Homélie du 10 novembre 2024 - 32e dimanche du T.O.

Vous et l’offrande de la veuve

par

fr. Ghislain-Marie Grange

La liturgie d’aujourd’hui nous présente un personnage type de l’Écriture sainte, à la fois discret et touchant : la veuve. Élie rencontre la veuve de Sarepta, Jésus repère la veuve mettant ses deux piécettes dans le tronc du Temple. Et au-delà de ces deux exemples, la liste des veuves présentes dans l’Écriture pourrait être longue : Noémie au livre de Ruth, puis dans l’Évangile la veuve importune qui casse les pieds du juge, la veuve de Naïm dont Jésus ressuscite le fils. Et on pourrait citer également les conseils de saint Paul aux veuves qui préfèrent les mondanités à la piété (1 Tm 5).
Suivant l’échelle sociale de l’époque, la veuve se trouve sur les échelons les plus bas. Elle est dénuée d’appui familial et financier ; et elle a souvent une charge de famille. Elle fait partie de ces pauvres du Seigneur que Dieu affectionne particulièrement. « Dieu fait droit à l’orphelin et à la veuve », dit le Deutéronome (10, 18). La veuve n’a pas d’appui, donc c’est Dieu lui-même qui viendra à son secours.

Mais dans l’Évangile d’aujourd’hui, nulle résurrection, nulle guérison, nul enrichissement. La veuve nous est plutôt donnée en exemple. Au milieu de la foule compacte, la vue perçante de Jésus, celle qui va jusqu’au fond des cœurs, a repéré cette veuve toute discrète. Elle veut rester cachée, au contraire des scribes qui aiment à se montrer. Mais l’humilité est justement ce que le Christ ne peut pas rater.
Or cet événement à première vue banal vient à point nommé. Car le Christ est déjà entré à Jérusalem monté sur un âne. Il s’achemine vers sa Passion. Juste après cet évangile, commencera le grand discours eschatologique de Jésus, le dernier repas et son arrestation.
Il devient urgent de donner aux disciples quelques clés sur ce qui va se passer. Jésus a naturellement annoncé sa passion et sa résurrection mais les disciples, mal dégrossis comme nous, n’ont bien sûr rien compris. Il leur faut du concret : d’abord un peu de spectacle, Jésus va pour cela chasser les vendeurs du Temple. Ça on aime ! Puis fermer la bouche des scribes en proclamant sa divinité à partir des Écritures ; ça on aime aussi ! Enfin montrer en exemple la petite veuve toute chenue qui met ses deux piécettes dans le tronc. Elle est aussi une clé de compréhension de la passion du Christ. Car la valeur de son offrande n’est pas pécuniaire ; avec deux petites pièces orange (même pas des pièces jaunes), le Temple n’ira pas loin. La valeur de son offrande c’est le don d’elle-même.
Dans une homélie vigoureuse à ses paroissiens, saint Augustin disait : « Quel est le prix de la charité ? Le prix du blé, c’est ta monnaie ; le prix d’une perle, ton or ; le prix de la charité, c’est toi . »
Voilà donc l’enseignement de la veuve sur la Passion : c’est la valeur de l’offrande de soi. « Elle a mis plus que tous les autres », dit Jésus (Mc 12, 43). Le Christ ne va pas racheter le monde avec de l’argent ni avec une armée. Mais en s’offrant lui-même sur la Croix. Dans ce geste du Christ est ramassé tout son amour pour les hommes, de même que dans l’offrande de la veuve est concentré tout son amour de Dieu.

C’est de la même manière que nous porterons du fruit. Pas d’abord en plaçant notre argent en bourse. Mais en nous offrant nous-mêmes dans ce que nous faisons. Le pape Léon le Grand disait : « Sur la balance de la justice divine, on ne pèse pas la quantité des dons mais le poids des cœurs. »

L’Eucharistie est le lieu où nous unissons l’offrande de nous-mêmes à l’offrande du Christ. Toute notre vie, notre prière, notre travail sont unis au sacrifice du Christ pour acquérir une valeur nouvelle.
Souvenons-nous de cela lors de l’offertoire. Vous mettrez peut-être dans le panier deux piécettes, ou vous ferez jouer votre carte bleue. Puisque cette paroisse est désormais à la pointe du progrès. Ce n’est qu’un signe de l’offrande de vous-mêmes. Autrefois, chacun apportait une partie du fruit de son travail de la semaine pour signifier l’offrande de lui-même. Si le geste a évolué pour des raisons pratiques, la signification demeure identique. C’est d’abord l’engagement de nous-mêmes que nous venons présenter au Seigneur. À l’image de cette veuve, que le Seigneur fasse grandir notre amour et notre désir de le servir.

Homélie sur Mc 12, 38-44

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