Homélie du 17 novembre 2024 - 33e dimanche du T.O.

Présence eucharistique

par

fr. Jean-Michel Maldamé

Évangile selon saint Marc, chapitre 13 : « Jésus disait à ses disciples : « En ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles se mettront à tomber du ciel et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venant dans des nuées avec grande puissance et gloire. Et alors il enverra les anges pour rassembler ses élus, des quatre vents, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel. […] Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Quant à la date de ce jour, ou à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, personne que le Père ». »

*  *  *

Novembre ! Les nuits rallongent. Le froid se fait plus vif. Un monde de facilité s’en va. La pensée se tourne vers le noir qui descend sur nos activités. On va vers la fin de l’année. La liturgie s’accorde à cette situation quand elle cite les annonces de la fin du monde. À la messe, on lit les propos de l’Évangile qui parlent de la fin des temps en utilisant des images de catastrophe : le Ciel s’effondrera et sur la Terre, les humains seront rassemblés pour être jugés. Si ces images suscitent la peur, on peut entendre le message autrement et le recevoir comme une bonne nouvelle ! En effet, ce qui est annoncé c’est la fin des malheurs qui nous écrasent et la mise en place de la justice et de la paix. La parole de Jésus n’est pas dite pour nous faire peur, mais pour nous appeler à la vigilance. Jésus nous demande d’être présents au présent. Entendons bien : être présent au présent, c’est se référer à la présence de Dieu. Où que nous en soyons de notre vie, notre présent temporel est contemporain de l’éternel présent qui est Dieu. Être présent au présent, c’est participer au don de Dieu, à sa présence — car sans lui nous ne serions rien. Dans le contexte de la fin des temps, sa présence nous donne d’affronter le malheur.

Soyons lucides : dans notre monde, la source du mal c’est l’absence de Dieu. Cette absence est explicite dans la culture dominante dans notre pays. Nous savons le corrélat de cette absence : la drogue. On parle des trafiquants et du triste destin des jeunes à leur service ; mais hélas on ne dit rien du vrai problème : celui de consommateur ! Pourquoi consommer la drogue, sinon pour fuir le vide de l’absence de Dieu ? Je me réjouis de voir que face à la séduction de la drogue à l’adresse des adolescents, la décision du pape François est d’inscrire au nombre des saints un jeune homme de 16 ans, Carlo Acutis. Face à une société qui ne propose aux adolescents que le vide pour répondre au désir profond d’une vie qui ait du sens, par ce choix, le pape rappelle qu’une présence peut combler les attentes les plus profondes, la présence de Dieu.

Je parle aujourd’hui de ce jeune homme reconnu comme saint, car aujourd’hui à Toulouse, les dominicains accueillent une exposition dont ce jeune homme est la source. Carlo Acutis fut remarquable par sa foi et tout particulièrement par son attachement à la présence du Christ dans l’eucharistie. Les panneaux de l’exposition reprennent des pages composées par Carlo Acutis. Il gardait les textes des journaux qui parlaient de l’eucharistie. Il y présentait le compte rendu des conversions advenues pendant les temps d’adoration. Il relevait aussi les tristes profanations de l’eucharistie. Ainsi les textes cités et les images exposées font voir qu’un trésor nous est donné : la présence du corps et du sang du Christ dans le sacrement de l’eucharistie. À la messe, le Christ ressuscité se donne en nourriture pour que nous puissions avancer sur la voie où il nous appelle. Il vient pour pardonner nos péchés. Il se donne comme nourriture pour que nous ayons la force de surmonter les obstacles, répondre aux défis et vaincre le mal. Le Ressuscité est là pour que, par notre souffrance, nous participions à sa Passion. Il veut surtout que par notre accueil de sa présence nous vivions de son amour. Le Christ ressuscité est là pour anticiper ce qui adviendra à la fin des temps.

Les événements qui ont marqué le jeune Carlo dans l’ardeur de son adolescence nous appellent à vivre par la foi en relation avec Jésus-Christ. Les actes de méchanceté qui ont touché sa sensibilité nous invitent à reconnaître la présence du Ressuscité dans notre combat pour la justice et pour la paix. Comme le jeune Carlo, soyons présents à la liturgie qui nous donne la force de tenir bon dans l’épreuve. Dans notre prière, soyons présents au Dieu qui est notre source et notre fin.

Avoir la foi, c’est résister à ce qui est corruption du cœur, de l’âme et du corps. C’est tenir ouverte notre intelligence pour connaître le bonheur d’être avec Dieu qui se donne dans le sacrement de l’eucharistie. C’est l’accomplissement de notre vie : avoir part à la vie du Dieu d’amour, le Dieu de la vie, le Dieu de la lumière, le Dieu de la paix, le Dieu des cœurs purs.

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