Une fois encore, la phrase-emblème retenue pour notre journée de lancement, se veut en lien direct avec le thème de la prochaine année préparatoire au jubile, à savoir le mystère du Père. Ce thème fera aussi l’objet de la formation d’adultes en novembre-décembre. Et cette phrase, la voici: «Accueillons-nous en frères parce que fils d’un même Père». Cet approfondissement nous ramène à une réalité première, conséquence de notre baptême: par le don de l’Esprit filial, nous sommes devenus enfants de Dieu, capax Dei avec la possibilité de le nommer, de le prier: Père. Dans cet espace ouvert, notre vie entière se trouve orientée vers un but, la maison du Père et notre existence trouve ainsi son sens, sa finalité. Mais ce chemin vers le Père passe par des étapes de conversion, de pénitence où nous sommes invités à accueillir pleinement la grâce du pardon, car il nous faut vivre simultanément l’amour de Dieu et du prochain; ce n’est pas si facile.
La dimension horizontale de la vie chrétienne nous est semble-t-il habituelle, bien qu’à parfaire sans cesse: le partage, la correction fraternelle, tout ce qui contribue à mieux vivre la chante entre nous. Mais nous pouvons, je pense, améliorer notre solidarité dans la prière, le fait de porter les soucis les uns des autres, en un mot: l’intercession. C’est la que nous toucherons en profondeur les ressorts d’une authentique communion dans l’Esprit de fils qui nous rassemble. A ce sujet, vous savez l’importance que j’accorde à ces nuits d’adoration/intercession mensuelles qui doivent, pour moi, constituer le moteur, la source de la vitalité paroissiale. Ces nuits ne sont pas encore rentrées vraiment dans les mœurs,.. et pourtant!
Il est sûr que cela ne suffit pas s’il n’y a pas entre deux nuits le relais d’une prière quotidienne fervente.
Beaucoup me disent que ce n’est pas évident: c’est pourquoi je n’hésite pas aujourd’hui, a vous donner une petite recette pour vous aider à mieux prier les uns pour les autres. C’est assez simple: il s’agit d’attribuer à chaque jour de la semaine une tête de chapitre d’intentions. Par exemple: le lundi, vos familles; le mardi, les jeunes foyers et fiancés; le mercredi, une intention liée à votre histoire personnelle; le jeudi, les vocations sacerdotales et religieuses; le vendredi, ceux et celles qui revivent dans leur chair, leur esprit la Passion du Christ (malades, personnes âgées, handicapes, torturés); le samedi, tous les besoins de l’Église universelle sous la protection de la Vierge Marie et ainsi de suite, et en partant toujours de visages bien concrets pour élargir à des intentions plus générales: la Paix dans le monde, les victimes de catastrophes, de guerres civiles ou de terrorisme, etc.
Cette prière devient alors un lien de charité pratique, active; elle nous met en communication les uns avec les autres au-delà de la distance et des différences: c’est ce que nous appelons couramment la communion des saints. La prière d’intercession nous fait vérifier en même temps notre commune appartenance à l’Humanité, notre radicale égalité devant Dieu (tout homme, toute femme a du prix a ses yeux) quels que soient la couleur de la peau, le sexe, la race, la religion, les origines sociales, les capacités intellectuelles, etc. C’est l’expérience que l’on fait aussi en voyageant: à ce sujet, je me souviens d’une question qu’une personne m’avait posée à propos du jumelage de notre paroisse avec la mission d’Haïti, s’étonnant de la disparité des situations. Eh bien, pour moi, au risque du paradoxe, entre le jeune de 20 ans en 1ère année à Supaero et le jeune de 20 ans haïtien rentrant en 6ème, je perçois la même vivacité du regard et fondamentalement le même patrimoine en humanité.
Sur ce point, nous avons encore des progrès, des efforts à faire pour dépasser les préventions, abaisser les obstacles et nous accueillir vraiment en frères parce que fils d’un même Père. Eh bien que l’Esprit de Pentecôte nous soutienne, renouvelle nos cœurs et nous rende capables d’accomplir notre vocation, à savoir ce que nous sommes: des frères du Christ, des enfants du Père. Amen.