Homélie du 21 octobre 2001 - 29e DO

«La foi grandit quand on la donne»

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«Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre» (Lc. 18,8). La réponse à cette question de Jésus dépend aussi de nous. En cette Semaine mondiale des missions nous avons à faire le point sur la mission apostolique que nous avons reçue au jour de notre baptême. Chacun d’entre nous est envoyé pour rendre témoignage de sa foi en Jésus ressuscité là où il habite. Avons-nous connu l’échec dans notre effort pour communiquer notre expérience de Dieu? Si cela est le cas: «félicitations!». Ce qui est grave c’est de rien essayer et de rester dans la tiédeur. Il y a une quinzaine d’années, à Marseille, deux religieuses «Filles de la charité», infirmières de leur métier, avaient pris la décision de s’installer dans un quartier Nord de la cité phocéenne. La police n’osait pas trop s’aventurer dans ses bidonvilles où gisaient les carcasses des voitures volées. Un groupe de jeunes oisifs surveillait l’entrée de la cité. À l’image de l’animal qui refoule ceux qui osent entrer sur son territoire, ces jeunes jetaient un regard mauvais sur tous ceux empruntaient le chemin de La Renaude.

Comme les gens avaient appris rapidement leur présence dans le quartier, ils sont allés nombreux leur demander de l’argent et des vêtements. Quelle ne fut leur surprise devant le refus des sœurs! Elles étaient contre l’assistanat qui rend passif et dépendant. Leur but était de partager la vie des gitans et de les aider par la formation. Peu de temps après leur installation, les sœurs m’ont invité à déjeuner. En tant comme aumônier à l’université, elles me demandaient d’envoyer des étudiants pour lancer l’aide scolaire auprès des adolescents du quartier. Je ne soupçonnais pas que cette démarche allait transformer cette zone de Marseille.

Pour les étudiants de l’aumônerie et les lycéens de l’École Lacordaire ce fut une mission épanouissante. D’habitude, les étudiants rêvent beaucoup. Je constatais que ceux qui allaient à La Renaude devenaient plus mûrs, courageux et enthousiastes. «La foi grandit quand on la donne», dit le pape Jean Paul II. Ces jeunes rendaient service, portés par le souffle de leur foi.

Longtemps après, une sœur fut saisie de peur devant un adolescent qui lui sortit son couteau en lui demandant: «Donne-moi la Parole». Il voulait recevoir la Parole de Dieu. Habitué à voler et à tuer les chiens gardiens des villas, il demandait la catéchèse d’une manière vraiment étonnante! À partir de ce moment-là l’Évangélisation devint explicite et féconde dans ce quartier où les sectes déployaient leurs doctrines et leurs chants.

Il me semble qu’à la lumière de cette expérience, nous pouvons mettre en valeur quelques dimensions de la mission. Les sœurs sont allées vers ceux qui étaient loin. Elles ont fait le premier pas. L’enracinement lent et l’apprivoisement mutuel se sont avérés indispensables. Les sœurs ont dû dépasser les a priori et les peurs. Elles exerçaient leur métier d’infirmière avec compétence et les étudiants figuraient parmi les élèves les plus sérieux et brillants de leur promotion. Tout le monde connaissait la vie de prière des sœurs. Leur prière exprimait leur foi dans l’action de l’Esprit Saint, le grand protagoniste de l’apostolat. Le livre de l’Exode montre la force de la prière de Moïse. Quand il priait les bras levés, Josué l’emportait dans le combat. Quand il baissait les bras, Amaleq était le plus fort. Soutenu par Aaron et Hour, Moïse priait sans se lasser, obstinément comme la veuve de l’Évangile qui demandait justice au juge inique. «Le Seigneur d’Israël ne s’est pas endormi dans la nuit du tombeau», avons-nous chanté comme refrain pour le psaume. L’annonce de la Parole de Dieu porte du fruit parce que le Seigneur agit par son Esprit Saint. La mission n’est pas une affaire de marketing ni de quantité. Elle dépend de la grâce accordée à ceux qui prient.

Avant de proclamer leur foi en public, les sœurs ont veillé à être chrétiennes, à faire la volonté de Dieu dans le vie professionnelle et ensuite elles ont fait connaître la Parole de Vérité qui les animait au cœur d’elles-mêmes. Voilà une belle devise: «être, faire, faire connaître». Alors n’ayons pas peur de témoigner de notre foi à ceux qui sont loin de l’Église. Ce sont eux qui recevront le plus de notre témoignage et ils nous en seront reconnaissants. Notre foi peut sembler faible, fragile et instable à cause de notre péché. Mais «la foi grandit quand on la donne».

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