Aujourd’hui deux paroles ont retenti à nos oreilles et nous devons d’autant plus les écouter que le Seigneur vient de nous dire que si nous entendons sa voix, nous serons son bien le plus cher.
Voici la première de ces paroles : La preuve que Dieu vous aime c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions pécheurs. Vous avez reconnu s. Paul aux Romains. Et voici la seconde, c’est s. Matthieu qui parle : Jésus voyant les foules fut pris d’une grande pitié pour elles, parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger.
Alors que nous étions pécheurs, il nous a aimés à en mourir ! À la vue de la foule abattue, Jésus est pris de pitié ! L’enseignement de la liturgie de ce dimanche c’est ce regard de Dieu sur nous. Il trouve notre humanité fatiguée, abattue, désorientée. Il la voit tourner en rond comme dans une cage, sans perspectives ni espérance, se heurtant à ses limites et à ce butoir de la mort qui rend tout si précaire. Nous aspirons à l’éternité et nous pataugeons dans la boue. Nous rêvons de grandes choses mais le quotidien nous submerge et nous étouffe. On ne vit pas, on survit !
Jésus en son cœur divin en est bouleversé ! Et dans son cœur humain, il expérimente et partage cette détresse. Mais il n’en prend pas son parti. Lui de condition divine, lui qui voit les choses du point de vue de Dieu, nous assure que la moisson s’annonce abondante, même si les ouvriers sont peu nombreux. Et il choisit et appelle lui-même les ouvriers nécessaires. Il ne nous abandonne pas mais nous confie aux pasteurs dont nous avons besoin pour nous guider : ce sont ces Douze dont les noms sont cités. Et il leur confie des pouvoirs quasi-divins : guérir les malades, ressusciter les morts, chasser les démons !
Il les envoie au cœur de cette foule abattue. Il leur confie d’abord et avant tout la Mission de parler au nom de Dieu, de dire cette parole qui relève, qui redresse, qui rend la vie, car cette parole est de Dieu. Il leur confie la mission de rassembler ceux qui erraient sans but et de les inviter nommément à entrer dans son Royaume.
Mes frères, nous avons été et nous sommes les premiers bénéficiaires de cette intervention miséricordieuse et compatissante de Dieu. Nous sommes le peuple jadis dispersé et abattu, mais aujourd’hui relevé et rassemblé. C’est à nous que furent envoyés les Douze et leurs successeurs, à nous qu’ils ont adressé la parole de la vie, chez nous qu’ils ont guéris des malades et chassé des démons. C’est à nous que Dieu, par le Christ Jésus, a transmis sa propre vie, nous qui étions pécheurs. C’est à nous aussi qu’il confie maintenant le ministère de la compassion, de la miséricorde et de la réconciliation.
Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement !
Ce que Dieu a fait pour nous, nous devons le faire à notre tour. Jésus nous confie sa parole. Nous ne devons pas douter qu’elle agira dans le monde, comme elle a agi en nous.
Ne recherchez ni le nombre, ni les résultats à vue humaine, nous dit le Seigneur. Annoncez seulement ce que vous-mêmes avez appris de Dieu, ce qui, par pure grâce, a illuminé et transformé votre vie.
Mes frères, nous voilà, tels les Douze, investis d’une lourde charge. Nous avons beaucoup reçu, nous devons donner largement. Il ne nous est pas demandé de tout faire, car c’est Dieu qui agit en tout. Mais Jésus nous invite à redoubler de prière pour que le Maître de la moisson envoie des ouvriers pour sa moisson. Il nous demande de ne pas démissionner dans l’annonce de l’évangile. Il nous demande de ne pas nous décourager à la vue de ces foules contemporaines qui dérivent loin de Dieu, au gré des passions et des pressions.
Il nous demande de partager cette immense pitié qui l’étreint à la vue de la misère de notre monde, et de nous souvenir toujours que jamais Dieu n’abandonne ceux qu’il a créés pour partager sa gloire !
Si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon bien le plus précieux, dit le Seigneur.