Homélie du 9 avril 2006 - Dimanche des Rameaux

Jésus à Jérusalem : acclamons-Le en son déconcertant Triomphe

par

fr. Bernard Autran

Voici le porche du Mystère Pascal, la grande Semaine où va se nouer la merveille de l’Alliance que Le Seigneur, depuis des siècles, projetait d’engager entre l’humanité et Lui. Les dimanches du Carême nous en ont rappelé quelques étapes, Noé, Abraham, la Loi donnée à Moïse, la difficulté à l’observer, enfin la promesse d’une Alliance Nouvelle. Et le Peuple restait soumis à une double servitude, extérieure par l’occupation des étrangers, intérieure car beaucoup ne mettaient pas leur cœur à répondre au Seigneur.

Dans l’impatience d’être délivrés, ils attendaient que Dieu leur donne un Roi puissant. Jean Baptiste en a annoncé la venue. Manifesté Fils de Dieu, Jésus est pourtant apparu dans la discrétion, au point que Jean a demandé si l’on ne devait pas en attendre un autre! Lui a cherché à faire comprendre aux siens que son Choix était tout autre que d’exercer une puissance à la manière violente des hommes. Reconnu comme Messie, Il a pris la route de Jérusalem sachant bien ce qui L’y attendait! Sa Transfiguration avait montré quelle Splendeur jaillissait de son choix! Plusieurs fois, Il a refusé d’être pris comme Roi car on ne pouvait pas comprendre comment Il voulait l’être. Chassant les marchands du Temple Il a provoqué ses adversaires. Faisant sortir vivant Lazare de son tombeau, Il S’est montré Maître de la Vie. Maintenant enthousiastes, les gens de Jérusalem et ceux qui y étaient venus pour la Fête de la Pâque Lui improvisent un modeste triomphe. Il entre dans la Ville non sur un cheval, symbole, à l’époque, de puissance militaire, mais sur un âne. Ils Lui font un « tapis rouge » avec leurs manteaux, et L’acclament, palmes en mains, Vrai Roi d’Israël si longtemps attendu!

La lecture de Paul aux Philippiens, puis celle de la Passion, cette année, selon Saint Marc, vont nous aider à un peu mieux saisir l’immense Réalité: à l’inverse de la violence des hommes, Il la laisse s’exercer sur Lui avec la dernière atrocité, Il vient Se faire Le Roi qui va régner sur les cœurs. Donné jusqu’à la Croix dans Son invraisemblable Amour, Il va tout attirer à Lui! C’est dans ces sentiments que nous allons L’acclamer! Nos rameaux verts vont affirmer que, s’Il va affronter la mort, c’est pour en être vainqueur! Proclamons notre FOI en Jésus: Son AMOUR est plus fort que la mort!

Isaïe, le psaume 21, la cantique de l’Épître aux Philippiens nous ont donné le ton: Les juifs ont acclamé Jésus comme Roi Sauveur sans savoir comment Il allait remporter Sa Victoire. Nous qui avons la joie de partager la Foi de l’Église, en écoutant le récit de Sa Passion, nous allons proclamer comment Il a été le plus fort en affrontant en Son immense Amour souffrance et mort. Ainsi nous entraîne-t-Il dans Sa Vie nouvelle. Marc, plus concis que les autres Évangélistes, son récit de la Passion est plus bref, et le lectionnaire l’a pris plus haut. Il nous donne d’y lire ce qui prélude à son déclenchement, et d’abord le dessein des chefs des prêtres de Le faire mourir. Bien consciemment Il ne cherche pas à échapper: chez Simon le Lépreux, Il affirme que le parfum versé sur Lui par une femme l’est en prévision de sa sépulture! Alors Judas cherche une occasion favorable pour Le livrer. Son dernier Repas qui est celui de la Pâque Lui est l’occasion de le montrer, on ne va pas Lui arracher Sa Vie: à travers le Pain, c’est Son Corps qu’Il donne aux siens, et en le Vin, Il le fait comprendre, Son Sang ne va pas être bu par la terre, mais par ses disciples. Par cette communion Il va infuser en eux Son Amour. Ils le feront rayonner sur leurs frères!

Mais bientôt, Il va être seul! Il le leur annonce, ils vont L’abandonner! Et Il va ressentir l’immense poids de l’épreuve qui L’attend: Angoissé, Il demande à Son Père d’éloigner cette « heure », puis Il reçoit la Force de dire: «  Non pas ce que Je veux, mais ce que Tu veux!  » Seul, Il va porter le poids effrayant du péché, la férocité des hommes. Marc en souligne la noirceur, il relève en particulier ce cri de détresse: «  Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’as-Tu abandonné!  » Mais quand la cruauté des hommes aura atteint son sommet, affleure le premier rayon de la Lumière. Elle présage à la joie de l’Alliance ouverte à tous les hommes: un païen, pire, le centurion chargé de commander l’exécution s’écrie à la vue de la manière dont Il avait, par Amour, dominé la souffrance de son supplice: «  Vraiment, cet Homme était Fils de Dieu!  » Écoutons debout ce récit, nos rameaux en mains. Ainsi proclamerons-nous notre Foi en la Victoire réelle de Celui dont l’écriteau de la croix disait par dérision ce dont nous avons le conviction avec l’Église: Il est Le Roi véritable, non seulement des juifs, mais de tous les croyants, Lui qui ne soumet pas par peur ni violence, mais attire tout à Lui en nous bouleversant! Abaissé jusqu’à la Croix, la Splendeur du Don de Lui-même va éclater en la Gloire de Sa Résurrection. Lui que nous savons maintenant souverainement exalté, proclamons Lui notre reconnaissance, rameaux en mains. Ainsi nous entraînera-t-Il à sa suite à nous donner à Notre Père et à nos frères. En fêtant à Pâque Son immense Joie, nous nous réjouirons d’avance de celle dont Il veut nous combler un jour avec Lui!

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