Il lui a suffi d’une journée pour mettre la région sens dessus dessous ! Jésus a fait de Capharnaüm une vraie cour des miracles ! Après avoir guéri un possédé dans la synagogue un jour de sabbat, il se rend dans la maison de Pierre, et guérit la belle mère de celui-ci qui est malade. La nouvelle se répand et toute la ville accourt. Jésus guérit les malades qu’on lui amène et il expulse de nombreux démons. Ce qui est frappant, c’est la manière particulière que Jésus a de guérir les malades. La description qu’en donne Marc est claire et précise. Jésus s’approche de la belle-mère de Pierre, il la saisit par la main et la fait se lever. C’est le même langage qui sera employé pour parler de la résurrection. De même que Jésus ressuscité s’est levé du tombeau, ainsi fera-t-il quand, à la fin des temps, il nous relèvera de la mort.
La manière de faire de Jésus à l’égard des malades agace de nombreuses personnes. On a souvent jugé et réduit cette attitude à de la pitié. Pour un philosophe comme Nietzche, la préférence de Jésus pour les pauvres, les petits, les malades est méprisable. Car pour lui, l’Église continue à entretenir cette illusion d’un paradis futur pour les pauvres. Mais en attendant, ils sont laissés dans leur pauvreté. Ainsi Dieu maintient l’humanité dans la misère et dans la barbarie. Nietzsche condamne le christianisme fondé sur la pitié, la pitié des faibles qui est une négation de la vie, du bonheur terrestre, de la joie d’être soi. Quel contresens ! Face à la maladie et à la souffrance, Jésus n’est ni indifférent ni inactif. C’est pour sauver les hommes qu’il est sorti du Père. Il est venu pour libérer en tout homme ses vraies capacités de don de soi, de générosité, d’expression, et c’est pour cela que Jésus agit avec puissance. Aussitôt guérie, la belle mère de Pierre se lève et se met au service de ses hôtes. Jésus n’a pas voulu enfermer les hommes dans une forme de soumission servile, bien au contraire, il les invite à le suivre, il fait de ses disciples des apôtres, des témoins, des vivants, pour proclamer l’évangile de la vie, pour annoncer la joie de l’évangile !
Le Pape François n’a pas attendu pour interpeller les sceptiques et les grincheux. S’il compare l’Église à un « hôpital de campagne », c’est pour nous inviter à nous retrousser les manches pour prendre soin de tous les blessés de la vie. Et s’il dénonce la « mondialisation de l’indifférence », c’est pour secouer nos vieilles habitudes et susciter un nouvel élan chez les croyants que nous sommes. Le risque serait que chacun se replie sur ses propres misères, ou passe volontairement à côtés de celles des autres, sans vouloir reconnaître les siennes.
Aujourd’hui, nous entourons de notre prière plusieurs frères et sœurs qui ont demandé à recevoir l’onction des malades. Derrière l’épreuve de la maladie peuvent se cacher combien d’inquiétudes, de doutes, un sentiment d’incompréhension, mais aussi la difficulté de faire face à la réalité, de se situer vis-à- vis de ses proches, le poids d’une certaine solitude intérieure. Autant de démons intérieurs dont le Seigneur veut pouvoir nous délivrer. Il y a certes quelque chose de bien mystérieux : la souffrance n’est pas vécue ni ressentie de la même manière par les uns et les autres. Pour certains, elle demeure persistante, lancinante, elle nous laisse sans répit, elle nous plonge dans l’angoisse. La foi ne semble pas suffire. Alors que pour d’autres, elle finit par s’apaiser, voire se résorber, et conduire à une vraie renaissance. Dieu favoriserait-il les uns au détriment des autres ? Ferait-il des préférences ?
L’exemple de Job dans l’Ancien Testament est à ce sujet éclairant. Voici donc cet homme qui avait tout pour être heureux, mais qui perd tout et n’aspire plus qu’à mourir. La réaction de son entourage le révolte. La dureté de sa condition l’interroge. Le silence de Dieu le pousse à résister, à persévérer dans l’assurance de son bon droit. Sa résistance a été mise à rude épreuve. Dieu a reconnu en lui l’homme juste qui ne s’enferme pas dans son orgueil mais qui, au cœur de la détresse, met son espoir en Dieu seul. Cette attitude finit par l’emporter. Dieu ne nous abandonne jamais au désespoir. En Jésus nous savons que la foi conduit à la victoire sur la mort.
C’est de cela que nous devons témoigner. C’est cette bonne nouvelle que Saint Paul a proclamée haut et fort en dépit de toutes les oppositions et contradictions : « c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » Frères et sœurs malades, vous pouvez parfois perdre courage et confiance, ressentir tristesse et amertume. Dites-vous bien que votre présence ici nous renvoie à nous-mêmes : car, tous autant que nous sommes, si nous voulons rester fidèles au Christ, nous devons tenir ensemble 3 choses : que Dieu veut nous guérir tous de nos propres maladies, que nous avons besoin de persévérer dans la prière, comme Jésus lui-même savait le faire et comme il nous l’a appris, et enfin que nous avons tous à témoigner dans ce monde qui ne croit pas que seul l’Amour sauvera le monde ! Il suffit d’un « oui » de notre part pour que toute notre vie en soit transformée !