Homélie du 1 novembre 2023 - Solennité de la Toussaint

Dieu nous fait entrer dans sa sainteté

par

fr. Joseph-Thomas Pini

Dieu : éternellement, immensément, souverainement, éminemment, premièrement et finalement. Dieu : Amour, Vie, Science et Sagesse, Toute-Puissance. À l’origine de tout, maintenant tout, possédant tout bien et toute qualité en plénitude et perfection. En lui, rien n’est mêlé, ni composé, ni troublé, ni limité. Car ce qui « fait » Dieu n’est pas tant ce qu’il possède que la manière dont il le possède en lui-même et le communique. Pour tout résumer, Dieu Saint : en lui et de lui seul, cette pureté inaltérable et inaltérée de toute bonté. C’est ce que proclament, les uns aux autres et à l’univers, les anges devant sa Face : « Saint, saint, saint ! »

Dieu Saint, et Dieu qui sanctifie et fait entrer dans sa sainteté ses créatures, selon un dessein merveilleux de sa bonté et de sa sagesse. Dieu fait, de tous temps, participer à sa sainteté des hommes et des femmes dont son amour remplit la vie, au point qu’elle approche et rejoint, au milieu des épreuves, dans la prière et les œuvres diverses, dans les grands moments et dans le quotidien, cette pureté, parce qu’il prend et garde la première place, qu’il n’est plus, dans les pensées et dans les actes, altéré par d’autres attaches aux biens de ce monde. L’amour de Dieu, celui rendu à Dieu, et donné au prochain comme venant de lui, désormais règne et gouverne en eux, et, les ayant tramés, façonnés et dirigés, les fait entrer, à la fin de cette existence, dans la Lumière et la Vie qui les avait déjà remplis et dont ils brillent déjà dans l’attente de leur résurrection. Rien qui ne vienne de Dieu dans cet accomplissement dont il a rendu capable la nature humaine. Car Dieu, qui donne l’être et maintient dans l’existence, qui gouverne avec sagesse et bonté, qui enveloppe l’homme de sa miséricorde pour le relever et le consoler, se répand en sainteté. Des trois Personnes divines de la Trinité très sainte, chacune est toute sainteté, mais l’Esprit, qui n’a d’autre nom que « saint », donne en propre la sanctification par la grâce et par ses dons. La bonté, la force, la lumière, la douceur divines sont répandues dans les cœurs et dans le monde et viennent conduire et achever l’œuvre même de Dieu : unir à lui, tel qu’il est, sa créature humaine telle qu’elle est, dans le bonheur éternel de sa présence sans ombre, l’homme voyant et aimant Dieu dans sa pleine clarté, Dieu voyant et aimant l’homme dans le resplendissement de sa propre lumière.

Dieu ouvre en ce monde et pour ce monde un chemin qui scintille. Le Christ est la Voie et le repère. Pour le revêtir, lui et son joug, comme robe de la nouvelle naissance et vêtement des noces, il faut le suivre et l’imiter, lui qui est l’expression parfaite du dessein de sainteté de Dieu. Le chemin s’éclaire d’une loi, une véritable loi de sainteté accomplie, celle du cœur et de l’offrande de soi, dont les prescriptions de pureté et de justice étaient, dans l’ancienne Alliance, la préparation. Une loi de béatitude, qui répète le nom de l’état et du fruit de la sainteté, une loi qui traverse les contradictions du monde, et qui est traversée et chapitrée par les dons de l’Esprit qui l’anime et permet, avec force, intelligence et prudence, de la vivre à tout instant. Une loi de sainteté qui en pose les conditions : la pauvreté d’un cœur qui se sait petit et dépendant de l’amour de Dieu, la patience pour l’amour de Dieu. Une loi de sainteté qui en dit la dynamique : ce désir du règne de Dieu que lui seul comble à satiété. Une loi de sainteté qui en dit les moyens et les voies : la douceur et la miséricorde, marques et dons de Dieu. Une loi de sainteté qui en dessine les œuvres : par-dessus tout, la paix de Dieu. Une loi de sainteté qui en esquisse les circonstances : les larmes, la persécution ne l’emporteront jamais sur l’amour tout-puissant de Dieu. Une loi au centre de laquelle la pureté du cœur est précisément associée à la vision de Dieu expressément nommé.

Ce portrait par touches du Christ, le Saint de Dieu est comme la cartographie de la Voie du Christ. Un chemin resserré, fait de sections planes et de passages obscurs, au-dessus duquel brille un firmament. La sainteté de Dieu répandue, vécue et glorifiée en l’homme bienheureux ouvre une dimension magnifique de communion de charité : comme nous prions les uns pour les autres fraternellement, des frères et sœurs, dans la lumière sans fin, par-delà l’espace et le temps, prient pour nous. Ce ciel étoilé, nous en connaissons certains corps, que l’Église, par son jugement inspiré, nous donne en exemples sûrs. Mais ils sont très nombreux, à la mesure de la puissance et de l’amour de Dieu déployé. La loi de sainteté des Béatitudes, la puissance même de l’Esprit, nous confirment, à travers tant de vies et d’œuvres si diverses, que la sainteté est à tout âge, de tous les âges, de tous les actes. Et si nous sommes dans cette communion des saints, c’est autant par l’effet de la miséricorde divine qu’en tant que saints par vocation que nous sommes chacune et chacun, appelés et aidés à grandir sans cesse, par des actes, vers cet état où nous veut l’amour de Dieu, nous rappelant aussi que nul, hormis Dieu, n’est saint seul, ni pour lui seul, ni sans secours sur son chemin de sainteté. En route, nous voici, aujourd’hui particulièrement, stimulés dans notre désir, encouragés dans notre labeur, confiants dans notre disponibilité à l’Esprit Saint : toute notre vie théologale reçoit, dans la célébration des élus dans la gloire et du don immense de Dieu, une heureuse émulation. La Toussaint est, spécialement, le cocktail multivitaminé et enrichi en protéines dont a besoin notre espérance. Car le Ciel se montre à nous, dans l’action de grâces et l’émotion de savoir tant des nôtres dans le bonheur éternel : Dieu vivant à jamais en ses saints, ceux qu’il illumine déjà, ceux qu’il attire encore, et l’homme vivant pleinement en Dieu.

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