Homélie du 12 novembre 2023 - 32e Dimanche du T. O.

Où est la mariée ?

par

fr. Bérenger de Laportalière

Où est la mariée ? C’est curieux tout de même, cette parabole nous parle de salle de noces, de l’attente de l’époux mais de la mariée, il n’en est pas question. Dans un mariage, c’est plutôt l’épouse qui est mise en avant. Je n’ai jamais entendu quelqu’un demander à des gens qui reviennent d’un mariage : alors ? Il était comment le marié ? Et comment était son costume ? Non, c’est la mariée dans sa belle robe blanche qui intéresse les gens. Et dans notre parabole elle brille par son absence. Où donc est la mariée ? Qui est-elle ? Je vous propose de mener l’enquête.
Et pour cela intéressons-nous à l’époux. Normalement l’épouse ne devrait pas être loin. Dans la parabole, l’époux n’est pas le personnage principal, ce sont plutôt les dix vierges. Mais c’est le personnage central, au sens où tout tend vers lui. C’est lui qui suscite l’attente des vierges, il est l’objet de leur désir. C’est pour lui qu’elles se sont mises en route et qu’elles ont veillé jusque tard dans la nuit. On croirait voir des amoureuses attendant impatiemment la venue de leur amoureux… Attendez, la mariée, ne serait-ce pas les vierges ? Cela paraîtrait étonnant, dix épouses pour un époux, ça fait neuf de trop !
Sauf que l’époux, ce n’est pas n’importe qui. Lui que les vierges sottes appellent Seigneur, vous l’avez reconnu, c’est le Christ. Ce n’est pas la première fois que Jésus est désigné ainsi. Dans l’évangile, saint Jean Baptiste s’était présenté comme l’ami de l’époux en faisant référence à Jésus. Oui, l’époux, c’est le Christ car chacune de nos âmes est appelée à être unie à lui et à former ensemble l’Église, son épouse.
Et donc nous sommes d’une certaine manière, les vierges de la parabole. Ce qui veut dire que nous avons trouvé la mariée : c’est nous. La mariée, c’est nous ou plutôt la fiancée, c’est nous. Car nous ne sommes pas encore entrés dans la salle des noces. Nous sommes comme ces vierges dans la nuit, veillant la venue du Christ. Mais sommes-nous conscients de cela ? Est-ce que nous avons un désir toujours plus grand d’être unis à Dieu ? Est-ce que nous sommes dans cette attente impatiente des noces du ciel ?
Pas toujours, pas vraiment. Il y a les soucis du quotidien, d’autres désirs qui prennent parfois le dessus. Bien sûr, le Christ a une place dans ma vie, mais elle n’est pas tout à fait centrale. Il y a des priorités comme on dit. Et pourtant un jour, le Christ viendra. Que ce soit à l’heure de notre mort ou dans sa venue dans la gloire, il viendra. Est-ce que nous serons prêts ?
Car une fiancée se doit de l’être le jour du mariage. Elle se prépare longuement, elle se fait belle pour ce grand moment, et plus le jour approche, plus le désir est grand, plus l’impatience augmente. Dans la parabole, cette attente et cette préparation sont symbolisées par la veille et par cette lampe à huile qui éclaire les vierges. Et il faut une bonne réserve d’huile car l’attente est longue. Nous avons entendu cette fin terrible pour les vierges sottes. Parce qu’elles n’avaient pas assez d’huile, parce qu’elles n’étaient pas prêtes, elles manqueront l’arrivée de l’époux et resteront à la porte…

Chers frères et sœurs, il y a urgence à préparer sa lampe. Si nous n’entretenons pas notre amour et notre désir de Dieu par des actes concrets, par nos petits sacrifices, nos attentions et notre prière, peu à peu la flamme de notre lampe va se mettre à vaciller pour finalement s’éteindre tout à fait… Et lorsque l’époux viendra, il sera trop tard…
Il y a urgence, mais gardons confiance, car cette huile est avant tout un don que Dieu ne cesse jamais de nous dispenser, c’est un don à recevoir et à faire fructifier. Ce n’est pas un don que l’on peut acheter chez des marchands.
Ne perdons pas de temps pour nous préparer à ce mariage. Peut-être que demain ou bien dans dix ans, nous ne savons ni le jour ni l’heure, l’époux viendra à notre rencontre. Il attendra la mariée, il nous attendra, et j’espère de tout cœur que nous serons prêts, veillant, nos lampes allumées.

Et d’autres homélies…

Le désir de Moïse, « …puisse tout le peuple être prophète » (Nb 11, 29) repris par l’annonce du prophète Joël « Je répandrai mon Esprit sur toute chair… » (Jl 3, 1) ont reçu leur réalisation définitive le jour de la Pentecôte quand saint Pierre, reprenant l’oracle de...

Préparer son année

Nous voulons, bien évidemment, accueillir dans notre vie Dieu le Père. Et nous attendons avec envie la Sagesse qui lui est associée dont il est question dans la deuxième lecture. Ces biens nous sont promis dans l’Écriture : on fait bien d’en cultiver le désir....

La foi… jusqu’à la Croix

La météorologie de l’évangile est parfois aussi capricieuse que celle des régions tropicales. En quelques instants, on passe d’un ciel serein à des ténèbres de nuages, du beau temps à la tempête. C’est le cas aujourd’hui avec cet épisode bien connu, celui de la...