Dieu nous aime non seulement comme un Père mais comme un Époux, plein de tendresse et de fidélité dont l’amour ne se lasse jamais de nous.

Quand on se croit parfois délaissés, abandonnés, au cœur de conflits où la haine trouve sa place, ne faut-il pas retrouver les paroles brûlantes d’amour du prophète Isaïe, souvenez-vous « On ne t’appellera plus: «La délaissée», mais on te nommera: « Ma préférée », on nommera ta contrée: «Mon épouse», car le Seigneur met en toi sa préférence. Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu» (Is 62, 4-5). Avec le Christ, le visage de Dieu est pleinement manifesté. À Cana, dit saint Jean, Jésus a manifesté sa gloire et ses disciples crurent en lui. La lumière qui éclaire nos vies c’est, qu’en dépit de tout, un amour nous conduit, mystérieux, parfois déroutant comme le vin des noces, lui aussi mystérieux, puisqu’on ne sait d’où il vient.

Mais comme le vin excellent, cet amour de Dieu est comblant, il est capable de combler nos cœurs d’hommes et de femmes. Le sang du Christ versé sur la croix, dont le vin de Cana est la figure, le sang offert dans nos eucharisties, est capable d’ôter le péché du monde et de réconcilier tous les hommes entre eux.

À Cana, comme sur la croix, l’amour de Dieu est offert, non à quelques-uns mais à la multitude.

Si Dieu veut entrer avec tous les hommes dans une histoire d’alliance, c’est donc qu’il est possible d’espérer, sans naïveté, surmonter toutes nos divisions pour réaliser une communion authentique dans le respect de nos différences.

C’est la grande intuition de saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens que nous venons d’entendre. «Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est partout le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous» (I Co 12, 4-7). Notre Église est un corps vivant, spirituel, animé par l’Esprit Saint.

Il n’y a pas de place, entre nous, à la concurrence, encore moins aux oppositions. Nous avons à apprendre à nous recevoir, dans nos diversités, comme des dons complémentaires et irremplaçables pour manifester l’insondable richesse du Christ.

Nous avons à nous enraciner dans l’Évangile du Christ, dans notre tradition religieuse, mais, en même temps, de passer de la peur des différences à l’émerveillement devant la riche diversité des dons de l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans le monde. Le secret de l’unité ne serait-il pas, en définitive, d’aller jusqu’au bout du meilleur de nous-mêmes et d’être attentifs aux murmures de l’Esprit en nous et chez les autres?

La présence de Marie à Cana nous met devant les yeux, le propos même de la semaine de prière de l’unité des chrétiens, la prière de Jésus le soir de la Cène: «Que tous soient un!»

À Cana, ce qui hâte l’heure de Jésus, l’inauguration des noces de l’humanité avec Dieu, c’est la prière de Marie. Prière discrète, certes, sans mainmise sur son Seigneur, mais prière instante d’intercession: «Ils n’ont plus de vin!» Finalement, sans tout comprendre, sans savoir, une prière totale d’abandon aux mains du Christ: «Faites tout ce qu’il vous dira!» Et le miracle inattendu se réalise. L’eau est changée en vin, la tristesse cède la place à la joie. Jésus inaugure le banquet de l’amour où prendront place, enfin, un jour, les hommes de toute race et de toute culture, une foule immense venant des quatre coins de l’horizon. C’est l’heure où tous entendront l’appel familier: «Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau!»

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