Homélie du 5 juin 2011 - Ascension
fr. Alain Quilici

Sur le mur méridional de la basilique Saint Sernin de Toulouse, au tympan de la porte Miègeville, les fidèles sont accueillis par le Christ Jésus en son Ascension. Il monte majestueusement ouvrant les bras dans un grand geste d’accueil, au dessus des apôtres qui ont les yeux levés vers lui. Il en est de même au tympan de la si belle basilique de Vézelay: le Christ ressuscité ouvrant les bras et accueillant les fidèles qui montent vers lui.

Jésus l’avait dit: Je suis le chemin, le seul chemin qui conduise auprès du Père. Je suis la porte. Il faut passer par lui pour accéder à la gloire du ciel. Cela se réalise au jour de l’Ascension, car l’Ascension est un mystère dynamique. C’est le mystère du chemin, de la marche, du passage, du but enfin atteint au terme du pèlerinage.

Jésus dès le début de son ministère a invité des gens à le suivre et à marcher à sa suite. Ce sont des hommes, ce sont de saintes femmes. Il les a appelés. Il les a nommés. Il les a invités à marcher. Lui-même a sans cesse marché. Il n’avait pas une pierre où reposer sa tête, pas un lieu fixe, pas une maison, ni une adresse, ni un lit. Il allait de l’avant, de Judée en Galilée et de Galilée en Judée, prenant résolument la route de Jérusalem. Il annonce qu’il part nous préparer une place et qu’il reviendra nous chercher, afin que nous soyons toujours avec lui.

Il ne s’est arrêté que le jour où on l’a arrêté, le jour où on l’a lié, cloué, fixé sur le bois. Mais ce ne fut pas un arrêt, car il s’est échappé, comme un oiseau qui s’échappe du filet de l’oiseleur, joyeux comme le jeune époux qui bondit dans le soleil levant. Le voilà vainqueur de la mort. Le pied en avant, comme le montrent les icônes du Ressuscité. Ressuscité, il marche encore. Il descend aux Enfers, en ce lieu où séjournaient tous les justes morts avant lui et qui attendaient qu’il leur ouvre la porte de la vie. Il les saisit et il les entraîne à sa suite dans la lumière. Et c’est une foule innombrable de toutes les nations, langues, peuples et religions, qui marche à la suite du Ressuscité.

Ressuscité, il passe les portes et les fenêtres barricadées du Cénacle, pour entraîner ses apôtres en Galilée, où il s’entretient avec eux et où il leur ouvre l’esprit pour qu’ils prennent la bonne route.

Et voilà qu’aujourd’hui, Jésus entraîne à nouveau ses apôtres vers le lieu où il doit franchir le dernier tronçon de sa route terrestre, le lieu d’où il doit prendre enfin la place qui est la sienne.

Désormais, il ne marche plus. Il est assis. Il règne et il juge. Mais surtout il accueille. Il ouvre la marche des croyants, de tous ceux qui ont fait avec lui le pèlerinage de la vie, ceux qui ont mis leurs pas dans ses pas, tous ceux qui ont vécu ce qu’il a vécu, de sa naissance à sa passion, parcourant villes et villages pour annoncer le Royaume de Dieu et inviter chacun à le suivre. Il accueille maintenant tous ceux qu’il a envoyés et qui reviennent, émerveillés, rendre compte de leur ministère et de toutes les merveilles qu’ils ont vues et accomplies.

Avec les apôtres, tous les fidèles lèvent les yeux vers le ciel. Ils voudraient passer. Mais ce n’est pas l’heure. Des anges les retiennent. Ils les arrachent à la force aspirante qui voudrait les happer vers la gloire du ciel. Les anges les renvoient à leur mission. Ils doivent repartir, reprendre la route, aller dans le monde entier, annoncer à tous les peuples qu’il y a un chemin, qu’il y a une porte et que cette porte est ouverte. Leur annoncer que la vie n’est pas une impasse, et qu’au terme de la marche, au bout du chemin, il y a comme un banquet de noces où chacun est attendu, où chacun a une place réservée.

Pour l’heure, il faut s’arracher à cette douce contemplation et parcourir le monde car nous ne saurions être en paix, ni nous arrêter, tant qu’il y aura ne serait-ce qu’une âme qui n’a pas entendu et reçu cette invitation. Ainsi, cet été, des milliers de jeunes vont se mettre en route pour les Journées mondiales de la Jeunesse. Ils vont marcher et prier et nous porter dans leur prière. Et nous qui ne partons pas nous serons en communion avec eux, en poursuivant inlassablement notre quête de Dieu.

L’Ascension est un mystère dynamique.

Allons, partons d’ici! Amen.