Homélie du 14 septembre 2019 - Fête de la Croix glorieuse

Le signe qui nous est offert

par

fr. Éric Pohlé

« En chemin à travers le désert, le peuple perdit courage ».
Qui de nous, Frères et Sœurs, ne s’est pas compté au moins une fois dans cette triste procession du découragement, de la perte de sens, même peut-être de la récrimination contre Dieu. Nous avançons au fil du temps, et voilà que le peuple dans l’histoire est comme paralysé par le sentiment de l’absurdité de toute chose : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? »
Paralysé de l’absence d’un Dieu aimant et protecteur. « Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable », disent-ils au sujet du don même de la manne…

Rien ne pouvait alors les sauver qu’un Dieu qui leur ferait signe. Un signe, ce n’est pas d’abord ce qui se voit ni même ce qui se cache derrière ce qu’il signifie. Un signe compte vraiment, un signe peut relever une personne, peut sauver s’il est en avant tout un lien entre celui-là qui est à terre, sans espérance, et Celui-là qui fait signe, communique quelque chose qui vient de lui pour relever celui-là qui n’a plus rien, qui n’est plus rien. Mais aussitôt qu’il voit ce signe : la force lui revient.
« Quand un homme était mordu par un serpent,
et qu’il regardait vers le serpent de bronze,
il restait en vie ! »
Dans l’histoire des hommes avec Dieu, ce n’est pas seulement la force, c’est la grâce qui lui revient quand il aperçoit le signe que Dieu lui fait.

Frères et Sœurs, nous connaissons ce signe :
« De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ».
Nous aimons ce signe, et aujourd’hui nous le célébrons, parce qu’il n’est pas seulement un signe, mais Jésus-Christ lui-même, communication entre le Très-Haut et nous qui sommes en bas, médiateur entre Dieu et les hommes, parce que vrai Dieu et vrai homme. C’est lui-même qui ose se comparer — qui l’aurait osé ? — au serpent élevé par Moïse. Le seul nom de serpent peut faire frémir : le mal est passé par lui au commencement de l’histoire humaine. L’abolition du mal, de tout mal, a lieu sur la croix où Jésus meurt — c’est ce qu’avait causé le péché — pour tous les hommes condamnés à mourir un jour.
Le peuple qui perd courage à travers le désert est relevé et guéri en regardant le serpent de bronze ; de même chacun de nous est relevé et guéri lorsqu’il regarde la Croix ; non comme un décor ou un symbole, mais en y contemplant Jésus. Jésus qui dit « j’ai soif », c’est-à-dire « j’ai soif de ta foi », Jésus qui ferme les yeux, Jésus dont le côté laisse couler sang et eau. Alors s’il contemple en vérité, Jésus entre dans son vrai repos : de la croix où il meurt, il passe dans le cœur de l’homme où il vit et où il fait vivre pour l’éternité. Amen.