Homélie du 11 octobre 2012 - Centenaire de l’ordination épiscopale de Mgr Carrérot

Il est passé en faisant le bien

par

fr. Timothée Lagabrielle

Aujourd’hui, j’aimerais nous emmener faire un petit voyage dans le temps et revenir 100 ans en arrière, en 1912.

Nous sommes alors dans une époque troublée : notre église de la rue Espinasse est encore sous scellés depuis les expulsions de 1903, des ouvrages du Père Lagrange sont interdits dans les séminaires et au milieu de ces évènements difficiles, notre Province de Toulouse a aussi vécu une belle page d’histoire puisque c’est à ce moment, le jeudi 10 octobre 1912 … c’était hier! – qu’a eu lieu dans la cathédrale Saint-Étienne, l’ordination épiscopale du fr. Dominique Carrérot. C’est à propos de cette belle figure que je voudrais dire quelques mots.

Mgr Carrérot a été un ouvrier de la première heure: né à Pamiers en 1863, il entre à 14 ans à l’école apostolique que nos frères tenaient à Mazères. Là, comme tant d’autres jeunes garçons, sa ferveur va être habilement cultivée pour qu’il porte un beau fruit de grâce.

En 1880 il rentre au noviciat à Saint-Maximin mais les lois antireligieuses entrainent l’exil de la communauté et c’est à Salamanque qu’il va suivre toutes ses études jusqu’à l’ordination presbytérale.

Sitôt l’ordination reçue, il est envoyé au Brésil où il participe à la fondation de la 3e maison de la mission, à Porto Nacional. Dès son arrivée au Brésil il aura donc connu la vie la plus difficile: au cœur de la brousse et dans une communauté en formation.

En 1900, il quitte Porto Nacional pour aller encore plus avant dans les terres et rejoindre le Père Gil Villanova à Concéiça do Araguaia, l’embryon de ville qu’il a fondée en vue de l’évangélisation des Indiens. Fr. Dominique sera le compagnon puis le successeur de Frai Gil. Il va voir mourir tour à tour les trois frères qui l’avaient devancé à Concéiça. Aucun d’ailleurs ne mourra dans son lit, puisqu’ils seront emportés par les fièvres ou les eaux du Tocantins lors de tournées apostoliques.

En 1911, fr. Dominique est élu délégué au chapitre provincial. Il quitte donc les rives de l’Araguaia, traverse la moitié du Brésil seul en pleine saison des pluies et rejoint la France qu’il n’a pas revue depuis 15 ans.

C’est là qu’il aura la surprise d’apprendre sa nomination comme premier prélat de Concéiça. Son ordination épiscopale faisait de lui l’évêque d’un diocèse grand comme la France et pourvu en tout et pour tout de 4 prêtres (l’évêque y compris), tous Dominicains.

Au moment où les fêtes de son sacre battait leur plein et où le Père Tapie, notre provincial, promenait fièrement «son» évêque dans une tournée de conférences, fr. Dominique ne pensait qu’à rentrer dans son couvent pour y reprendre la tâche apostolique avec encore plus de ferveur. Dans son discours après l’ordination, il mentionnera avec beaucoup de chaleur ses compagnons «encore à la peine, travaillant avec modestie et silence et qui ne se doutent guère de ce qui se passe [alors à Toulouse]», ce qui est vrai puisque les nouvelles mettent environ 3 mois à arriver à Concéiça où on n’apprendra la nomination qu’un mois après son sacre!

De retour au Brésil, Mgr Carrérot continuera à travailler à l’évangélisation des Indiens et des autres habitants de son immense diocèse. En 1920, il quitte Conceiça pour devenir le premier évêque de Porto Nacional où il poursuivra la même activité jusqu’à sa mort des suites d’une insolation lors d’une randonnée apostolique en 1933.

Le Père Audrin qui a passé de nombreuses années à ses côtés le décrivait par deux qualités: humilité et volonté.

Mgr Carrérot était humble, toujours prêt à obéir et à servir chacun, surtout les plus petits. Devenu évêque, il continuera simplement à suivre la vie des frères dans le couvent dominicain. Humble aussi parce qu’il se défiait de lui-même et était toujours insatisfait de ses œuvres.

Mais il a aussi été plein d’énergie et de volonté quand il le fallait, notamment pour entreprendre ses nombreuses tournées apostoliques dans la brousse. Comme Notre Père S. Dominique, il savait aussi demeurer ferme dans les décisions qu’il prenait après un long temps de discernement.

Avec Mgr Carrérot, nous revivons les plus belles pages de l’âge apostolique quand nous le voyions accomplir par barque ou à dos de cheval de longues tournées pour visiter toutes les communautés chrétiennes de ses immenses diocèses, endurant pluie, chaleur, maladie et toutes sortes de privations.

Que son souvenir et son exemple nous stimule encore! Et confions à son intercession les diocèses de Concéiça et Porto Nacional et leurs pasteurs.

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