Notre trésor : la communion avec Dieu et entre nous


L’autre jour, j’ai fait un songe. J’hésite un peu à vous l’avouer, je ne voudrais pas que vous me preniez pour un grand mystique… Je me suis retrouvé en plein milieu d’une discussion de la Sainte Trinité. On reconnaissait bien la grosse voix du Père, la voix plus juvénile du Fils et comme un bruissement qui devait être le Saint-Esprit, qui préfère toujours porter la voix du Père et du Fils plutôt que parler lui-même. Ils discutaient de la situation des hommes et, apparemment, c’est comme si j’étais revenu en arrière puisqu’on avait l’air d’être juste après le péché d’Adam et Ève.
– « C’est bien cela, disait le Père, ils ont écouté la voix du serpent trompeur plutôt que le Verbe et la Loi que j’avais envoyés… Tout devient différent maintenant… »
– « Oh, quelle tristesse ! », s’écria le Fils.
Et, un petit ange qui passait par là demanda : « Comment a-t-on pu en arriver là ? » Alors le Fils lui raconta :
– « Tu sais qu’avec le Père et le Saint-Esprit, nous sommes UN. Notre trinité est un mystère de communion : trois personnes, mais un seul Dieu. »
– « C’est ça d’être consubstantiels ? », interrompit le petit ange ?
– « Oui, c’est ça, reprit le Verbe : une seule substance. Et cette communion, nous avons voulu l’offrir, la répandre. Nous avons offert l’être à des créatures pour qu’elles puissent être en communion avec nous et entre elles. Tu te souviens, petit ange, nous avons créé le monde invisible de tous les êtres spirituels comme toi. Et puis, nous avons créé le monde matériel et visible avec l’idée d’y créer l’homme qui serait comme un pont avec son âme spirituelle et son corps matériel. Grâce à lui, il pourrait y avoir une communion même entre les différents types d’êtres. Mais voici qu’en introduisant le péché, le serpent et Adam et Ève ont introduit la division. »
– « Regarde ce qui se passe, dit le Père, on les voit déjà se jalouser, plutôt que de se réjouir du bonheur des autres qui est aussi le leur ; on les voit se disputer, se tuer même… Et pourtant, même dans cela, un fond d’unité subsiste. Regarde comme ils sont malheureux sans vie sociale. Regarde comment ils sont solidaires même sans le vouloir : les misères des uns ont des répercussions sur les autres. Regarde comment ils arrivent même à être unis sur toute la terre, toute l’humanité, en ayant par exemple la même maladie en même temps ! »
– « Mais, Père, dit le Fils, nous ne pouvons pas les laisser ainsi s’éloigner de nous et s’éloigner les uns des autres. Pour les unir entre eux, ne pourrions-nous pas nous unir encore plus à eux ? »
– « Oui, dit le Père, alors je vais t’envoyer. Nous allons bien les préparer par des prophètes et une Loi, puis, quand les temps seront accomplis, tu vas prendre la même nature qu’eux, sans quitter la nature divine. Tu vas vivre avec eux, tu vas les enseigner par des paroles et tu vas montrer l’exemple de l’humilité et de l’obéissance qui fait qu’on est un vrai fils. »
– « Oui, dit le Fils, me voici pour faire ta volonté. » Et, je remarquais que sa voix avait changé, il avait maintenant un accent un peu rocailleux, un accent de Galiléen. « Mais, Père, je ne pourrais pas atteindre tout le monde en même temps et je sais bien que je ne pourrais pas rester toujours là-bas : certains ne supporteront pas tant de bonté et chercheront à m’éliminer. »
– « Alors, dit le Père, avant de t’offrir pour eux, tu leur laisseras un trésor. Tu prendras le pain, la nourriture de tous les jours, et le vin, la boisson des jours de fête, pour qu’ils deviennent, à la voix de tes apôtres, ton Corps et ton Sang. Ainsi, sur toute la terre et en tout temps, ils pourront trouver réunis notre nature divine et leur nature humaine sous les apparences du pain et du vin. Et ce sacrement leur sera donné pour les unir à nous et les unir entre eux, pour vivifier ceux que le baptême, la confirmation et la pénitence auront préparé à cela. En communiant à ton Corps et à ton Sang, ils deviendront des membres de ton Corps et seront vivifiés par la vertu qui coulera dans tes veines. »
Quel beau songe ! Quelle belle vision c’était ! Et en plus c’est vrai : Dieu nous a fait pour la communion, pour que nous ayons un cœur et une âme en lui. Voici notre grand trésor que nous contemplons tout spécialement aujourd’hui. C’est cela qui nous est donné dans la messe : la communion avec Dieu et, par-là, la communion entre nous. Si je vous raconte cela ce soir, c’est notamment parce que, depuis deux ans, cette communion entre nous a été mise à mal. Il est facile de voir l’autre comme une menace. Alors, chers amis, pour la vivifier de nouveau, dans la célébration de la messe, je vous propose d’être attentif à quelques rites qui nous aident à faire un seul Corps, des rites qui marquent notre unité
Avant la communion, en échangeant un geste de paix avec vos plus proches voisins, mettez-y du cœur. Regardez ceux autour de vous comme des membres du même corps. En échangeant au moins une poignée de main (certains iront même jusqu’à s’embrasser !), la communion grandit.
Puis, pendant la communion, nous sommes un même corps, un même peuple qui reçoit ensemble le Saint-Sacrement. L’unité de nos voix pendant le chant de communion exprime notre union spirituelle et montre que la procession de communion est un acte communautaire. Il est bon de chanter de tout son cœur — au moins le refrain — et de rester debout, formant un seul corps tant que certains sont encore en train de communier.
Enfin, en sortant de la messe, prenons le temps d’aller à la rencontre des autres, sur le parvis, ou dans diverses activités de la semaine.
C’est pour cette communion que nous sommes faits !

