Le diaire des Jacobins du 14 avril 2020
Le fortifiant spirituel pour temps d’épidémie
Dosage quotidien
Espérer dans le Christ
Adiutorium nostrum in nomine Domini, qui fecit caelum et terram
Le Christ n’eut pas à espérer selon la vertu théologale d’espérance, car il fut bienheureux dans son âme depuis sa conception.
Textes commentés
Écriture sainte
Ac 2, 22-28
Hommes Israélites, écoutez ces paroles :
Jésus le Nazôréen, homme accrédité par Dieu auprès de vous
Par des actes de puissance, des prodiges et des signes
Que Dieu a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez,
Lui que, par une délibération déterminée et la prescience de Dieu,
Vous avez fait mourir en le livrant aux mains des sans-lois,
C’est lui que Dieu a ressuscité en le délivrant des tourments de la mort
Puisqu’elle n’était pas capable de se rendre maîtresse de lui.
David dit en effet :
« Je voyais le Seigneur constamment devant moi
Puisqu’il est à ma droite, afin que je ne chancelle pas.
C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui, ma langue a exulté.
Ma chair demeurera dans l’espérance
Puisque tu n’abandonneras pas mon âme à l’Hadès,
Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption.
Tu m’as montré le chemin de vie,
Tu me rempliras d’allégresse devant ta face » (Ps 15/16, 8-11 – LXX).
Saint Augustin
La Cité de Dieu, 13, 20 (trad. éd. Raulx)
Ainsi la mort paraît légère aux âmes des fidèles trépassés, parce que leur chair repose en espérance |…]. Car n’en déplaise à Platon, si les âmes soupirent après un corps, ce n’est pas parce qu’elles ont perdu la mémoire, mais plutôt parce qu’elles se souviennent de ce que leur a promis celui qui ne trompe personne et qui nous a garanti jusqu’au moindre de nos cheveux (Lc 21, 18). Elles souhaitent donc avec ardeur et attendent avec patience la résurrection de leurs corps, où elles ont beaucoup souffert, mais où elles ne doivent plus souffrir.
Sur le Psaume 15 (trad. éd. Raulx)
1. Ce Psaume est le chant de notre roi, dans son humanité, lui qui dans sa passion obtint sur l’inscription le titre de roi. […]
8. « Je plaçais toujours le Seigneur en ma présence » (Ps 15, 8a). En venant dans ce monde qui passe, je n’ai point perdu de vue celui qui demeure éternellement, avec le dessein de rentrer en lui, après cette vie des temps. « Car il est à ma droite, afin que je ne sois point bouleversé » (Ps 15, 8b). Il m’assiste, afin que je demeure ferme en lui-même.
9. « C’est pour cela que mon cœur a tressailli, que ma langue a chanté sa joie » (Ps 15, 9). La joie donc a rempli mes pensées, et l’allégresse a éclaté dans mes paroles. « En outre, ma chair reposera dans l’espérance. » Ma chair ne sera point absorbée par la mort, mais elle s’endormira dans l’espérance de la résurrection.
10. « Parce que vous ne laisserez point mon âme dans les enfers » (Ps 15, 10). Vous ne donnerez pas mon âme comme une proie aux enfers, « et vous ne permettrez pas que votre saint éprouve la corruption ». Vous n’abandonnerez pas à la pourriture un corps sanctifié, qui doit sanctifier les autres. « Vous m’avez fait connaître les voies de la vie. » C’est par moi que vous avez enseigné la voie de l’humilité, afin que les hommes revinssent à la vie, qu’ils avaient perdue par l’orgueil : et comme je suis en eux, c’est à moi que vous l’avez fait connaître. « Vous me remplirez de joie en me faisant voir votre face. » Quand ils vous verront face à face, leur joie sera telle qu’ils n’auront plus aucun désir ; et comme je suis en eux, c’est moi que vous remplirez de joie. « À votre droite sont d’éternelles délices » (Ps 15, 11). Vos faveurs et vos bontés nous sont délicieuses dans le chemin de cette vie, et nous font arriver au comble de la gloire en votre présence.
Saint Thomas d’Aquin
Sum. theol., IIIa, q. 7, a. 4
L’espérance, selon qu’elle est une vertu théologale, a pour objet Dieu lui-même, dont l’homme attend avant tout la fruition par la vertu d’espérance. Le Christ n’a pas espéré « selon que l’espérance est une vertu théologale […] mais selon qu’il a espéré certaines autres réalités qu’il ne possédait pas encore » (ad 1).
À savoir. — La gloire du corps n’appartient pas à la béatitude comme si elle en était l’objet principal, mais plutôt comme par un certain rejaillissement de la gloire de l’âme (ad 2).
— L’édification de l’Église par la conversion des fidèles n’appartient pas à la perfection personnelle du Christ, mais elle s’y rattache selon qu’il fait participer les autres à cette perfection (ad 3).
Sur le Psaume 15
Ce psaume s’intitule : Miktam. De David, c’est-à-dire Inscription du titre de David. Au sens littéral, cet intitulé annonce que le psaume porte spécialement sur ce qui touche à la personne de David. Or parce que David tient lieu aussi pour la personne du Christ, puisque le Christ devait naître de la descendance de David, ce psaume parle en partie de David et en partie du Christ. C’est la raison pour laquelle Pierre a cité (cf. Ac 2, 22s.) des paroles de ce psaume […] en affirmant qu’elles parlaient de la résurrection du Christ, et non de David. Par conséquent, [en s’intitulant Inscription du titre de David], ce psaume renvoie à l’épisode rapporté par le Nouveau Testament où, selon Jn 19, 19, lorsque le Christ fut crucifié, Pilate avait fait placer le panneau suivant au-dessus de sa tête : Celui-ci est Jésus de Nazareth, roi des Juifs. Ce panneau était comme son titre royal. De manière générale, on inscrit des titres à trois occasions. Tantôt sur la tombe de quelqu’un : ci-gît untel. Tantôt sur la maison : ici habite untel. Tantôt sur un monument triomphal, à la manière des Romains. Tel est le cas pour le Christ, dont le titre est d’avoir triomphé par la croix (cf. Col 2, 15). […] Avec un tel intitulé, ce psaume entend donc parler spécialement du règne du Christ.
Le Christ a-t-il espéré ? On doit répondre affirmativement. Car il a vraiment espéré la vie éternelle pour d’autres que lui, et espéré pour lui-même la glorification de son corps. Car la glorification de son âme il la possédait depuis l’instant de sa conception.
Le psalmiste énumère les bienfaits à espérer. D’abord quant à la résurrection de la chair : Ma chair reposera aussi dans l’espérance. Parce que tu ne délaisseras pas mon âme aux enfers, tu ne permettras pas que ton saint connaisse la corruption. Ensuite, viennent les bienfaits à espérer pour l’âme : Tu m’as fait connaître les voies de la vie, tu me combleras de joie par ta face, à ta droite, délices éternels. La chair repose dans l’espérance de la résurrection […]. Pour qu’il y ait résurrection il faut retrouver l’union du corps et de l’âme. C’est pourquoi l’âme du Christ, qui demeurait jointe à la divinité, ne devait pas rester aux enfers. Elle devait y rester durant le temps nécessaire à prouver la vérité de son humanité [en étant comptée parmi les morts] et que le Christ avait une vraie chair [dans le tombeau]. Mais elle n’avait pas à rester aux enfers, où elle était descendue pour libérer les saints (cf. Si 24, 45, en les illuminant de la sagesse divine). De même, du côté de son corps, [le Christ dit :] Tu ne laisseras pas ton saint, c’est-à-dire mon corps sanctifié par toi, voir la corruption, c’est-à-dire la putréfaction et la décomposition, que le corps du Christ n’a pas subies. Car ce qu’il a subi est la corruption de la mort. Le psalmiste rappelle ensuite les bienfaits espérés pour l’âme. Ceci renvoie à ce que le Christ a espéré pour ses membres, à savoir : 1. Ses enseignements et ses préceptes, qui sont un chemin vers la béatitude […] ; 2. le bienfait qui est au terme du chemin, et qui comporte la vision plénière de Dieu (tu me combleras par ta face) […], la joie plénière (les délices) […], et l’éternité de cette jouissance à la droite de Dieu.