Homélie du 23 octobre 2011 - 30e DO

Obéir à l’amour. Obéir par amour.

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Frères et sœurs,

Avez-vous prêté attention à la collecte aujourd’hui ? La collecte, vous le savez, est cette petite prière qui suit le kyrie et le gloria de nos messes. Elle en donne souvent le ton, la couleur et nous annonce la sauce à laquelle nous allons être mangés ! Reprenons celle d’aujourd’hui, si vous le voulez bien. « Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu commandes. Par Jésus Christ, ton Fils notre Seigneur.» Il y a quelques minutes, nous avons tous répondu à cette prière «Amen.» Preuve que nous donnions notre assentiment à la formule. Mais qu’avons-nous demandé en fait ? Quelles sont ces trois demandes et où vont-elles nous mener ?

La 1ère demande concerne ce que l’on appelle les vertus théologales. Elles sont au nombre de trois et sont la foi, l’espérance et la charité. Elles sont la cheville ouvrière de notre être chrétien. Elles sont théologales car elles ont Dieu pour objet. Elles nous disposent à vivre en relation avec Dieu et procèdent de la grâce.

A la fin des temps, seule la charité subsistera. En effet, la foi ne sera plus nécessaire puisque nous verrons Dieu face à face. L’espérance aussi disparaîtra car tout aura été accompli et il ne restera plus rien à espérer. Seule subsistera la charité et c’est dès à présent que nous devons donner à chaque instant de notre vie son poids d’amour. Les lectures d’aujourd’hui nous donnent quelques conseils – en fait non, ce ne sont pas des conseils, mais des ordres!… et nous n’aimons pas que l’on nous donne des ordres – pour que nous sachions vivre notre foi en plénitude, dans notre cœur et dans nos œuvres. Être de vrais chrétiens et devenir des «modèles», à l’instar des chrétiens de Thessalonique de notre 2ème lecture.

La 2ème demande concerne l’obtention de ce que nous promet Jésus. Mais que nous promet-il, au juste? Il nous promet la vie, la vie éternelle. En ce bas monde, tout ne s’achève pas à l’heure de notre mort. Jésus, le premier né d’entre les morts est ressuscité et a rouvert les portes de la vie. Pour toujours.

On peut perdre un match, de justesse certes, et ça nous fait pas vraiment plaisir. Mais s’il y a une partie qu’il ne faut pas perdre, c’est celle de notre vie. Et le psaume le dit bien : «Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher ! / Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire. / Il donne à son roi de grandes victoires, / il se montre fidèle à son messie pour toujours.»

Et cette vie éternelle, est-ce que j’y pense un peu, ne serait-ce que de temps en temps? Certes, saint Paul nous dit que Jésus «nous délivre de la colère qui vient.» Encore faut-il choisir d’être dans son camp!

La 3ème et dernière demande est peut-être celle qui nous posera le plus de problèmes : aimer ce que Dieu commande! La belle affaire! Et tout est résumé dans le court Évangile que nous avons entendu. «Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les prophètes – dépend de ces deux commandements: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit… [et] tu aimeras ton prochain comme toi-même. »»

Tout est dit : d’abord aimer Dieu. Notre petite Jeanne le disait si bien : «Messire Dieu, premier servi.» Aimer Dieu parce que lui m’a aimé le premier et que c’est son amour qui me fait exister. Pas me souvenir que Dieu existe quand j’en ai besoin, mais parce qu’il est la source et le but de ma vie et parce qu’il a fait de chacun d’entre nous une petite merveille. Si, si, une petite merveille d’amour.

Si nous nous voyons ainsi, alors nous pouvons nous aimer et aimer les autres. Nous ne sommes pas parfaits, c’est vrai. Mais si nous attendons d’être parfaits pour aimer Dieu, alors nous ne l’aimerons jamais. Et par ricochet, nous n’aimerons pas plus ceux qui nous entourent. Finalement, ce que nous demande Jésus aujourd’hui, c’est que nous aimions. C’est que nous aimions… obéir. Et ça, on a du mal. Lui qui a été obéissant jusqu’à la mort sur la croix sait le prix de l’obéissance de l’amour. Serons-nous prêts à en relever le défi? Le défi d’obéir à l’amour. Le défi d’obéir par amour. C’est là que Dieu nous attend. C’est là qu’il nous attend pour nous donner la vie éternelle.

Alors, comment faire? Certes, il ne nous est pas demandé de nous faire brûler vifs la croix dans une main et le rosaire dans l’autre sur la place du Capitole. Il nous est demandé – commandé! – d’aimer. Et cela nous concerne tous, absolument tous, dans nos gestes les plus habituels.

Prenons un exemple : l’an dernier, lors d’une réunion d’Équipe Notre-Dame, la question des fins dernières est venue sur le tapis. Concrètement, il fallait répondre à la question : «Est-ce que je pense au salut de mon âme ?» Une des femmes de l’équipe a répondu immédiatement : «Jamais. Non, je ne pense jamais au salut de mon âme. Quand je lave ma salade, je ne pense pas au salut de mon âme.» Et la discussion était lancée. Nous en sommes cependant arrivés à la conclusion que c’est justement dans ces gestes quotidiens que Dieu nous attend. Il veut que toutes nos actions, mêmes les plus banales, aient leur poids d’amour. Et c’est justement là-dessus que nous serons jugés. Alors, cette femme de conclure: «Puisque c’est comme ça, je ne laverai plus jamais ma salade pareil.»

Oui, frères et sœurs, voilà ce qui nous est commandé: ne plus jamais laver notre salade pareil.

Amen.