Homélie du 11 juin 2023 - Solennité du Saint-Sacrement

Dieu s’est fait pain

par

fr. Joël-Marie Boudaroua

Pour la première communion de Louise, Paul, Jean-Baptiste, Cyprien, Jules et Grégoire

Frères et sœurs, chers enfants,

La Fête que nous célébrons aujourd’hui, — la Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ —, s’est longtemps appelée, dans notre pays surtout, la Fête-Dieu. C’est le génie de la langue française que d’unir, par un trait d’union précisément, deux mots sublimes : le mot « Dieu » et le mot « fête ». La Fête-Dieu, ce n’est pas seulement la Fête que l’on fait à Dieu, mais celle qu’il est lui-même : Dieu est fête puisqu’il est communion. La Fête-Dieu, c’est Dieu qui vient habiter chez les hommes, Dieu qui vient vivre au milieu de son peuple, Dieu qui vient demeurer parmi nous. Pensez, les enfants, que le Créateur de l’Univers a voulu tout partager de la vie humaine. On dit, dans le Credo, qu’il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. Et il s’est fait homme, en Jésus, pour partager le lot commun de l’humanité : il est né, il a grandi, il a travaillé, il a éprouvé des joies et des peines, il a pleuré à la mort de son ami Lazare, il a été rejeté par les hommes, il a été immolé comme Agneau et il est ressuscité comme Dieu. Il s’est fait vraiment l’un de nous. Mais il a voulu se faire encore plus proche ; alors il s’est fait pain. Celui qui par nature est invisible s’est rendu visible à nos yeux d’abord sous la forme d’un homme, puis sous la forme du pain, le pain de l’Eucharistie que vous allez recevoir pour la première fois.

La Parole qui a créé le monde s’est faite pain pour la vie du monde. Et pourquoi s’est-elle faite pain ? Eh bien, parce qu’il n’y a rien qui nous soit plus proche, plus intérieur à nous-mêmes, — à part nous-mêmes —, que la nourriture que nous mangeons et que la boisson que nous buvons. Elles nous font vivre, elles sont nécessaires à notre croissance et au bon fonctionnement de notre cerveau. Si nous ne mangeons pas et si nous ne buvons pas, nous dépérissons et nous mourrons. Alors Jésus, la veille de sa Passion, la nuit où il fut livré, « prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples en disant prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps ; il prit la coupe de vin, la bénit et la donna à ses disciples en disant : prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang ». Oui, vous avez bien entendu, pour Jésus ce n’est pas seulement le pain et le vin ordinaires qui font vivre ; ce n’est pas un pain et un vin matériels et périssables qui nourrissent notre âme, qui nous font grandir dans l’amour, c’est Moi, dit Jésus, c’est le pain et le vin que je donnerai qui sont la vraie nourriture et la vraie boisson « et le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde ».

Et quand Jésus dit ma chair, il veut dire Moi-même, ma vie qui se mêle à votre vie et la transforme en vie éternelle quand vous me recevez « car tel est le pain venu du ciel, il n’est pas comme celui que les pères ont mangé au désert, eux ils sont morts mais celui qui mange ce pain vivra éternellement ». Alors, me direz-vous, comment cela est-il possible, comme disent les juifs de l’Évangile : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus nous l’explique lui-même quand il dit : « Mes paroles sont Esprit et vie » (Jn 6, 63). Vous voyez, quand le prêtre, après avoir invoqué l’Esprit Saint sur le pain et le vin, dit les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », ces paroles qui sont Esprit et Vie, parce qu’elles sont les paroles de Jésus, rendent ce pain et ce vin spirituels et vivants ; désormais c’est un pain vivant, une boisson spirituelle que nous prenons sur l’autel. Ces paroles de Jésus disent ce qu’elles font et elles font ce qu’elles disent ! Mais cela est peut-être encore un peu difficile. Alors il y a une autre explication que donne Jésus, plus facile à retenir, c’est quand il dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » Or, nous le constatons, Jésus n’est plus là, puisqu’il est retourné auprès du Père et pourtant il a trouvé le moyen d’être présent, vraiment, réellement et substantiellement présent tous les jours jusqu’à la fin du monde et ce moyen, c’est l’Eucharistie. Quand Jésus annonce aux disciples qu’il va les quitter, ils sont tristes et ils lui disent : Ne nous laisse pas seuls, ne nous laisse pas orphelins, donne-nous un autre toi, un autre toi-même. Alors Jésus « invente », pour ainsi dire, l’Eucharistie. Ainsi, chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons la mort et la Résurrection du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne ! Voilà, chers enfants, ce que vous allez vivre aujourd’hui en communiant au corps et au sang précieux du Christ. Et quand vous aurez communié, ce ne sera pas pour autant fini ; quand vous serez retournés à votre place, pensez à une dernière chose, à dire merci au Seigneur : dans votre cœur avec cette prière : Seigneur Jésus, je te reçois aujourd’hui et je me donne à toi pour toujours.