Si saint Philippe n’était pas d’une humilité exceptionnelle, il devrait se sentir comme un idiot: Mais Philippe! Ça fait déjà trois ans et tu n’as toujours rien compris?
Et pourtant, il avait raison. L’apôtre Philippe n’était peut-être pas le plus rapide à comprendre, mais il savait demander des choses importantes. Sa demande touchait l’essentiel de la mission de Jésus: il est venu pour nous montrer le Père, pour nous réconcilier avec lui, pour nous conduire vers lui.
Pour cela, saint Philippe n’a pas à rougir: Les hommes brillants posent des questions intelligentes, les vrais sages posent des questions importantes.
Et nous? Nous en sommes parfois loin, car deux choses nous détournent des vraies questions:
Primo, nous n’osons pas. Cela ne concerne pas seulement les étudiants, qui n’osent pas de poser des questions importantes, de peur de se ridiculiser. Je pense avant tout à nos échanges quotidiennes, où nous osons rarement aborder des sujets vraiment importants, qui touchent le sens profond de notre vie, même entre frères ou amis les plus proches.
Secundo, nous n’y pensons pas. Les soucis et distractions de notre vie quotidienne, les conversations sans contenu et la vaine curiosité peuvent tellement occuper notre esprit, qu’il n’y reste plus de place pour des vraies questions: sur Dieu, sur nous-mêmes, sur le sens que Dieu donne à notre vie.
Pire encore, ces tentations touchent aussi notre prière: combien de fois nous prions uniquement pour nos petites affaires quotidiennes – un examen à réussir, une tâche à accomplir, voire un match à gagner. Dans le meilleur des cas, nous portons en prière nos prochains qui souffrent ou sont en difficulté. Mais est-ce qu’on prie assez pour des choses vraiment importantes, qui touchent notre salut et celui de nos prochains? Pensons-nous à demander que Dieu augmente en nous la foi, l’espérance et la charité?
Que l’Esprit-Saint nous donne la sagesse de s’occuper des vraies questions et de demander à Dieu ce qui est vraiment important. Comme le demanda saint Philippe: Montre-nous le Père et cela nous suffit.