Cœurs purs et mains propres


Les Pharisiens et les scribes l’interrogent: «Pourquoi tes disciples ne se comportent-ils pas selon la Tradition des Anciens mais prennent-ils leur repas avec des mains impures? (non lavées).
La Tradition des Anciens: l’obsession de la pureté rituelle caractéristique d’Israël au temps de Jésus, partagée par tous les courants du judaïsme contemporain; Sadducéens: grandes familles pontificales au service du Temple; Pharisiens et Esséniens (les champions en la matière!).
Origine: la Torah dans le livre du Lévitique le code de pureté dans 11 à 15; pureté alimentaire (Lev 11; Dt 4,3-21); pureté cutanée (Lev 13 et 14); pureté sexuelle (Lev 12; 15) + pureté des cadavres (Nb 19, 11-16).
Une logique de mort: l’impur l’emporte toujours sur le pur, mode de contamination permanente l’autre devint une source potentielle de contamination permanente; le rapport à Dieu en est faussé (ritualisme, magie, etc.) pas d’autres solutions que la séparation, l’exclusion de l’impur et des multiples bains d’eau.
Jésus leur dit: Isaïe a joliment bien prophétisé de vous, hypocrites; ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi… Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la Tradition des hommes.
Dans tout son comportement, Jésus dénonce cette obsession de la pureté et sa logique de mort et d’exclusion, cf. Mc 1,40-45 (6e dim. T.O., 13 février 2000): le lépreux que Jésus touche cf. Mc 5,21-43 (13e dim. T.O., 6 juillet 2000),: la femme hémorroïsse et la fille de Jaïre (cadavre).
Jésus touche les impurs, accepte d’être touché par eux et ce n’est pas l’impureté qui gagne mais sa sainteté: le lépreux est purifié, l’hémorroïsse guérie, la fillette ressuscitée. Dieu veut la vie, la recréation et la réintégration: mystère pascal.
Écoutez-moi tous et comprenez moi bien: il n’est rien d’extérieur à l’homme qui pénétrant en lui puisse le souiller mais c’est ce qui sort du cœur de l’homme voilà ce qui souille l’homme.
Pour Jésus, la pureté n’est pas affaire d’extériorité (mains propres) mais d’intériorité (cœur libre, désir droit). A partir de là, Jésus annule le code de pureté du Lévitique.
Jésus ose annuler un pan de la Torah! Or il est venu pour accomplir et non abolir, alors pourquoi? Pour libérer la puissance et la vérité qui est au cœur de la Torah: les dix Paroles.
Cf. liste «des desseins pervers qui sortent du cœur de l’homme»:
«débauche, adultère, impudicité»: «Tu ne commettras pas d’adultère» (ni en acte, ni en pensée, ni en image, ni en parole). Libérer le cœur de la convoitise de la chair.
«vols, cupidité envie»: «Tu ne convoiteras rien de ce qui est à ton prochain». Libérer le cœur de la convoitise des yeux.
«meurtres, méchancetés, diffamations»: «Tu ne tueras pas».
«ruses, orgueil, déraison»: «Tu ne porteras pas de faux témoignage envers ton prochain». Libérer le cœur de l’orgueil des richesses.
Par cet acte, Jésus signe son arrêt de mort: Sadducéens, Pharisiens et Esséniens ne lui pardonnent pas cette transgression de la Torah, et se mettent d’accord pour supprimer le fauteur de trouble, mais par cet acte Jésus libère notre cœur, nous indique la rectitude du désir et nous offre la liberté des enfants de Dieu.
Cet Évangile est proclamé le 22e dimanche T.O. changement de saison, passage de l’été à l’automne liturgique; l’automne tout illuminé et orienté pour et vers la Toussaint: être saint comme Dieu est Saint.
Jésus nous indique aujourd’hui la voie de la sanctification.
«Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu» Mt 5,8 (évangile de Toussaint).

