«Êtes-vous des âmes vivantes?!» voila la question qui accueillit les Maritains lorsqu’ils se présentèrent devant Léon Bloy qui devait devenir leur guide spirituel. Redoutable question ! Qu’est ce qu’une âme vivante ? une âme vivante c’est une âme qui n’est pas habituée. Une âme habituée c’est une âme qui ne veille plus. Une âme qui ne se tient plus sur ses gardes, une âme qui ne cherche plus, une âme morte. Il est clair que nous vivons dans une époque où se côtoies des âmes blasées, des âmes qui ne savent plus comment se divertir, comment pallier cette angoisse profonde qu’est le fait d’exister sans Dieu. «L’aquoibonite», terrible sclérose de nos âmes peut nous guetter : A quoi bon aimer Dieu ? A quoi bon le chercher ? A quoi bon, à quoi bon…
Ce temps de l’Avent tombe très pour nous remettre en marche. Pour nous réveiller. Pour relever la tête ! Alors la question se pose : comment, à l’invitation de notre Seigneur, être des âmes vivantes ? Qu’allons-nous pouvoir mettre en œuvre pendant cet Avent qui pourra nous réveiller, qui pourra renouveler notre ferveur, notre ardeur à attendre, notre prédication ? Pour méditer sur cela, les textes de l’Écriture que nous avons entendu ainsi que les différentes prières de la liturgie dessinent un double mouvement qui en fait n’en est qu’un :
– nous sommes d’abord invités à fixer notre regard sur le bien que nous poursuivons «la rencontre du Seigneur», son avènement.
– puis nous sommes appelés à intégrer l’attente de ce salut dans l’épaisseur de notre vie: «veillez!» nous est-il dit.
Il en est un peu comme de la randonnée en montagne : la perspective de jouir d’une vue magnifique au sommet, motive notre marche, marche qui nécessite de bien se préparer, d’avoir de bonnes chaussures, un manteau efficace et un bon casse-croute !
De la même manière le temps de l’Avent est traversé par une profonde Espérance qui est appelée à s’épanouir en paix, en joie. Il nous rappelle que nous sommes sauvés mais que ce salut doit encore se révéler. Cette tension entre le «déjà-là» et le «pas-encore» est symptomatique du combat spirituel que nous menons :
– vivant déjà de la vie de Dieu par notre baptême nous jouissons déjà de Dieu lui-même : «dans le Christ vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu» nous dit Saint Paul.
– mais ce n’est pas encore le sommet de la vision bienheureuse qui sera atteint après notre randonnée terrestre et lorsque le Christ reviendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts.
Alors que mettrons dans notre sac de «veilleur» pour attendre ? Que mettrons dans notre sac de randonneur pour atteindre le sommet ?
Pour veiller il faut une lampe : une lumière sur ma route ta Parole Seigneur, et si nous puisions dans cette Parole pendant ce temps de l’Avent, Isaïe sera un bon guide.
Pour attendre aussi longtemps qu’il sera nécessaire, il faut se nourrir : l’Eucharistie fortifiera en nous l’amour et la présence déjà-réalisée de Dieu en nous.
Pour faire de la randonnée il faut pouvoir repartir après un coup de pompe : le Pardon du Seigneur nous remettra dans la bonne voie !
Que l’Esprit Saint embrase notre cœur du désir de Dieu qui est authentique attente !
Que la Vierge-Marie, elle qui sut attendre dans la paix et la confiance, nous accompagne, qu’elle fortifie notre Espérance. Soyons des âmes vivantes ! Bon Avent !