Le diaire des Jacobins du 26 avril 2020
Le fortifiant spirituel pour temps d’épidémie
Dosage quotidien
Épilogue
L’ancre qui nous tend au ciel
Adiutorium nostrum in nomine Domini, qui fecit caelum et terram
Le moment de l’épilogue est venu. Avant de refermer notre carnet de sonneries, je voudrais évoquer les raisons théologiques qui nous ont conduit à commencer d’y écrire, c’est-à-dire les raisons vues du côté de Dieu.
Pour vous tous qui nous avez suivi, que Dieu vous garde fermement attachés à l’ancre du ciel, spécialement dans les temps qui viennent. Et qu’il vous bénisse au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.
Remerciements
Durant tous ces épisodes, nous avons pu compter sur l’aide indéfectible de Bernard Morin pour le montage du son. Isabelle Faye a accepté de s’occuper de la mise en ligne des épisodes et des textes sur le site https://toulouse.dominicains.com. Marie Legland, Camille Coupey et Marie Frécon se sont chargées de réaliser une bonne part des vidéos sur YouTube. Le fr. Pavel Syssoev s’est chargé de la diffusion sur SoundCloud. Qu’ils soient tous remerciés.
Textes commentés
Écriture sainte
Épître aux Hébreux
He 3, 6 : Le Christ [est établi] comme fils sur la maison de Dieu. C’est nous qui sommes sa maison si nous conservons la pleine liberté (parrhèsia) et l’orgueil de l’espérance.
He 6, 11.17-18 : Nous désirons que chacun d’entre vous montre le même empressement en vue de l’épanouissement de l’espérance, jusqu’à son terme, sans cavillations, imitateurs de ceux qui doivent hériter des promesses par la foi et par la magnanimité […], Dieu voulant prouver aux héritiers de la promesse le caractère irrévocable de son conseil, il le médiatisa par un serment, afin qu’à travers deux actes irrévocables, dans lesquels il est impossible que Dieu mente, nous possédions la consolation, nous qui avons tout abandonné pour nous emparer de l’espérance proposée. Nous l’avons comme une ancre de l’âme, sûre et solide, qui entre au-delà du voile, là où est entré Jésus pour nous en précurseur, devenu grand-prêtre selon l’ordre de Melchisédeq.
He 7, 19 : Nous sommes introduits dans une espérance meilleure, par laquelle nous nous approchons de Dieu
He 11, 1 : La foi est la substance de ce que l’on espère, la preuve de ce que l’on ne voit pas.
Saint Grégoire de Nysse
De la virginité, XXIII, 6
Il s’en trouve qui, malgré leur jeunesse, sont devenus chenus par la pureté de leur chasteté […], ils ont fait preuve d’un amour plus violent pour la sagesse que pour les plaisirs corporels […] parce qu’ils ont parfaitement écouté celui qui a dit « elle est une arme de vie pour ceux qui s’y attachent ». Sur cet arbre, traversant comme sur un radeau la houle de la jeunesse, ils ont abordé au port de la volonté divine et ils tiennent maintenant leur âme tranquille dans le calme et la sérénité, bienheureux de leur excellente navigation. Eux qui ont affermi leurs intérêts sur la bonne espérance comme sur une ancre solide et qui se tiennent impavides, loin du trouble des flots, ils ont proposé à ceux qui les suivent l’éclat de leur propre vie comme des signaux de feu lancés par un fanal situé sur une hauteur. Ainsi donc nous avons un point de mire sur lequel fixer nos yeux pour traverser avec sécurité la houle des épreuves.
Saint Augustin
Commentaire sur le Psaume 118, 20, 1
Depuis l’origine du monde jusqu’à la fin, ce désir n’a pas été interrompu un instant, sinon pendant le temps si court que le Christ a vécu avec ses disciples ; en sorte que c’est à tout le corps du Christ qui gémit ici-bas que l’on peut attribuer ces paroles : Mon âme languit après votre salut, et j’ai mis mon espoir dans votre parole (Ps 118, 81), c’est-à-dire dans votre promesse ; et cette espérance nous fait attendre avec patience ce que nous croyons sans le voir (Rm 8, 25). Encore ici nous lisons dans le grec (ep-elpisa) le verbe que nos traducteurs ont rendu par « sur-espéré », sans doute parce que cette espérance est au-dessus de toute expression.
Sermon 158, 8
Saint Thomas d’Aquin
Sum. theol., IIa-IIae, q. 17, a. 2, ad 1 et 2
Sum. theol., IIa-IIae, q. 17, a. 7, resp.
La foi précède en tout l’espérance. En effet, l’objet de l’espérance est de posséder un bien futur à la fois difficile à atteindre et possible à atteindre. Par conséquent, pour qu’on espère, il est requis que l’objet de l’espérance lui soit proposé comme possible. Or l’objet de l’espérance [s’entend de deux manières], selon la première on espère la béatitude éternelle, tandis que selon la seconde, on espère le secours divin. Et, que ce soit de l’une ou l’autre manière, cet objet nous est présenté par la foi, puisque par la foi nous apprenons que nous pouvons parvenir à la vie éternelle et qu’un secours divin est préparé pour nous. C’est ce que dit He 11, 6 : À celui qui s’approche de Dieu, il faut croire qu’il existe et qu’il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
Sum. theol., IIa-IIae, q. 18, a. 1, resp.
L’acte de l’espérance est un certain mouvement de la part [de nous-même] dédiée à l’appétit, dans la mesure où l’objet de l’espérance est le bien. Or il y a dans l’homme un double appétit, l’un qui est lié aux sens — et qui se divise en irascible et en concupiscible —, l’autre qui est lié à l’intellect — on l’appelle la volonté. Par conséquent, des mouvements similaires à ceux que l’on trouve mêlés de passion dans l’appétit inférieur [= l’appétit lié aux sens], se rencontrent dans l’appétit supérieur, mais ils existent alors sans passion. Or l’acte de la vertu d’espérance ne peut concerner l’appétit lié aux sens. En effet, le bien qui est l’objet principal de la vertu d’espérance n’est pas quelque bien sensible, mais est le bien divin [qui échappe aux sens]. C’est pourquoi l’espérance est dans l’appétit supérieur, celui qu’on appelle la volonté, comme en son sujet [= c’est la volonté qui est sujette à la vertu d’espérance].