La fin de l’Évangile de Matthieu nous rapporte les toutes dernières paroles de Jésus. Avant de passer de ce monde à son Père, avant d’entrer dans sa gloire, Jésus fait son testament. Il remet son pouvoir d’enseignement, son autorité, aux onze. Désormais, Jésus ne parlera plus directement aux hommes. Il parlera par ses disciples, par des hommes choisis. Car il veut que l’homme coopère au salut de l’homme. « Allez enseigner tous les peuples, que l’univers voie le salut de Dieu ». Ou encore, allez annoncer à tous les hommes, moi Jésus, leur Seigneur et Sauveur. Alors me diriez-vous, puisqu’en invoquant le nom du Seigneur nous obtenons le salut, pas besoin de prédicateurs? S’il en est ainsi c’est grave: les frères prêcheurs n’ont plus de raison d’être! … Pourtant l’apôtre dit: «Comment invoquer Dieu sans d’abord croire en Lui?» Et comment croire sans entendre? Et comment entendre sans prédicateur? Oui, si Dieu veut que «tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité», ce qui ne peut se faire que par l’Évangile, alors il faut des hommes pour parler, il faut des envoyés de Dieu. Ces hommes sont divers mais ils ont tous en commun deux soucis, deux ambitions, deux règles …
Le premier souci, la première règle c’est: «parler avec Dieu» … Et bien, il se trouve que c’est le trait le plus remarquable de la personnalité de saint Dominique. En effet, la vieille chronique dit que, si le jour il parlait de Dieu, la nuit il parlait avec Dieu seul à seul. Dominique s’est voulu d’abord disciple, c’est-à-dire un homme qui écoute le Christ. Il ruminait la Parole de l’Évangile au point de pouvoir la citer par cœur. «Partout où il allait, il portait sur lui l’Évangile de Matthieu et les épîtres de Paul». Le premier travail de Dominique, c’est disposer son cœ;ur et son esprit, son intelligence et sa volonté à recevoir cette Parole. Il l’a méditée dans son cœ;ur, car Dieu se donne à connaître dans le cœ;ur à cœ;ur.
Seul avec Dieu, Dominique lui parle sans cesse dans la prière discrète de la nuit, dans l’office choral, à l’église comme en chemin. Mais de quoi ou de qui parle-t-il? Il parle des hommes. Il confie à son Seigneur leurs espoirs et leurs désespérances, leur bonne volonté et leur péché. «Mon Dieu, que vont devenir les pécheurs?», gémissait-il sans cesse. Dominique se fait l’ambassadeur des hommes auprès de Dieu. Il porte jusque dans ses entrailles la souffrance des hommes, leurs besoins tant matériels que spirituels. N’avait-il pas vendu ses livres pour donner à manger à ses voisins?
Le second souci, la seconde règle c’est: «parler de Dieu» … Le zèle d’annoncer l’Évangile dévorait Dominique. Oui, il prenait «la vérité pour ceinture, et pour chaussures le zèle à propager l’Évangile du salut». Son souci apostolique était de partager ce qu’il avait découvert de l’amour de Dieu et que tant d’hommes ignorent. En Dominique, Amour et vérité se rencontrent pour annoncer Dieu aux hommes. A son sujet, Jourdain de Saxe dit que: «Une de ses demandes ferventes et singulières à Dieu était qu’il lui donne la charité véritable et efficace pour le salut de tous les hommes». Dieu l’a exaucé. Les témoignages sont nombreux à dire «qu’il accueillait tous les hommes avec une charité sans limites, et puisqu’il aimait tout le monde, tout le monde l’aimait». Avec tous, hommes et femmes, riches et pauvres, juifs et infidèles, Dominique se montrait aimable. Il prêchait la doctrine de la vérité qu’il puisait «dans le livre de la Charité». Car, c’est de la Charité que naît la véritable prédication.
Frères et sœurs, si vous avez la charité, cette charité vous instruira. Si vous avez la charité, vous connaîtrez Dieu. Puisque nous sommes appelés à vivre dans la Charité, vivons-en! Elle nous conduira, comme Dominique, à parler de Dieu aux hommes et à parler des hommes avec Dieu. Allez, levons-nous maintenant et marchons sur les pas de saint Dominique!