
Merci, Seigneur
C’est l’heure des ténèbres.
La terrible annonce des prophètes s’accomplit: l’innocent a été mis à mort.
Une mort honteuse, ignoble: celle de la Croix.
La mort du Fils du Père. La mort du Fils de la Mère.
Regardons, frères et sœurs, la Croix du Seigneur, comme l’ont fait tant de chrétiens et tant de saints avant nous! Regardons le Christ souffrant qui endure sa Passion jusqu’à la mort. Le Seigneur «m’a aimé et s’est livré pour moi!» (Ga 2,20) Vous vous rendez compte? Quelle folie!
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié.
Il est le Fils du Père.
Jusqu’au dernier moment, la foule a eu le choix. Le choix entre Jésus, le Fils du Père, Celui qui est dans les cieux, et Barrabas, dont le nom, cruelle ironie, signifie… Fils du Père! La foule a choisi, les loups ont hurlé avec les loups, et le Roi de Gloire a été tourné en dérision.
La voix de cette foule peut nous sembler bien lointaine et pourtant, au cœur de ses vociférations, on entend les cris de nos trahisons, petites ou grandes, de nos caprices, de notre médiocrité. C’est nous qui, finalement, choisissons bien trop facilement de renier le Christ, de choisir un autre fils du père, une autre idole qui peut-être moi-même, un autre ou bien le père du mensonge…
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié. Il est un reproche vivant face à nos compromissions, nos lâchetés peut-être. Jusqu’au dernier moment, la foule a eu le choix. Il en est de même pour nous. Choisissons le « bon » Fils du Père. Choisissons le Christ, le Fils du Dieu Vivant, avant qu’il ne soit trop tard!
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié.
Il est le Fils du Père, de Notre Père.
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié.
Il est le Fils de la Mère.
Et elle est là, au pied de la Croix du Seigneur. Elle mérite, sans connaître la mort, la palme du martyre. Elle connaît les pires souffrances, elle qui avait enfanté sans douleur, pour la nouvelle naissance des hommes à la vie divine.
Marie est là, alors que le fruit de ses entrailles – comme elle est belle cette expression, bien trop vite et légèrement écartée de notre Ave Maria! – lui est arraché. C’est le pire qui puisse arriver à une mère, la mort d’un enfant.
Et Jésus nous la donne, cette femme qui devient notre Mère.
Marie est là, au pied de la Croix.
Elle est là, debout.
Stabat Mater.
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié.
Il est le Fils de la Mère, de notre Mère.
Ne tournons pas la tête devant le Crucifié. Ne détournons pas le regard du Christ qui souffre en nos frères malades, agonisants, écartelés par les épreuves de la vie. Ils n’ont pas besoin de discours – Marie se tait au Golgotha -. Ils ont besoin de notre regard plein de compassion et d’amour, de notre présence qui dit bien au-delà des mots…
Et sachons rendre grâce à Dieu pour les cadeaux inouïs qu’il nous donne en ce jour! Nous vous rendons grâce, Seigneur, pour votre Fils, votre Fils et notre frère, offert aux regards de cette humanité qui ne veut pas de lui, Salut du monde sur l’autel de la Croix! Nous vous rendons grâce, Seigneur, pour la Vierge Marie, qui se tient debout au pied de la croix et nous montre ce que nous avons à faire pour ceux que la souffrance écrase: prière, présence et compassion.
A nos larmes de douleur, de honte peut-être aussi, viennent se joindre celles de la reconnaissance… éternelle!
Merci, Seigneur.
Merci.
Amen.
