Prendre la route de Jérusalem:L’urgence, pour Jésus, pour nous!


Quelques jours plus tôt, Jésus avait provoqué ses Apôtres à exprimer leur Foi en Lui. Pierre avait proclamé qu’Il était Le Christ, sans encore bien comprendre ce en quoi Il voulait réaliser le contenu de ce mot. Mais aussitôt Le Maître en avait profondément bouleversé le sens traditionnel en annonçant qu’Il devait monter à Jérusalem, y souffrir et y mourir. Huit jours plus tard, la grande Lumière de Sa Transfiguration avait révélé quelle splendeur comportait cet Amour avec lequel Il allait, dans Son Humanité, Se donner ainsi jusqu’à la mort! On pourrait y soupçonner quelque chose du Feu d’Amour qu’Il vivait comme Fils de Dieu, reflet fulgurant de Celui du Père dont Il reçoit tout pour nous en combler!
Maintenant, Sa Décision prise, Il Se met en route. Il sait que cela va être lourd! Nous avons lu: «Il prit avec courage la route de Jérusalem». Nous saisirons mieux en nous reportant au texte original qui porte: «Il durcit sa face, serra les dents!» Et, pour souligner l’importance de cette marche, Luc va insérer dans son récit toutes Ses actions et Paroles depuis la fin du chapitre 9 au ch.18. L’Entrée aux « Rameaux » est au 19e.
Le première épreuve ne tarde pas. Il brave les haines séculaires en abordant un village de Samaritains. St Jean nous dit qu’en une autre circonstance, Il a été bien reçu grâce à la femme rencontrée au Puits de Jacob. Mais cette fois-ci, c’est le rejet. Son attitude face à la colère des Apôtres manifeste combien ils ont encore à évoluer pour Le comprendre! Ils voudraient faire tomber le Feu du Ciel! Réaction naturelle de l’homme, exercer une violence qu’on supposerait juste contre celle qu’on pense injuste! Si Lui Se rend à Jérusalem, c’est pour l’exact inverse, Il laissera déferler sur Lui l’extrême violence dont Il triomphera par la Force de Son Pardon. A son arrestation, Il enjoindra à Pierre de remettre son épée au fourreau!
L’évangile nous parle ensuite d’un homme que La Personne de Jésus a séduit. Il Lui propose de Le suivre. Mais Lui l’avertit, ce sera bien ardu! «Les renards ont des terriers, les oiseaux des nids, Le Fils de l’Homme n’a pas où reposer la Tête!» De condition divine, Il n’a rien retenu de ce qui Lui aurait été dû, mais Il vient Se donner avec la pauvreté et l’immense faiblesse qui culminera à Sa Croix! S’Il Se révèle le plus Fort ce sera par Son Amour. Ceux qui Le suivront recevront de l’Esprit d’en vivre un qui soit un grand reflet du Sien. Ce sera tellement autre que nos sentiments ordinaires qu’il faudra l’appeler une nouvelle Naissance!
C’est ainsi qu’Il entraînera les siens à vivre une vraie liberté. Paul y appelle les Galates. À ces juifs convertis, Il voulait faire comprendre que leur vie ne peut pas être réussie en se soumettant simplement à de multiples observances, mais en faisant résolument le choix de se mettre par amour au service les uns des autres. Est esclave celui qui, par peur ou pour son avantage, se soumet à la volonté d’autres. Est libre, à la suite du Maître celui qui, quoiqu’il puisse lui en coûter, sait qu’il est aimé et choisit de se donner en réponse. C’est l’opposition que Paul désigne sous les mots de chair et d’esprit. De sa décision de monter à Jérusalem jusqu’à l’accomplissement à Sa Croix, Jésus est témoin de ce qu’on vit dans l’Esprit! Et, fruit de Son Amour jusqu’au bout, c’est de Son dernier « Souffle », qu’Il Le donnera aux siens. Ils bouleverseront les hommes en vivant dans la pauvreté et les épreuves un amour qui reflètera le Sien et attirera à Lui tant de leurs frères.
À la fin de notre évangile d’aujourd’hui il est question d’un autre appel lancé à un homme qui ne nous est pas nommé. Il demande un délai, aller d’abord enterrer son père. Nous sommes surpris de la brutalité de la réponse: «Laisse les mort enterrer leurs morts, Toi, va annoncer le Royaume de Dieu!» À celui qui demande à faire ses adieux, Il répond: «Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu!» C’est l’écho à ce que nous avons lu au Livre des Rois: Urgence absolue: quand Élisée reçoit l’appel d’Élie aussitôt il doit tout quitter! Sans finir son labour, il immole les bœufs et brûle la charrue!
Jésus ne nous refuse pas d’aimer les nôtres. Et quand Il a appelé Lévy, celui-ci a d’abord pris le temps d’offrir un dîner d’adieu à ses amis. Sur la route de Jérusalem Il prendra le temps nécessaire pour donner beaucoup d’enseignements, des signes de la Présence de Dieu en Lui. Il a continué à informer et former ses disciples. Mais Il veut nous faire bien prendre conscience que pour nous mettre au service des nôtres ou servir en nous séparant d’eux, l’urgence est à l’essentiel, répondre à Son Appel, nous mettre au travail!
C’est aussi à nous, à chacun qu’Il S’adresse. Il nous demande de Le préférer à tout, même à nos plus proches. En réalité il ne s’agit pas de moins les aimer, mais de le faire en toute vérité. On ne les aime pas moins quand on est obligé, dans certains cas de leur imposer des déchirements qui coûteront cher à eux comme à nous! Appelons l’Esprit pour qu’Il nous ouvre le cœur à la réalité: avec nos proches ou loin d’eux, ce qui fait le prix de notre vie est notre engagement au service de l’œuvre du Seigneur. Alors, n’attendons pas, avec son aide, sachons, comme Marie nous dire serviteur, servante du Seigneur et persévérer à l’accomplir. C’est l’extrême Urgence. A ce prix seulement nous travaillons à notre vraie Joie et à celle de nos frères! Alors, avec le psaume, nous pouvons remercier Le Seigneur de nous montrer le chemin de la Vie, être sûrs qu’Il nous comblera de son allégresse qui ne finira pas!

