Il y eut un soir, il y eut une nuit : Noël !
Il y eut une étoile qui brillait le jour.
Il y eut une étoile qui éclaire le chemin : Épiphanie !
Noël : Dieu vient, il tient ses promesses, c’est solide, c’est visible. Il y a une date, un lieu, sans adresse postale, il y a Joseph et Marie et des témoins, bergers, anges, âne, bœuf. Tout y est.
Dieu est là dans l’enfant de la crèche. La Parole de Dieu l’avait annoncé, le voici.
Il vient dans la nuit de l’histoire pour donner la lumière de l’espérance ! Un sauveur nous est né !
Épiphanie : L’étoile conduit depuis les extrémités de la terre jusqu’à cet enfant à peine né.
Derrière les rois mages, une longue procession, une immense manifestation du peuple de l’humanité vers celui que la Parole de Dieu appelle le « Désiré des Nations ». Il est là, à Bethléem.
La fête de l’Épiphanie est complète, entière, totale. Dieu vient à nous pour que nous allions à lui. Quand il vient, il ne cesse de venir. Il nous appelle à venir à lui par sa Parole : il est grand le mystère de la foi, mystère d’un Dieu qui est Amour, il crée et il sauve, il attire à lui en nous aimant le premier.
Dieu a préparé sa venue en appelant le peuple des descendants d’Abraham aussi nombreux que les étoiles et Dieu a tenu sa promesse. Noël.
Le mystère révélé par l’Épiphanie consiste en ceci : « Toutes les Nations sont associées à cette promesse dans le Christ par l’annonce de l’Évangile » (Ep 3, 6).
Quelle Bonne Nouvelle de l’Épiphanie ! Il n’y a plus ni juif, ni païen ; des deux peuples, il fait un seul peuple à nouveau qui vient à Jésus pour être illuminé par la vérité de ce mystère.
3. Cette vérité est une étoile qui éclaire en plein jour le chemin de vie sur cette terre : cette étoile a pour nom Espérance. Quand nous la discernons dans le ciel et qu’elle nous guide, c’est que nous espérons trouver la vie dans ce pèlerinage. Dans la joie de l’Épiphanie, c’est aussi apprendre, de l’étoile que Dieu a mis dans le cœur de tout homme, le désir d’aller à lui. C’est pourquoi la Bible appelle Jésus le « Désiré des Nations » (Aggée 2, 8).
Qui sont-ils ces mages qui viennent de si loin, de tellement loin qu’ils ne savent pas que Dieu a appelé Abraham ?
Ils incarnent le pouvoir, l’avoir et le savoir. Tout cela est bon si l’on part dans l’espérance. Car cette rencontre avec un nouveau-né dans la pauvreté d’une crèche est un mystère joyeux et bouleversant. D’un cœur sans partage, les rois mages offrent l’or de leur avoir, ils adorent le Tout-Puissant révélé dans la faiblesse, ils sont conduits à la foi par la connaissance des étoiles.
L’étoile de l’espérance conduit à un bouleversement de vie et de joie.
À partir de ce « désir de lui » que Dieu a mis en nous dans une liberté totale et gratuite, venez manifester la gloire de Dieu déposée dans une crèche ! Si l’on traduit Épiphanie par « manifestation », nous pouvons dire que la messe du dimanche est la « manif » des chrétiens qui sortent de chez eux pour venir à l’Église et manifester leur foi en Jésus-Christ.
Pour cela je retiens trois signes d’espérance à cultiver :
1. Éclairer sa vie à la lumière de l’Évangile. Il ne suffit pas de choisir certains passages mais laisser toute la place à l’Évangile comme la lumière qui nous fait chrétiens en vérité dans le monde. Vivre non plus à partir de soi mais à partir de la vie de Jésus.
2. Apprendre à vivre à partir de ceux qui sont en échec de la vie du monde quand le monde veut être autonome, loin de Dieu qui peut justement sortir le monde de sa zone de confort égoïste de l’avoir/pouvoir/savoir fermé sur soi.
C’est le psaume 71 de ce jour qui nous fait reconnaître que Dieu, rencontré à la crèche, est le vrai roi qui régit le monde à partir des plus pauvres qu’il regarde en premier : « Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux ! Montagnes, portez au peuple la paix, collines, portez-lui la justice ! Qu’il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu’il sauve les pauvres gens, qu’il écrase l’oppresseur ! Qu’il dure sous le soleil et la lune de génération en génération ! Qu’il descende comme la pluie sur les regains, une pluie qui pénètre la terre. En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes ! Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre ! » Psaume de l’espérance qui nous aide spécialement à prier aujourd’hui.
La Bonne Nouvelle immense de Noël/Épiphanie commence par la rencontre, l’écoute et la lumière de ceux que le monde ne peut pas voir — ils se disent invisibles pour ceux qui comptent —, des plus cabossés par la vie d’échec qui ont une espérance en Dieu chevillée au corps.
3. Devenir artisan de paix dès aujourd’hui. Appeler l’Esprit Saint, la colombe et son rameau d’olivier pour faire la paix avec vous-même, en famille et de proche en proche pour faire de l’Église un peuple immense d’artisans de paix.
Car l’Épiphanie nous demande d’aller dans la Paix du Christ, porter la paix de Jésus au monde.
Car il nous faut revenir par un autre chemin que celui où Hérode le malin nous attend, chemin du pouvoir, de l’avoir et du savoir pour le monde et non pas pour le pauvre, pour l’accumulation et non pas pour le partage. Hérode le violent perclus de haine qui attire les mages dans le secret, — du pouvoir et de l’argent — dans le piège de la violence et de la corruption.
Cet autre chemin est le chemin de l’étoile de l’espérance et de la rencontre qui change la vie.
En guise de bonne fête, je vous donne en cadeau un homme à l’étoile qui a illuminé le monde de son espérance au nom de Jésus : saint Dominique. Pendant onze ans dans notre Midi, il est allé les mains vides, à pied, rencontrer celles et ceux qui s’éloignaient de la vraie foi pendant que la guerre faisait rage autour d’eux. Saint Dominique est porteur pour nous de l’étoile de l’espérance !