«Prenant alors les cinq pains et les deux poissons, il leva les yeux au ciel, les bénit, les rompit et il les donnait aux disciples pour les servir à la foule» (Lc 9, 16).
Trois fois le Seigneur Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples: la première fois, au bord du lac de Tibériade, rassasiant cinq mille hommes la deuxième fois, dans la chambre haute à Jérusalem donnant aux Douze le mémorial de sa Passion la troisième fois, à l’auberge d’Emmaüs illuminant les yeux des disciples dans la lumière de sa résurrection.
Trois fois, par le signe du pain rompu, le Seigneur nous fait entrer plus avant dans le mystère du Royaume et notre eucharistie dominicale nous fait revivre chacune de ces trois étapes.
» Il fit bon accueil aux foules, leur paria du Royaume de Dieu et rendit la santé à ceux qui avaient besoin de guérison « (Lc 9, 11).
Foules perdues en quête d’une parole qui donne sens à la vie – Jésus leur parle du Royaume
Foules de malades en quête de guérison Jésus leur rend la santé
Foules d’affamés qui inquiète les Douze » Renvoie la foule car nous sommes ici dans un endroit désert « (Lc 9,12).
Mais Jésus veut rassasier les foules au delà de ce qu’elles peuvent attendre et comprendre
Jésus veut enseigner aux Douze comment rassasier les foules à qui ils seront envoyés
» Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9, 13)
et si les foules sont perdues, malades et affamées, les Douze sont pauvres et démunis cinq pains et deux poissons
les foules ont présenté au Seigneur leur détresse, leurs maladies, leur faim:
elles ont reçu de Lui parole, guérison et pain;
les Douze présentent au Seigneur leur dénuement:
Il en fait une surabondance;
«Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés et ce qu’ils avaient de reste fut emporté douze couffins de morceaux» (Lc 9, 17)
et c’est bien ainsi que nous sommes à l’ouverture de chacune de nos eucharisties
nous sommes ces foules en quête de sens et nous désirons entendre la parole de vie du Christ
Tout homme perdu doit pouvoir prendre place parmi nous et recevoir une parole;
nous sommes cette foule de malades du corps ou de l’âme qui espère du Christ pardon et guérison
Tout homme pécheur et malade doit pouvoir prendre place parmi nous et recevoir miséricorde
mais nous tous, baptisés, reconnaissons-nous notre détresse et notre misère dans le jeune et la prière, les larmes et le repentir?
et nous, mes frères prêtres, qui tenons la place des Douze, le faisons-nous en remettant au Seigneur notre dénuement
dans le service et l’humilité, pour que Lui rassasie son peuple?
Si oui, avec Pierre, nous pouvons confesser: » Tu es le Christ de Dieu « (Lc 9, 20) et entrer dans la chambre haute à Jérusalem.
» Lorsque l’Heure fut venue, il se mit à table et les apôtres avec lui. Et il leur dit: J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir « (Lc 22, 14-15).
Les foules sont parties; masse anonyme des consommateurs, elles ont reçu parole, guérison, pain
elles sont rassasiées, cela leur suffit.
Ce soir demeurent les apôtres, ceux qui ont reconnu le Donateur et l’ont suivi à Jérusalem
ceux-là ont confessé » Tu es le Christ de Dieu » (Lc 9, 20)
ceux-là ont accepté » Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour et qu’il me suive « (Lc 9, 23)
ceux-là ont espéré » Il en est de présents ici qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu » (Lc 9, 27).
Au soir de la multiplication des pains, il leur a révélé combien il veut rassasier en surabondance ceux qui lui abandonnent leur pauvreté;
Au soir de la passion, il leur révèle de quelle vie surabondante il veut rassasier ceux qui le suivent
» puis prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: «ceci est mon corps donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi» « (Lc 22, 19).
Celui qui guérit nos corps malades nous donne son propre corps livré à la mort pour qu’en nous la mort soit détruite et la vie éternelle;
» il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant:
«Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous>» « (Lc 22, 20).
Celui qui apaise nos âmes perdues nous donne son propre sang versé par amour pour que brûle en nos âmes l’Amour qui est Dieu.
A ceux qui lui donnèrent cinq pains et deux poissons pour nourrir les foules de Galilée
il donne le mémorial de son corps et de son sang pour nourrir le monde entier.
Et nous voici au cœur de notre eucharistie quand sont proclamées sur le pain et le vin les paroles du Christ
paroles de Dieu et cela est, actualisant son sacrifice sur la Croix.
Lorsque retentissent les divines paroles, nos âmes, nos cœurs, nos corps sont-ils tout » Amen «
adhésion de foi, sans réserve à la réalité du corps et du sang du Dieu crucifié?
Lorsque s’actualise l’offrande du salut, nos âmes, nos cœurs, nos corps sont-ils tout » Amen «
adhésion de foi totale à cette offrande qui crucifie nos passions, détruit en nous tout ce qui n’est pas de Dieu et nous laisse anéanti?
Si oui, avec Cléophas, dépouillés de nos fausses espérances, nous pourrons entrer dans l’auberge d’Emmaüs.
» Et voici que ce même jour, d’eux d’entre eux faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, – et il advint comme ils conversaient ensemble que Jésus en personne s’approcha et faisait route avec eux » (Lc 24, 13 -15).
Le groupe des Douze a explosé durant la passion: Judas a trahi, Pierre a renié, Thomas a fui…
Ce soir marchent deux disciples qui ont tout perdu mais se refusent d’oublier ce qu’ils ont vu
en Galilée: » un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (Lc 24, 19) à Jérusalem: » Comment nos grand-prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié » (Lc 24,20).
Ce soir marchent deux disciples qui n’osent pas croire à la Bonne Nouvelle rapportée par les femmes. » Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.- Vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume « (Lc 22, 28).
Au soir de la multiplication des pains, il leur a révélé combien il veut rassasier en surabondance ceux qui lui abandonnent leur pauvreté;
au soir de la passion, il leur a révélé de quelle vie surabondante il veut rassasier ceux qui le suivent
au soir de la pâque, il les fait asseoir à sa table dans le Royaume
» et il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna.
Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent « (Lc 24, 30-3 1).
C’est par le geste de la fraction du pain que nous reconnaissons la présence du Ressuscité au milieu de nous.
» Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent mais il avait disparu de devant eux « (Lc 24, 3 1).
Le Ressuscité n’est plus en dehors de nous, séparé de nous, il est en nous et nous en lui par son corps que nous reconnaissons et que nous recevons.
Et nous voici au terme de notre eucharistie, lorsque nous sommes appelés à recevoir le corps et le sang du Christ vivant
pour Dieu pour toujours
c’est l’Heure de la totale pauvreté: jamais je ne serai digne du don que Dieu me fait de Lui-même! Jamais je ne pourrai le mériter ni l’exiger;
c’est l’Heure du total abandon: seul, celui qui sait le désastre de sa vie et crie comme le larron crucifié peut le recevoir avec fruit;
c’est l’Heure des Noces de l’Agneau: son corps devient mon corps, son sang devient mon sang
il se fait moi pour me faire Lui!
Je suis debout ressuscité en lui Ressuscité
je suis lumière en lui Lumière;
il peut disparaître à nos yeux: nous le contemplons en nous et en chacun de ceux qui l’ont reçu
nous devenons les sacrements de sa divine présence en ce monde.