Homélie du 11 novembre 2001 - 32e DO
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Frères et sœurs, quelles idée vous faites-vous du ciel? La question vous surprend peut-être, mais c’est pourtant la question du jour: c’est parce qu’ils croient à une autre vie au ciel, infiniment plus belle que celle de la terre, que les sept frères acceptent de subir le martyre; et c’est au contraire parce qu’ils ne croient pas à cette autre vie, qu’ils n’arrivent pas à s’en faire une idée, et qu’ils pensent que l’idée qu’en a Jésus est certainement fausse, que les Sadducéens imaginent une histoire très alambiquée qui pose la question du ciel. J’ai presque envie de vous dire: «dis-moi quel est ton ciel et je te dirai qui tu es».

Mais si vous êtes ici aujourd’hui, c’est moins pour me décrire votre ciel, encore que cela pourrait être intéressant, que pour mieux connaître celui que nous promet Jésus. Et il nous dit: «Les enfants qui ont part au monde à venir ne peuvent plus mourir: ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu». Je voudrais insister sur ces trois points: l’affirmation d’un statut d’immortalité, celle d’une similitude aux anges, et celle enfin d’une filiation divine accomplie.

L’homme est fait pour la vie éternelle auprès de Dieu. Et ce que nous dit le livre de la Genèse, c’est qu’il a été créé pour cela, et qu’il aura toujours la nostalgie de ce paradis perdu. Très franchement, il est bien possible que l’espèce d’ironie narquoise manifestée à l’époque de Jésus par les Sadducéens soit le fruit de cette nostalgie; tout comme aujourd’hui bien des formes de violence ou cette recherche de paradis artificiels. Tous les hommes veulent dépasser l’éphémère, tous sont en quête de vie éternelle. Si, à la suite du péché, cette immortalité n’est plus le préalable de la vie humaine, mais son aboutissement, elle lui reste pourtant intimement liée comme une de ses exigences les plus profondes.

Le récit de la création dans la Genèse nous dit aussi que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. En rappelant que dans le monde à venir, l’homme sera fils de Dieu, Jésus nous indique en fait qu’il sera reconduit à sa condition première. Et qu’il ira même au-delà: il sera transformé, il deviendra semblable aux anges, près de Dieu et en parfaite communion avec lui. Cette perspective ne fait pas la joie de nos contemporains, qui rêvent d’une pseudo-liberté mortifère. Pour eux, pouvoir dire tous ensemble, comme nous le ferons tout à l’heure, «notre Père» en s’adressant à Dieu tient plutôt de l’aliénation. Mais si l’autorité paternelle en prend un coup par les temps qui courent, et si, lorsqu’elle est exercée, elle ne l’est pas toujours de manière exemplaire, il reste que, au-delà des paroles et des actes, cette exigence de filiation subsiste au cœur de l’homme, comme le rappelle si bien la parabole du fils prodigue.

«Nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment». Ces paroles du prophète Isaïe, Paul les reprend dans la première lettre aux Corinthiens pour souligner, comme Jésus devant les Sadducéens, toute la nouveauté de la résurrection; mais cette nouveauté n’est pas absolue: aux tout débuts de la création, Dieu manifeste que son projet sur l’homme est d’en faire un éternel vivant auprès de lui, et cet appel reste mystérieusement présent au cœur de l’homme, même s’il y reste enfoui, même s’il n’en remonte pas. Ce qui est absolument nouveau, c’est la manière dont la vie éternelle nous est maintenant donnée, ou plutôt redonnée: en Christ. C’est lui, le Christ, qui est immortel, c’est lui qui nous a rouvert les portes du ciel, c’est lui qui a pleinement accompli sa vocation de Fils. Laissons-nous donc pleinement configurer au Christ par l’Esprit-Saint: ce sera la meilleure manière pour nous de trouver le ciel que Jésus nous a promis, ce sera sans doute aussi la meilleure manière pour ceux qui nous entourent de reconnaître ce ciel et de le retrouver.

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