Le «coaching» est devenu une pratique résolument tendance. Jadis réservé au milieu sportif, le coach ou si vous préférez, en bon français, l’entraîneur attitré d’un athlète, a migré «les salles de sport au monde de l’entreprise. On ne compte plus les séminaires de «coaching» pour redonner confiance aux cadres en baisse de productivité. Non content de son succès dans le monde du travail, le coaching tend à s’imposer dans la vie de tous les jours. Un problème pour organiser son emploi du temps: détendez-vous, il y a un coach pour vous l’apprendre. Des difficultés à exercer l’autorité sur votre adolescent rebelle: relax, il y a un coach pour cela, on appelle cela une «super nanny». Des obstacles pour rencontrer un conjoint: respirez, un coach est là pour vous «relooker» et faire de vous le roi du «speed dating»: en clair, un conseiller en image vous apprendra les secrets pour séduire au plus vite.
Si le coaching, ses possibles dérives et son vocabulaire peuvent prêter à sourire, il n’en demeure pas moins qu’il y a du vrai dans cette pratique. En somme, faire appel à un tuteur ou à un pédagogue pour acquérir un savoir ou un art que l’on ne possède pas encore, cela n’a rien de nouveau et cela est même très louable. Nous ne venons pas au monde la tête pleine et armés pour affronter toutes situations. Devenir un homme, cela s’apprend. Et s’il y a un domaine dans lequel il est plus que nécessaire de faire appel aux services d’un pédagogue, c’est bien celui de notre vie spirituelle.
Frères et sœurs, reconnaissons-le. Nous ne savons pas prier. Le péché nous a rendu tortueux ce qui ne devait être qu’un dialogue confiant et aimant avec notre créateur. Pour remédier à ce handicap de l’âme et du cœur. Dieu lui-même s’est fait notre pédagogue. Dimanche dernier, Jésus nous donnait une première leçon: priez sans cesse, à temps et à contre temps. Aujourd’hui, Jésus a gardé ses habits de professeur particulier pour nous donner une deuxième leçon. Il en va de la prière comme des bonnes manières, il s’agit d’apprendre à se tenir à la bonne place.
Dans la parabole du jour, notre bon maître Jésus, docteur es-prière, nous présente deux hommes, bien connu de nous, un pharisien et un publicain. Tous deux se tiennent devant Dieu dans l’attitude de la prière. L’un se tient bien, l’autre mal. Le mauvais élève vous l’aurez compris, c’est le pharisien.
Extérieurement, vu de loin, l’attitude du pharisien nous est spontanément plus sympathique que celle du publicain. Il est devant, dans les premiers rangs au temple – il a du arriver, à l’heure à la prière – alors que le publicain s’obstine à rester au fond. L’attitude du pharisien est celle d’un homme posé, alors que le publicain. plus agité, a les yeux à terre et se frappe continuellement la poitrine. Un tel spectacle aurait de quoi troubler la prière du paroissien moyen. Et pourtant, nous dit Jésus qui seul a accès aux secrets des cœurs, ce n’est pas le pharisien, professionnel de la prière et du sacrifice, qui se tient comme il convient devant Dieu, mais c’est bien le publicain. Le bon élève en classe de prière est celui qui sait quel est son rang. Le publicain sait que face à Dieu, il est pécheur. Il sait qu’il n’a rien qu’il n’ait reçu de Dieu, que tous ses mérites, ses bonnes œuvres ne valent que rapportés à Dieu comme en leur source. On ne raconte pas d’histoire au Seigneur, le pharisien l’apprendra, à ses dépends. Le publicain sait surtout que Dieu viendra le prendre an rang des pécheurs, du fond de sa misère pour lui faire miséricorde. «Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis». Le publicain trouve grâce aux yeux de Dieu car il est à sa place et qu’ainsi il laisse Dieu faire sa demeure en lui. Le pharisien, lui. a laissé son ego et son péché envahirent tout son cœur. Dieu, sur ses lèvres, n’est qu’un nom vide du sens qui n’a plus sa place dans sa vie.
Prier, c’est donc fondamentalement apprendre à se tenir à son rang devant Dieu, dus qu’une attitude extérieure, c’est l’humilité du cœur qu’il nous faut rechercher. L’humilité est cette vertu qui nous donne de nous voir en vérité face à Dieu, face aux hommes. Seuls les humbles ont accès à Dieu. Être humble, c’est se reconnaître comme fils et fille d’un même Père, En d’autres termes, c’est accepter de se recevoir de Dieu, en toute chose. Dieu, mon tout, ma seule richesse! crie l’homme du fond de son humilité.
Nous ne savons pas prier. Le Christ par le don de son Esprit vient au secours de notre faiblesse pour intercéder lui-même en nous (Rm S, 26) «Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu: vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions: Abba, Père» (Rm 8, 14-15). Frères et sœurs, si nous avons des difficultés à prier, apprenons du Christ, notre pédagogue, à trouver notre force dans nos faiblesses, à comprendre que prier, c’est accepter de recevoir sa vie de Dieu et pas uniquement de soi-même. Prier, c’est se reconnaître fils et fille du Père des cieux.