Homélie du 6 juin 1999 - Fête du Saint Sacrement (1ères communions)

« Il vient combler notre faim »

par

fr. Rémy Bergeret

      Vous voici donc réunis autour de cette Table sainte, afin de communier pour la première fois au Corps et au Sang du Christ et si vous faites aujourd’hui cette démarche, ce n’est pas d’abord pour faire plaisir à vos parents ou poussés par eux, c’est en vérité parce que depuis plusieurs années vous avez faim du Christ, comme ces bébés ou ces pitchouns de 3 ans qui. tendent la main et à qui je fais un signe de croix en leur disant «Patience»; et vous-mêmes, ces derniers mois aux célébrations du catéchisme, je vous bénissais de la même manière. Alors vos catéchistes vous ont aidé à discerner le bon moment et vous ont préparé à ce grand jour. Mais au départ, vous avez eu faim de cette rencontre avec le Christ, de cette communion à sa Présence.

      Eh bien voyez-vous, l’Évangile vient de nous le rappeler: Jésus a compris nos faims et il a voulu les combler. D’abord en rassasiant nos faims matérielles par ce geste fort de la multiplication des pains. Et puis aussitôt après, il donne le sens de ce signe inouï et c’est le discours du Pain de Vie dont nous avons entendu, un passage: «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour». C’est pour cela que juste avant sa mort, le Jeudi Saint au cours du dernier repas, il substitue l’Eucharistie: Prenez et mangez, prenez et buvez, avec ce mandat précis donné aux disciples: «Faites ceci en mémoire de moi». Et c’est pourquoi 2000 ans après, nous refaisons ce geste de la fraction du Pain, afin que le monde ait la vie, et que cette vie éternelle soit communiquée aux hommes. Car c’est la volonté même de Jésus de vouloir demeurer en nous. Formidable désir de Dieu qui n’en finit pas de venir ainsi nous visiter.

      A ce titre, n’oublions pas que ce désir en Dieu s’est déjà concrétisé à Noël, à l’Incarnation. Ce jour-là, Dieu s’est fait homme, le Verbe s’est fait chair, et en germe, il y a le Corps livré, le Sang versé. Oui, le Verbe s’est fait Pain Vivant descendu du ciel pour être notre nourriture.

Mais attention, la nourriture que vous allez prendre tout à l’heure n’est pas une portion individuelle d’un gâteau ordinaire (comme au goûter). La multitude que nous formons ce matin va se mettre en marche, en procession pour communier à l’unique Corps, car nous avons part à un seul pain. Le mot communion d’ailleurs n’indique pas seulement que nous sommes unis au Christ et entre nous par l’action de l’Esprit Saint. Il signifie aussi que nous allons puiser des forces neuves à la Source vive, pour être dans le monde (à l’école, en famille) de vrais témoins du Christ, pour communiquer à notre tour sa Vie, sa Joie, sa Paix autour de nous et nous portons ensemble cette charge commune, cette mission.

      Et vous, chers parents, familles et paroissiens anciens communiants, frères aimés dans la foi, croyez-vous aussi cela? Êtes-vous bien convaincus d’accueillir chaque dimanche – à frais nouveaux – la vie même de Dieu?

Prenez garde et soyez attentifs à ce que vos communions ne deviennent pas routinières ou machinales avec l’usure du temps alors que c’est toujours un temps de grâce, le temps de rencontrer en vérité le Seigneur qui nous rejoint avec force et douceur.

      Ah! chers enfants, l’Eucharistie est vraiment le plus beau cadeau que Jésus nous ait fait au sommet des sept sacrements et de toute la vie chrétienne, au centre de l’Église. Alors ce que je vous souhaite de grand coeur c’est d’avoir toujours faim du Corps du Christ, de venir vous en rassasier régulièrement – à chaque dimanche ou en semaine – afin de goûter la présence du Seigneur au plus intime de vous, sa bonté et son Amour. Amen.