Homélie du 27 janvier 2013 - 3e DO

Vous êtes le Corps du Christ.

par

fr. Alain Quilici

Tous les textes que nous venons d’entendre sont d’une telle richesse qu’ils mériteraient chacun un long développement. Mais on ne peut parler de tout. Il faut choisir.

Je vous propose donc pour aujourd’hui, de focaliser notre attention sur la méditation de saint Paul sur le corps. Saint Paul est plein d’admiration pour le corps humain. Il exhorte la communauté des baptisés à se considérer comme un corps, un tout composé d’une multitude d’éléments merveilleusement agencés entre eux.

Ainsi celui qui reçoit le baptême est agrégé au corps du Christ, ce corps mystique dont Jésus est la tête et dont nous sommes les membres. Ce corps est vivant d’une vie qui sans cesse se renouvelle. En lui, coule le sang vivifiant de la grâce de Dieu. Ce corps a une âme que lui donne l’Esprit-Saint. Et comme il est dit de l’Église primitive et donc de notre Église: La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme Et saint Paul précise: Vous êtes le Corps du Christ et chacun pour votre part vous êtes les membres de ce corps.

Quelles conséquences utiles pour la vie spirituelle et donc pour la vie ordinaire pouvons-nous puiser dans cette comparaison?

Parmi bien d’autres possibles, voici deux enseignements que je livre à votre charité pour la conforter et pour la stimuler.

Ce qui nous conforte, c’est de prendre conscience que nous ne sommes pas seuls, ce qui n’est pas rien dans le monde tel qu’il est. Nous sommes chacun les enfants d’un même Père, les membres d’une même famille, chacun ayant sa place à la table commune. Personne n’est inutile, personne n’est en trop, chacun est connu et aimé; tout le monde a son rôle à jouer, un rôle qui n’est jamais mineur mais toujours essentiel aux autres.

Le Monde mondain et son maître le Satan voudrait nous isoler, nous diviser et séparer ce que Dieu a uni. Ils sèment en nous la mauvaise herbe de la comparaison des uns avec les autres, et cette comparaison engendre la jalousie qui est la mère de la haine et de la guerre. Ils prônent l’individualisme du chacun pour soi qui conduit au désespoir et à la mort.

Mais l’Esprit de Dieu nous garde de succomber à cette tentation. Il murmure à notre cœur: Réjouissez-vous, vous n’êtes pas seuls, ni abandonnés. Vous êtes unis les uns aux autres et indispensables les uns aux autres comme les organes, les membres, les cellules d’un corps unique.

Nous puisons une grande force dans cette communion, qui est la communion des saints. Il faut se le rappeler souvent. Je pense tout particulièrement à ceux d’entre vous qui êtes seul Chrétien dans un milieu indifférent, voire hostile. Que chacun se rappelle intérieurement: je ne suis pas seul, ni le Christ, ni l’Église, ni la communauté ne me quittent jamais.

Nous prions les uns pour les autres. Nous nous portons les uns les autres. Celui qui va bien porte celui qui va mal. Et celui qui va mal s’appuie sur ceux qui vont bien. Pensez à nos nombreux frères persécutés. Nous les portons dans notre prière. Ils nous portent dans leur sacrifice. Que serions-nous sans ces martyrs qui sanctifient toute la communauté des croyants? Nous avons autant besoin d’eux qu’ils ont besoin de nous.

A cette force incomparable de la communion des saints est assortie une responsabilité qui n’est pas mince. Nous nous entraînons les uns les autres, tant vers le haut que vers le bas. Notre communion nous fait un devoir de nous rappeler que chacun de nos actes concerne le corps entier.

Celui qui se sanctifie, sanctifie tout le corps. Celui qui se compromet, compromet tout le corps. Celui qui prie ou qui donne de son temps, même dans le secret, sans que nul ne le sache, celui-là conforte le corps. Il le porte. Il l’élève.

Celui qui est tenté de commettre une mauvaise action doit se rappeler qu’il entraînera avec lui le corps entier s’il se laisse aller à faire le mal. Mon péché, surtout s’il est grave, s’il est mortel, blesse la communion des fidèles. Elle m’abîme, mais aussi il l’abîme.

Cette pensée nous stimule et nous tient en éveil. Si un membre souffre, tous les membres souffrent; si un membre se sanctifie, il illumine tout le corps par sa sainteté.

Avoir cela présent au cœur et à l’esprit, nous préservera de bien des malheurs, pour soi d’abord, mais aussi pour toute la communauté. Telle est la grâce et la responsabilité de ne faire qu’un seul corps.

Et comme Jésus le dit dans l’Évangile, cette parole c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit, ce qui veut dire c’est pour vous qui l’entendez maintenant qu’elle se réalise. Béni soit le Seigneur qui fait de nous le Corps du Christ!