Homélie du 13 avril 2003 - Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux

par

fr. Alain Quilici

Dimanche prochain, ce sera Pâques! Ce simple énoncé réjouit le cœur du chrétien d’une joie qu’aucune joie humaine ne peut égaler.

Aujourd’hui aussi, nous avons connu une grande joie: celle du triomphe de Jésus. Nous avons été émus de voir les enfants de Jérusalem l’acclamer, agiter leurs rameaux et jeter leurs manteaux. Mais nous savions, tout en nous réjouissant, que cette fête est éphémère. C’est la joie d’un moment, un feu de paille. Et des foules versatiles nous en avons vu ces jours-ci. On acclame aujourd’hui ceux qu’on haïra demain.

Le triomphe de Jésus à Jérusalem au jour des Rameaux n’est que l’image de son vrai triomphe, à la fin des temps, quand il reviendra dans la gloire du Père. Ce sera alors un triomphe définitif et ils l’acclameront ceux qui auront mérité de participer à sa gloire.

Et qui sont-ils ceux qui auront mérité de participer à sa gloire? Ce ne sera pas tout le monde, loin de là, contrairement à ce que nous aimerions croire et à ce qu’on nous dit parfois pour nous plaire. Pour mériter de partager la gloire du Christ, encore faut-il avoir vécu la Semaine Sainte. Cette importante semaine qui commence aujourd’hui et qui s’épanouira dimanche prochain dans un merveilleux huitième jour. La liturgie nous donne de la revivre, non au passé mais au présent, car cette semaine est comme le résumé de toute notre vie. Elle nous fait passer des joies de la terre aux joies du ciel, par la descente du vendredi saint et le repos au tombeau du samedi.

C’est une semaine de passage, comme on parle d’examen de passage, ou du passage d’un gué qu’il faut aller chercher profond au fond d’une vallée pour remonter de l’autre côté vers le soleil.

Nous sommes sur une rive, nous avons fait la fête, nous avons chanté hosanna à tue-tête. C’est bien! Maintenant il faut passer. Il n’y a plus rien à voir de ce côté-ci et les lendemains des fêtes humaines sont d’une tristesse à pleurer. Mieux vaut ne pas traîner. Jésus sachant que son heure est venue de passer de ce monde à son Père… L’heure est venue, il faut le suivre: Allons nous aussi, et mourrons avec lui (Jn. 11,16)

Il y a bien des façons de vivre la Semaine Sainte, quelle sera la tienne, mon frère qui m’écoute en ce moment, car ce message n’est pas délivré en l’air, mais il s’adresse à toi. Tu vas entendre maintenant le récit de la Passion du Seigneur dans la version de s. Marc, c’est une des plus saisissantes. Regarde-toi dans cette Passion comme dans un miroir; tu y trouveras toutes les facettes des comportements possibles.

Regarde Caïphe, il est grand prêtre, le serviteur du Temple le garant de la présence de Dieu au cœur de son peuple. Il voit venir à lui le Temple nouveau, la présence réelle. Et il n’a qu’une envie: ne plus en entendre parler, ne plus l’entendre parler.

Regard Pilate, ce petit fonctionnaire qui a la chance de voir sa route croiser celle du Sauveur du monde. Et il s’en moque. Il veut s’en débarrasser.

Regard Pierre, Jacques et Jean. Ils sont les amis de Jésus. Ils aiment Jésus, mais ils dorment n’ayant pas la force de prier une heure avec lui.

Regarde les disciples et entend ce que dit Marc: ils l’ont abandonné et se sont enfuis tous.

Regarde Simon-Pierre. Il a reçu les clefs du Royaume et il ne trouve pas en lui la force de le soutenir dans l’épreuve, ce dont il pleure de toutes les larmes de son corps.

Regarde aussi Simon de Cyrène. L’homme du hasard qui passe par là revenant du travail. Et il devient le premier vrai disciple, puisqu’il porte la croix, la croix de Jésus et qu’il le suit sur le Golgotha.

Regarde Marie-Madeleine et les sainte femmes. Elle regardent de loin. Leur cœur est bouleversé et elles sentent qu’elles ne peuvent rien faire pour lui.

Regarde aussi celle dont Marc ne parle pas, mais qui est là: la Vierge Marie. Elle est toujours là où sont fils est présent. Elle est présente. Elle est debout. Elle monte avec lui son chemin de croix. Elle est partie prenante de tout ce qu’il vit, de tout ce qu’il veut, de tout ce qu’il donne.

Quelle grande semaine nous allons vivre. Et c’est tout un résumé de notre vie. Quelle grande transformation le Seigneur va opérer en nous, nous faisons passer des joies de la divine liturgie aux joies de la communion parfaite. Oui, quelle immense joie nous attend sur l’autre rive.

Encore faut-il passer! Encore ne faut-il pas gâcher cette semaine, ne pas gâcher sa vie à des choses éphémères (plaise à Dieu que ce ne soit pas des choses futiles).

Encore faut-il…

Mais écoute plutôt la passion du Seigneur.

Et d’autres homélies…

Le désir de Moïse, « …puisse tout le peuple être prophète » (Nb 11, 29) repris par l’annonce du prophète Joël « Je répandrai mon Esprit sur toute chair… » (Jl 3, 1) ont reçu leur réalisation définitive le jour de la Pentecôte quand saint Pierre, reprenant l’oracle de...

Préparer son année

Nous voulons, bien évidemment, accueillir dans notre vie Dieu le Père. Et nous attendons avec envie la Sagesse qui lui est associée dont il est question dans la deuxième lecture. Ces biens nous sont promis dans l’Écriture : on fait bien d’en cultiver le désir....

La foi… jusqu’à la Croix

La météorologie de l’évangile est parfois aussi capricieuse que celle des régions tropicales. En quelques instants, on passe d’un ciel serein à des ténèbres de nuages, du beau temps à la tempête. C’est le cas aujourd’hui avec cet épisode bien connu, celui de la...