Homélie du 28 mars 1999 - Dimanche des Rameaux

« Suivre Jésus de l’intérieur »

par

fr. Henry Donneaud

      Il y avait grande foule dans les rues de Jérusalem, en ce dimanche, pour accueillir et acclamer le Fils de David.

Il y a grand concours de peuple dans notre église, aujourd’hui, pour célébrer l’entrée solennelle de Jésus dans la ville sainte.

Mais quelle différence, mes frères, entre ces deux événements!

Alors, un foule; maintenant, un peuple.

Alors une foule enthousiaste mais versatile; une foule aussi ardente à acclamer Jésus aujourd’hui qu’à le conspuer jeudi et vendredi.

Maintenant un peuple grave mais serein; un peuple blessé et repentant mais tout rempli de la joie du salut véritable qui vient à lui.

Serions-nous meilleurs que les enfants des Hébreux?

Serions-nous moins versatiles qu’eux, moins manipulés par l’opinion publique?

Serions-nous plus ardents et fidèles à prier aux côtés de Jésus que les disciples?

Serions-nous moins lâches que Pierre qui renie dès que la confession de foi devient source d’ennui?

Serions-nous moins indifférents que Ponce-Pilate qui se lave les mains pour ne pas avoir entrer dans le malheur d’autrui?

Serions-nous moins railleurs et persifleurs que les soldats qui outragent Jésus?

Que ceux d’entre nous qui se sentent meilleurs osent le dire.

Non, là n’est pas la force du Peuple que nous formons maintenant. Cette force ne vient pas de nous, de nos mérites. Cette force nous vient de Dieu. Cette force, c’est notre foi.

      Aujourd’hui, c’est la foi qui nous rassemble et nous constitue comme le véritable peuple de Dieu: non pas un enthousiasme naïf et fugace, non pas une ardeur revendicative ou défensive, non pas les manipulations de quelques grands prêtres médiatiques, mais la seule foi déposée en nous par l’Esprit-Saint.

Par la foi, nous savons en vérité qui est celui qui entre à Jérusalem.

Par la foi, nous savons ce qu’il vient y faire et quel amour pour nous le conduit dans ce piège.

Par la foi, nous savons que, au delà, de sa mort, c’est la victoire, notre victoire qu’il vient remporter, celle de toute l’humanité unie à lui.

        Alors, en cette Sainte Semaine qui débute, il ne s’agit pas de nous agiter; il ne s’agit ni de crier, ni de réclamer, ni de manigancer, ni de conspirer, ni de conquérir quoi que ce soit. Il s’agit tout simplement de suivre Jésus.

Suivre Jésus non pas de l’extérieur, selon nos vociférations ou projets personnels, selon les passions et pulsions que les manipulateurs d’opinion déposent en nous.

Mais suivre Jésus de l’intérieur, du fond de notre foi. Selon l’appel de l’Esprit-Saint qui, du plus intime de nous-mêmes, nous convoque à ses côtés.

Nous ne sommes plus la foule qui approuve ou juge Jésus, mais le peuple de tous ceux qui appartienœnt déjà au Christ, qui ont déjà été incorporés à son amour total et victorieux et qui viennent raviver à ses côtés le don de la vie nouvelle.

        En cette Sainte Semaine, nous sommes convoqués, du plus profond de la liberté et de l’amour que l’Esprit-Saint déposé en nos cœurs; nous sommes appelés à rejoindre le Christ; à le laisser agir, à le laisser s’offrir pour nous. Non pas à le regarder de l’extérieur, comme la foule. Mais à le contempler, à nous unir à lui, à être à ses côtés.

        En faisant mémoire de la Passion victorieuse du Christ, nous allons effectivement et concrètement marcher à ses côtés, être incorporés à son combat, en signe de la pleine victoire que nous remporterons un jour, lorsque nous serons admis à notre tour à entrer, royalement, dans la Jérusalem d’en-haut, la véritable et définitive cité de Dieu, celle qui ne mettra plus à mort l’Innocent, mais accueillera tous les pécheurs que nous sommes, derrière le bon larron.

 

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