Homélie du 27 novembre 2016 - 1er dimanche de l'Avent

Bonne ou mauvaise surprise?

par

fr. Olivier de Saint Martin

La venue du Christ dans la gloire sera une surprise, il viendra au moment où nous ne l’attendons pas spécialement. Est-ce que ce sera, pour chacun de nous, une bonne ou une mauvaise surprise ? Alors, pour préparer notre âme à accueillir le Seigneur qui vient, la liturgie nous donne 4 semaines. Et dans ces 4 semaines, il y aura 4 dimanches, chacun avec sa tonalité, pour faire grandir en nous le désir de Dieu et l’accueillir dès à présent. 4 dimanches appelés à illuminer notre vie chrétienne, au moment même où la nuit gagne du terrain sur la longueur des jours. Et c’est pour cela qu’à chacun d’entre eux, nous allumerons une nouvelle bougie. Chacune nous dira l’amour de Dieu qui éclaire et réchauffe. Chacune nous dira que les ténèbres de la mort ne peuvent l’emporter si nous mettons Dieu au centre de notre vie. Chacune nous rappellera une dimension de notre vie chrétienne. Chacune nous rappellera donc notre baptême, ce jour où nous avons choisi de nous « revêtir des armes de la lumière ».

La bougie d’aujourd’hui est celle de la veille, cette attitude vitale qui nous fait reconnaître la présence de Dieu et ses appels. Une bougie qui rappelle quelle doit être la place des réalités spirituelles dans ma vie, que le but de notre vie est au-
delà de ce que l’on voit. Et ce n’est pas si naturel. Bien souvent, nous réduisons l’ambition de notre vie à un horizon trop humain. Au temps de Noé, on mange, on boit, on se marie. Tous les besoins fondamentaux sont assouvis. Alors pourquoi se préoccuper du reste ? « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! » Noé ne pensait pas ainsi. Cherchant Dieu, il scrutait le ciel et y a décelé les signes avant-coureurs d’une catastrophe. Il en a construit une arche (j’imagine que certains ont dû se moquer) pour sauver la création. Il a travaillé pour que vienne le règne de Dieu… Il n’est pas si facile de donner ce sens à son travail, de le relativiser au Royaume. Plus tard, à Cana aussi on se mariait, on mangeait et on buvait, au point de ne plus regarder ce qui se passait. Heureusement, Marie veillait et son intervention a sauvé la noce. Enfin, à Gethsémani, les disciples n’ont pas réussi à veiller, ils se sont endormis. Même sans prier, ils auraient pu, saisissant le drame qui se jouait, parler entre eux, se tenir éveillés. Non, ils se sont endormis car même si « l’esprit est bien disposé, la chair est faible… »

Aujourd’hui, et depuis sa résurrection, Jésus nous pose la question. Es-tu un veilleur ? Où places-tu le but de ta vie ? Que veux-tu de moi ? Thomas d’Aquin avait spontanément répondu : « Rien d’autre que toi. » Je ne suis pas certain que notre réponse spontanée serait celle-ci. Comme les disciples et tant d’autres, ne suis-je pas pris par l’endormissement, la paresse spirituelle ? L’esprit du monde, qui « aime la mode, les distinctions, les plaisirs, le confort de cette vie, [qui aime] à se satisfaire des circonstances qui donnent accès aux honneurs et aux vanités, à faire la cour aux grands et à rechercher toute position sociale » n’a-t-il pas anesthésié notre conscience ? Jésus nous dit qu’il faut veiller, sortir de notre sommeil, de notre paresse spirituelle, ce que les anciens appelaient l’acédie. Il faut veiller et découvrir ce qu’il attend de nous, personnellement et communautairement. Et je vais vous dire ce qu’il attend. Il attend non seulement que vous soyez des veilleurs mais que vous le veilliez, lui votre Dieu. Nous devons le veiller, comme on veille sur un petit enfant. Nous devons le veiller dans notre âme pour qu’il y établisse vraiment sa demeure. Nous devons le veiller dans la prière, les sacrements et l’écoute attentive de sa parole. Nous devons ensuite le veiller dans les pauvres, les malades, les affamés, les prisonniers. Nous devons le veiller dans nos proches : dans mon frère, ma sœur, mon mari, ma femme, mes enfants. Nous devons le veiller comme il veille sur nous !

Voilà. Je vais maintenant allumer la première bougie de notre couronne. Cette bougie est celle de la veille. Sa mèche est notre baptême. Elle ne peut éclairer et réchauffer que si elle est nourrie de cire. Cette cire, c’est à vous, à moi, de la donner. Cette cire, c’est mon humanité, non pas en général, mais très concrète. C’est mon humanité qui s’étend jusqu’à mon péché, ma paresse, mon endormissement, ces changements ou actions que je remets à demain en invoquant le manque de temps, une manière d’être ou de penser, ces désirs trop sensibles, bref mon péché que Dieu veut consommer par sa charité, pour briller en moi. Au moment où je vais allumer la bougie, choisissez la cire dont la vôtre se nourrira : un temps que je ne donne pas à Dieu ou à quelqu’un qui m’est proche, une indifférence que je ne combats pas. Cette lettre ou cette visite que je n’ai pas faite. Ce bien que je ne cherche plus à voir chez l’autre… Choisissez votre cire. Que Dieu s’en nourrisse et qu’il nous trouve, au jour de sa venue, éveillé et une lampe allumée à la main. Et que dès aujourd’hui, notre lumière brille devant les hommes !

27 novembre 2016

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