Homélie du 1 mai 2022 - 3e Dimanche de Pâques

La vraie lumière de l’Amour !

par

fr. Gilles Danroc

Troisième rendez-vous avec le Ressuscité !
Il vous invite à son petit-déjeuner au bord du lac.

Aujourd’hui, le Christ ressuscité recrée le monde dans sa Lumière,
Aujourd’hui, le Christ ressuscité nous invite au petit-déjeuner de la victoire de la lumière sur la nuit,
Aujourd’hui, le Christ ressuscité demande à chacun de nous de répondre par sa vie à l’appel de son amour,
Aujourd’hui, le Christ ressuscité nous envoie, forts de son amour, en mission de pêcheurs d’hommes avec le filet que jette l’Église.
Aujourd’hui, donc, le jour se lève, ouvrez bien grand les volets et laissez la lumière de l’amour irradier votre vie. Regardez bien de tous vos yeux. L’aube nouvelle repousse la nuit et se reflète sur le lac de Tibériade comme une mer étale, sereine, enfin calmée dans l’espérance du jour qui vient. Tout autour, on discerne doucement la ceinture des falaises couvertes de vert tendre. Déjà pointe la simplicité sublime de la création qui vient au jour.

Souvenez-vous, Dieu a créé le monde, le premier jour de la création. Il a séparé les eaux d’en haut, le ciel, des eaux d’en bas, le lac. Avant de créer le soleil, la lune et les étoiles, il a ouvert, par sa parole — il dit et il fait — l’espace de la vie alors que la confusion du tohu-bohu empêchait de respirer (Gn 1, 1-8). Au bord du lac, avant que le soleil ne se lève en son aurore, une autre lumière éclaire le monde, la lumière du Christ ressuscité où l’univers est recréé selon l’amour. Saint Jean l’annonce dans le prologue de son Évangile : « Le Verbe était au commencement vers Dieu, tout fut par lui et sans lui rien ne fut. En lui était la Vie et la Vie était la lumière des hommes. Et la lumière dans les ténèbres brille et les ténèbres ne l’ont pas saisie… Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 4…11). Jésus ressuscité fait briller le véritable soleil de justice comme la lumière de l’amour plus fort que la mort traversée. La résurrection est la recréation du monde selon l’amour vainqueur. Au bord du lac, Jésus fait briller Dieu dans sa chair de lumière. C’est bien lui, les disciples discernent sa présence : la lumière du jour nouveau transfigure le monde.

La nuit a été longue, stérile, pénible. Pierre et ses compagnons se sont épuisés à ne rien prendre. Cette nuit figure l’ombre de la mort que l’homme donne à l’homme depuis que Caïn a tué Abel, son frère. Cette nuit exprime les ténèbres du péché que les hommes préfèrent à la lumière. La nuit cache les complots, les conspirations intérieures de la jalousie. Elle prépare les mensonges et fabrique la haine. Nuit de tous les vols, les viols et les violences. Car la violence rebondit sans cesse dans le cycle infernal de la vengeance à l’infini. Ténèbres d’où surgissent les guerres. On en vient même à nationaliser Dieu pour justifier des guerres.
Les ténèbres ont envahi le monde entre la sixième et la neuvième heure un certain Vendredi Saint sur la colline du Golgotha, pour éliminer Jésus, Lumière du monde, qui éclaire le chemin de la vraie vie par son Évangile, l’enfouit dans la terre. Mais Jésus n’est pas resté dans la nuit du tombeau parce que sur la croix il a tué la haine. Il a pris sur lui la violence des hommes qui ne savent pas ce qu’ils font quand ils tuent. Il a cloué sur le bois la course folle de la vengeance sans fin. Il a demandé à son Père le pardon qui établit la paix par le sang de la croix.
C’est de cette nuit-là que le Christ nous libère par la lumière d’amour de sa résurrection. Il arrache chacun d’entre nous, un à un s’il le faut, de la ténèbre du péché que nous sommes toujours tentés de préférer à l’Évangile. Nous savons bien que la nuit nous repose du jour dans le temps qui passe. Mais si nous choisissons la lumière avec la force de l’Esprit Saint, l’autre temps de ce jour nouveau nous conduit au Royaume de l’amour qui n’a pas de fin.

En ce matin splendide au bord du lac, venez tous les épuisés de la longue nuit d’où l’amour a disparu. Venez, le Ressuscité en sa lumière de gloire fait briller l’amour de Dieu sur le monde nouveau qui a commencé le matin de Pâques. Venez, les sauvés des Ténèbres car vous êtes enfants de lumière. Venez, le Christ vous invite au petit-déjeuner de la joie. Il ouvre les bras et vous donne du pain et du poisson grillé. Car Dieu révèle la toute-puissance de sa victoire sur le mal et la mort par une délicatesse infinie. Si nous sommes capables de singer la toute-puissance de Dieu en figure de la tyrannie, nous ne pouvons défigurer la simplicité de Dieu qui prend chacun de nous et nous tous ensemble dans sa tendresse. Et au bord du lac un chant se fait entendre : viens ma bien-aimée, viens ma toute belle, viens Église du Seigneur et entraîne l’humanité entière dans la danse de la lumière. Viens, Terre bénie sortie de mes mains, élance-toi dans la lumière de l’amour car l’hiver s’en est allé. Il pensait geler la sève de l’amour jusqu’aux racines mais entends les gais refrains car vient la saison de la vie et le jour de la nouvelle naissance. Lève-toi et danse en ce printemps définitif (cf. Ct 2, 10-13).
Viens Pierre dans la lumière de l’amour. La Résurrection a lavé la mémoire de la honte. Te voici nouveau comme au premier jour de ton appel. Et conduis l’Église à jeter les filets à la lumière de l’Évangile. Alors le filet ne se déchirera pas.
Aujourd’hui, enfin, Jésus nous pose la question essentielle : m’aimes-tu vraiment ? Prends le temps de répondre en vérité et du fond de ton cœur : alors suis le Ressuscité dans la lumière de l’amour.
Telle est notre espérance.

(Ac 5, 27-41 – Ps 29 – Ap 5, 11-14 – Jn 21, 1-19)

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