Le diaire des Jacobins du 6 avril 2020
Le fortifiant spirituel pour temps d’épidémie
Dosage quotidien
L’expiation rouvre à l’espérance
Adiutorium nostrum in nomine Domini, qui fecit caelum et terram
Le virus peut avoir un effet direct : la maladie. Son effet indirect est en revanche certain, la mise à l’arrêt de sociétés pour cause soit de maladie, soit de lutte contre la maladie. Ce virus en forme de couronne est le petit grain de sable qui se colle dans des rouages tournant à plein régime. Et des rouages, nous n’en manquions pas. À la vérité, nos sociétés se sont transformées depuis un demi-siècle en une infinité de rouages ajoutés les uns sur les autres, des petits et des gros, des jetables et des irréformables, des rouages de niche et des super-rouages.
Textes commentés
Écriture sainte
Lv 16, 29-34
Ce sera pour vous un décret à perpétuité :
Le septième mois, le dixième jour du mois,
vous vous humilierez, vous ne ferez aucun ouvrage,
tant le natif que l’hôte en résidence au milieu de vous.
Car c’est ce jour où on fera sur vous le rite d’expiation pour vous purifier,
de tous vos péchés vous serez purifiés devant le Seigneur.
C’est pour vous un sabbat, un jour de repos, vous vous humilierez, décret à perpétuité !
Celui qui expiera, c’est le prêtre-messie, lui qui a reçu l’investiture de prêtre (litt. : dont la main est remplie pour être prêtre) à la place de son père.
Il se revêt de vêtements de lin, ornements sacrés.
Il fera le rite d’expiation pour le sanctuaire sacré, pour la tente de la rencontre, pour l’autel il fera le rite d’expiation.
Sur les prêtres, et sur toute l’assemblée du peuple, il fera le rite d’expiation.
Ce sera pour vous un décret à perpétuité d’expier pour tous les péchés des fils d’Israël, une fois par an, comme YHWH l’a ordonné à Moïse.
(⟶ He 9, 11-14 ; 10, 19-25)
Origène
Homélies sur le Lévitique, Homélie IX (trad. M. Borret), SC 287, p. 70-127 (extraits)
Lévitique 16, 11 : Après cela, Aaron fera approcher le veau offert pour son propre péché, il priera pour lui-même et pour sa maison, et il égorgera le veau pour son péché.
v. 12 : Il prendra aussi l’encensoir, garni de charbons du feu de l’autel placé devant le Seigneur, il remplira ses mains de l’encens habilement composé, et il le portera au-delà du voile intérieur.
v. 13 : Et il mettra l’encens sur le feu devant le Seigneur…
1. Un jour de propitiation est nécessaire à tous ceux qui ont péché ; c’est pourquoi il existe, parmi les solennités de la Loi qui contiennent les figures des mystères célestes, une solennité qu’on appelle le jour de propitiation. […]
8. […] Qui d’entre nous est-il assez disponible et « prêt » pour offrir, au Pontife sur le point d’entrer dans le Saint des saints, « une composition d’encens fin » ? Car il est nécessaire que chacun de nous fasse une offrande au tabernacle de Dieu, une offrande faite en habits pontificaux, mais une offrande qui monte par les mains du Pontife vers Dieu même, « en suave odeur » (cf. Lv 2, 9). Donc le Pontife, notre Seigneur et Sauveur, ouvre ses mains et veut recevoir de chacun de nous « une composition d’encens fin » ; nous sommes dans l’obligation de chercher des variétés d’encens. […] Debout aujourd’hui encore se tient notre Pontife véritable, le Christ. Il veut qu’on remplisse « ses mains d’une composition d’encens fin ». Il examine ce qu’offre chaque Église qui est sous le ciel, avec quelle intégrité et quelle conscience elle compose son encens, à quel point elle le rend fin : c’est-à-dire la manière dont chacun de nous met en ordre ses œuvres et dont il explique le sens et les paroles des Écritures par une interprétation spirituelle. Et le ministère des anges ne fait pas défaut aux fonctions de ce genre : « Car les anges de Dieu montent et descendent sur le Fils de l’homme » (Jn 1, 51). Ils mettent leurs soins et leur attention à découvrir (cf. Mt 13, 41) en chacun de nous ce qu’ils peuvent offrir à Dieu. Ils regardent et scrutent attentivement l’âme de chacun de nous pour voir si elle a une disposition telle, une pensée si sainte qu’elles méritent d’être offertes à Dieu. […] « Ceux qui ont des oreilles pour entendre, qu’ils entendent » (cf. Mt 11, 15), et ceux qui entendent, qu’ils sachent qu’il est écrit : « Quand tu te convertiras en gémissant, alors tu seras sauvé, et tu sauras où tu te trouves » (cf. Is 30, 15). Et si « tu dis toi-même tes péchés le premier » (cf. Is 43, 26), je t’exaucerai comme un peuple saint. Tu as entendu : même si tu as été pécheur, tu es désormais appelé saint. Donc, nul désespoir pour ceux qui sont touchés de repentir et se convertissent au Seigneur : la malice de leurs fautes ne l’emporte pas sur la bonté de Dieu.
9. Le pontife « prend un plein encensoir de charbons du feu de l’autel qui est devant le Seigneur, il remplit sa main d’une composition d’encens fin et la porte à l’intérieur du voile » (Lv 16, 12) […] Si tu as devant les yeux l’ancien usage des sacrifices, voyons ce qu’ils contiennent encore, selon l’interprétation mystique. Tu as entendu qu’il y a deux sanctuaires, l’un comme visible et ouvert aux prêtres, l’autre comme invisible et inaccessible : à l’exception du seul pontife, tous les autres sont au dehors. Ce premier sanctuaire, je pense, peut être compris comme cette Église où maintenant nous sommes établis dans la chair ; les prêtres y servent « à l’autel des holocaustes » (cf. Ex 29, 25), où est allumé ce feu dont Jésus a dit : « C’est un feu que je suis venu jeter sur la terre, et comme je voudrais qu’elle soit embrasée ! » (Lc 12, 49). Et je ne veux pas que tu t’étonnes que ce sanctuaire soit ouvert aux seuls prêtres. Car tous ceux qui ont été oints de l’onguent du saint chrême sont devenus prêtres, comme Pierre le dit à toute l’Église : « Mais vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte » (1 P 2, 9). Vous êtes donc une « race sacerdotale », et c’est pourquoi vous avez accès au sanctuaire. De plus, chacun de nous a en lui son holocauste, et il embrase l’autel de son holocauste pour qu’il brûle toujours. Pour moi, si je renonce à tout ce que je possède (cf. Lc 14, 33), si je prends ma croix pour suivre le Christ (cf. Mc 8, 34), j’offre un holocauste à l’autel de Dieu. […] Considère l’ordre admirable des rites. Le pontife, à son entrée dans le Saint des saints, porte avec lui le feu de cet autel et prend l’encens de ce sanctuaire. […] Penses-tu que mon Seigneur, le véritable Pontife, daignera recevoir de moi aussi une part de la « composition d’encens fin », pour le porter avec lui au Père ? Penses-tu qu’il trouve en moi un peu de petite flamme et mon holocauste allumé, pour qu’il daigne de ses « charbons remplir son encensoir » et par eux offrir à Dieu le Père « une suave odeur » ? Heureux celui dont il trouvera les charbons de l’holocauste brûlant d’un feu si vif qu’il les juge dignes d’être placés sur « l’autel de l’encens » !
Saint Thomas d’Aquin
Sum. theol., IIa-IIae, q. 18, a. 4, ad 3
Sum. theol., IIa-IIae, q. 20, a. 1, resp.
Sum. theol., Ia-IIae, q. 103, a. 2, resp.
Sum. theol., Ia-IIae, q. 102, a. 5, ad 6
Sum. theol., IIIa, q. 46, a. 10, ad 2