Homélie du 24 avril 2011 - Jour de Pâques

« Christ est ressuscité »

par

fr. Loïc-Marie Le Bot

Pourquoi fêtons-nous Pâques? En quoi la fête de Pâques nous concerne-t-elle? Que change la célébration du jour de Pâques pour notre vie?

Cette fête pourrait être vue comme un moyen d’entretenir chez les chrétiens une vieille habitude. On conserverait ainsi le pieux souvenir d’un événement du passé, certes important, puisqu’il décide de l’avenir d’une bonne partie de l’humanité en donnant naissance au christianisme, une des plus grandes religions de l’humanité, mais tout cela relèverait d’un passé qui s’enfoncerait inexorablement dans l’oubli.

On pourrait se contenter de dire, comme le monde nous y invite, que cette fête est une simple commémoration d’un événement mythique. Elle signifierait sous forme d’allégorie la victoire de la vie sur la mort, ou l’illustration que l’amour finit toujours par s’imposer sur la haine, ou encore la fête du printemps, vieux mythe remis aux goûts écologiques du jour.

La fête de Pâques, c’est, pour nous, la fête de la Résurrection du Christ. Pour nous, c’est l’occasion de faire la rencontre décisive avec le Ressuscité. Ainsi, nous avons trois raisons de fêter à la Résurrection du Christ.

C’est un événement historique réel qui a eu lieu. Les apôtres Pierre et Jean comme Marie-Madeleine voient ce matin un tombeau vide. Puis, Jésus leur apparaît, ils l’ont touché et ont mangé avec lui. De leur témoignage transmis de génération en génération, nous recevons cette nouvelle: Jésus est ressuscité.

C’est un événement de grâce. Là encore l’exemple de Marie-Madeleine et des apôtres est éloquent. Des hommes peureux et lâches, plongés dans la tristesse et le découragement sont transformés par la rencontre avec le Ressuscité. Ils deviennent témoins de cet événement. Ils reçoivent de cette rencontre avec Jésus une force nouvelle. En définitive, ils sont un peu comme leur maître «ressuscités», recréés à neufs. Ils sont convertis et commencent une vie nouvelle.

C’est un événement actuel qui nous touche aujourd’hui plus aucun autre événement du passé ou du présent. Nous aussi, nous sommes comme les apôtres. Nous sommes convertis par la rencontre avec le Ressuscité qui vient vers nous ce matin. Nous quittons les rives du péché et de la mort pour entrer dans la vie nouvelle.

Christ est ressuscité! Christ est ressuscité pour nous!

Quelle est alors la conséquence pour nous?

«Il est l’Agneau véritable qui enlève le péché du monde: en mourant, il a détruit notre mort, en ressuscitant, il nous a rendu la vie» (Préface de Pâques I).

En mourant, il a détruit notre mort. La mort de l’Agneau véritable ôte le péché des hommes, et prive les forces de la mort de leur puissance. En s’offrant au Père, le Christ accomplit le sacrifice parfait et ultime pour le pardon des péchés. Cependant, la mort de Jésus n’achève pas sa mission. Sa mort n’est pas le point final.

En ressuscitant, il nous a rendu la vie. Par sa Résurrection, Jésus manifeste pleinement qui il était et quel était le sens véritable de sa mission. Le Verbe est venu dans le monde pour nous sauver et pour que nous ayons la vie en abondance.

La Résurrection de Jésus manifeste la victoire de Dieu et de son projet de vie pour l’homme. La Résurrection de Jésus n’est pas simplement pour lui, une victoire, elle l’est aussi pour nous, car il veut nous en faire bénéficier, nous en donner tous les fruits de grâce. Comment pouvons-nous être bénéficiaires de cette grâce de la Résurrection? Par le baptême.

«Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle» (Rm 6, 4).

Pour bénéficier de la grâce de Pâques, nous devons être intégrés à lui par le baptême. Avec lui, nous ne formons qu’un seul être. Pâques est donc le moment privilégié pour être baptisé dans la Mort et dans la Résurrection du Christ que justement nous célébrons en ce jour. Nous comprenons mieux encore que nous sommes passés de la mort à la vie.

La grâce de Pâques nous touche par le baptême.

Une première fois, le jour de notre baptême, la grâce pascale nous touche et nous intègre, radicalement, définitivement, pleinement et sans retour possible au Christ. C’est ce qui va arriver à Arthur qui va être baptisé dans quelques instants. Une nouvelle fois, cette grâce pascale nous touche quand nous célébrons les jours saints de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Christ. Nous renouvelons nos promesses baptismales et nous sommes renouvelés dans notre intégration au Christ. Chaque dimanche, et même chaque jour, nous pouvons recevoir cette grâce dans l’Eucharistie car «chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe nous proclamons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne» (1 Cor 11, 26). Personnellement, chacun de nous, reçoit la grâce de Pâques, et à plus forte raison l’Église, peuple des baptisés, reçoit elle aussi cette grâce de vie et de renouvellement. «C’est pourquoi le peuple des baptisés, rayonnant de la joie pascale exulte par toute la terre» (Préface de Pâques I). Cette joie est un signe et une interpellation pour le monde, pour ceux qui ne connaissent pas Jésus, pour ceux qui ne croient pas en la Résurrection, pour ceux qui n’aiment pas Jésus et son Église. Eux aussi sont invités à cette rencontre.

Nous avons toute les raisons de fêter la Résurrection du Christ. Le Christ a vaincu la mort et le péché, et il est entré dans la gloire. Il veut aussi que nous le suivions.

Christ est ressuscité! Amen! Alléluia!

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