Aujourd’hui le Seigneur Jésus met un terme à son aventure terrestre. Il l’a menée à bien. Il a réussi sa vie. Il a d’abord vécu comme tout homme qui vit et meurt. Il l’a ensuite menée à bien surtout en dépassant la mort et en entrant dans la gloire. Il montre ainsi ce qu’est la destinée de chacune de ces créatures humaines que nous sommes: créées pour Dieu elles sont faites pour la gloire de Dieu, pour la vie éternelle.
Ce que nous célébrons aujourd’hui c’est la parole éternelle du Père, cette parole qui a pris notre nature humaine, qui reprend sa place auprès du Père. C’est ce que la Liturgie exprime à la suite de s. Paul en disant: Celui qui était descendu est remonté. Un jour il descendra à nouveau pour nous prendre avec lui et nous faire monter auprès du Père.
Ainsi l’Ascension du Seigneur n’est pas un point final. Elle marque au contraire une étape décisive dans l’histoire des relations de Dieu avec nous. C’est une transition. Désormais la nature humaine est associée à la Gloire de la Sainte Trinité. Aujourd’hui, nous fêtons le triomphe de notre humanité: Jésus vrai Dieu et vrai Homme associe notre humanité à la vie de Dieu.
Les Apôtres, au jour de l’Ascension, sont saisis par la splendeur de ce mystère. Ils n’arrivent pas à détacher leurs yeux du ciel où ils voient Jésus dans la splendeur de son triomphe. Ils voient, comme dira s. Étienne, les cieux ouverts et Jésus dans sa gloire.
Et ces deux créatures toutes de blanc vêtues qui les arrachent à leur contemplation pour les ramener sur terre évoquent irrésistiblement pour nous ces deux anges qui accueillent au tombeau les saintes femmes au matin de la résurrection. Ils ne sont pas tant des anges, ni des hommes, que le Seigneur lui-même qui se met une nouvelle fois à la portée de ses disciples pour leur redire ce qu’il leur avait déjà dit: Il reviendra Celui qui s’en est allé. Il reviendra comme il s’en est allé!
Et les Apôtres entrent dans ce temps nouveau qui est le temps de l’Attente. Ils doivent attendre, attendre la venue de l’Esprit qui leur expliquera toutes choses et qui leur donnera la force de les vivre; attendre le retour du Christ qui mettra un terme à l’histoire et au temps chronologique; attendre d’entrer eux-mêmes dans cette gloire de Dieu et d’y prendre la place qui leur est réservée.
Mes frères, nous sommes et nous devons être de la race rare de ceux qui savent attendre, qui savent espérer. Nous aussi, nous à notre tour, comme chaque génération avant et après nous, nous attendons la venue du Seigneur et nous ne vivons, nous ne devons vivre que dans cette perspective, car elle transforme tout.
Si les vêtus de blanc nous ramènent sur la terre, ce n’est pas pour que nous nous y installions, au risque d’oublier le ciel, car ce n’est pas encore le temps de la moisson, mais bien le temps de la mission, mais pour que nous fassions pour notre génération ce que les Apôtres ont fait pour la leur: alerter le monde que désormais la route du ciel est ouverte, un premier homme est passé, tous suivront! Lui annonce (ce qui reste toujours une bonne nouvelle) que nous sommes faits pour le ciel, pour vivre avec Dieu et non pour terminer sur terre avec la mort. Lui annoncer que tout ici-bas doit être orienté vers cette destinée. Tout ce qui est dérisoire, futile, mondain, se dissipera comme brumes matinales au soleil de midi, mais tout ce qui est essentiel durera. Et qu’y a-t-il de plus essentiel que cet amour de charité dont le Christ nous a aimés et qu’il nous ordonne de vivre.
Voilà le message de l’Ascension. Il est simple et il met en place toute notre vie: il nous donne l’espérance.