Qui est-il celui-là, qu’il s’avance ! Qu’il vienne, nous saisisse et nous entraîne !
Voici l’Homme des béatitudes, Jésus le Christ, Parole de Dieu qui vient de retentir par la Bonne Nouvelle des béatitudes ! Première parole publique de Jésus qui rassemble les foules sur la montagne qui domine le lac de Tibériade ! Programme de toute sa vie publique jusqu’à la Croix. Bonne Nouvelle pour notre salut : Jésus nous appelle au bonheur de vivre dans l’amitié bienheureuse avec Dieu, c’est-à-dire la sainteté ! À la sainteté ! Oui, Jésus a vécu jusqu’au bout les béatitudes qu’il a proclamées, il les a vécues dans sa chair. Dans sa vie, au fil des jours, Jésus a porté cette béatitude dans la plénitude de l’Esprit à sa maturité qui éclate à nos yeux en cette fête de la Toussaint.
Et je vous propose cette semaine, semaine d’initiation au reconfinement, de vous laisser travailler par ces béatitudes. Il y en a huit. D’ici dimanche prochain, prenez une béatitude et, en famille, seul, comme vous pourrez, recherchez, fouillez dans tout l’Évangile pour trouver la façon dont Jésus a incarné cette béatitude. Car le Christ, pauvre en esprit n’avait pas une pierre où reposer sa tête.
Quand Dieu nous parle, il dit et il fait. Quand nous, nous parlons, il y a une grande distance entre ce que nous disons et ce que nous faisons, mais lui, il incarne sa Parole. Cette béatitude nous fait comprendre que le Christ accomplissant les Écritures, élevé de terre, attire toute l’humanité à lui, sur la croix il a ouvert les bras pour que nous puissions entrer par ses bras dans son royaume, ce royaume où Dieu sera tout en tous. Il a ouvert les bras et il nous donne dès notre baptême, dès aujourd’hui, sa résurrection pour que nous puissions en vivre.
La fête de la Toussaint n’est pas autre chose que la contemplation de ce peuple immense, bigarré, de tous les âges ! Il y a même des enfants, les Saints Innocents, il y a des hommes, des femmes de tous les pays, de toutes les époques, ils sont là ; et Fra Angelico a tout compris, lui qui nous entraîne dans une sorte de farandole gigantesque de lumière, dans un paradis fulgurant de douceur.
Oui ! cette fête elle est pour nous, elle est pour tous ceux que nous aimons, tous ceux que nous représentons. Elle est aussi une fête que nous adressons à tous nos défunts. Cette farandole nous tend la main et nous attire dans la danse et dans la salle des noces où tout le monde va entrer dans la danse de l’Esprit.
Car c’est aussi, et peut-être par-dessus tout, une fête de l’Esprit Saint. Car c’est l’Esprit Saint qui façonne les saints. L’Esprit Saint : à Rome, au Ve siècle, la première attestation d’une fête de la Toussaint était le dimanche après la Pentecôte. Il y a un lien entre la Pentecôte et la Toussaint. Donc nous avions une « Pentecôte Toussaint » de printemps, pour que les jeunes pousses, les bourgeons éclatent dans la vitalité de cette vie en Dieu, par Dieu, dans l’Esprit Saint. Et puis au IXe siècle, elle a été transposée au 1er novembre comme aujourd’hui. C’est donc une fête de la « Pentecôte Toussaint » d’automne, un automne où la nature est prête, portée par l’Esprit Saint à sa maturité. C’est la saison des feuilles et des fruits. C’est la saison où le soleil de l’été a été accueilli, absorbé, incarné dans la nature et en nous-mêmes ; le soleil de la Résurrection veut briller à travers nous par la puissance, la beauté de l’Esprit Saint. Ainsi l’Église, cette vigne du Seigneur, imaginez-la comme une immense treille d’un bout à l’autre du monde, d’un bout à l’autre du ciel et les saints sont ses grappes. Ses grappes arrivées au moment de donner ce vin des noces qui nous enthousiasme, qui nous transporte au ciel. Alors l’Église du ciel n’est pas séparée de l’Église de la terre. Partout, il y a des fils d’or, d’argent, il y a des prières, des intercessions, des clins d’œil divins, il y a des anges, des saints, des bienheureux… Tout l’espace est peuplé de ces traces de lumière qui nous unissent et qui fondent cette Espérance qui éclaire notre vie chrétienne et la rend vivable sur cette terre. Alors oui, l’Église du ciel nous attend, elle nous tend la main, pour que nous entrions dans la danse de la vie. Quelle fête ! Fête de la maturité, fête des feuillages et des fruits. À nous d’être cette vigne du Seigneur !
Et pourtant fête de l’Esprit, c’est une fête de l’Esprit qui façonne les saints. Car en vérité quand nous regardons les saints que nous connaissons, quand nous nous mettons à l’écoute, à la recherche des saints que nous ne connaissons pas ou pas bien, de l’autre bout du monde, d’une autre culture, d’un autre temps… que contemplons-nous ? Nous contemplons l’action, la présence de l’Esprit Saint dans la faiblesse de notre humanité. Oui, une fête de l’Esprit Saint est aussi une reconnaissance profonde et peut-être une action de grâce, une reconnaissance de notre vulnérabilité, de notre mortalité, de notre faiblesse, parce que c’est par cette faiblesse que l’Esprit Saint entre en nous, pour être notre force. Croyez-vous que saint Jean ce pécheur du lac de Galilée, que nous venons d’entendre dans la deuxième lecture, a pu à la force de son génie écrire son évangile, ses lettres et susciter l’Apocalypse ? Sans l’Esprit : impossible ! Et les martyrs ? Ce sont des anti-héros, des anti-stars, des anti-idoles ! Blandine et les martyrs de Lyon ont eu peur, leur courage vient du feu de leur prière. Les saints sont de l’humanité créée et sauvée par le Christ et dans le Christ. Comme le bonheur des béatitudes se dessine en paradoxe face au monde, la sainteté des saints manifeste la force de Dieu dans la faiblesse de l’humanité.
Et donc nous sommes tous, vous, moi, appelés à la sainteté. Elle n’est pas réservée à une certaine élite, elle n’est pas affaire de bizarreries et d’extraordinaire. La sainteté est un appel à l’ordinaire, dans le temps ordinaire de l’Église, notre temps. C’est pour cela que le concile Vatican II a réveillé pour l’Église cet appel à la sainteté, un appel adressé à tous et non pas à quelques-uns. Aujourd’hui ne retenez qu’une chose : Dieu vous appelle à la sainteté. Là où vous en êtes de votre vie, quelle que soit l’image que vous avez de vous-mêmes, vous êtes enfant de Dieu. Nous sommes créés à l’image de Dieu. Jésus a fait resplendir sur son visage de Ressuscité la splendeur de l’image de Dieu. Et grâce à l’Esprit Saint notre vie est tout entière dans une tension dynamique pour devenir semblable au Christ, pour ressembler davantage au Christ qui nous attend dans sa résurrection.
Tous appelés à la sainteté. Le pape François a commenté les béatitudes comme un appel à la sainteté pour tous les baptisés ; alors pourquoi pas lire ce petit livre dans le confinement, il est gratuit sur le site du Vatican (à télécharger) : Soyez dans la joie et l’allégresse ! Gaudete et exsultate !
Voici un petit paragraphe : « Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes, par exemple, une dame va au marché pour faire ses achats. Elle rencontre une voisine et commence à parler et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même, non, je ne dirai du mal de personne, voilà un pas dans la sainteté. Ensuite à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves et bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui, l’écoute avec patience et affection, voilà une autre offrande qui sanctifie. Ensuite elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, elle prend le chapelet et elle prie avec foi, voilà une autre voie de sainteté. Elle sort après dans la rue et rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection, voilà un autre pas » (§ 16).
Alors, aujourd’hui, éveillez le désir de tout votre être, de votre vie : faire chaque jour des pas de sainteté !
Alors, le confinement est là, à en perdre espoir ! Mais j’ose vous proposer un cadeau car toute fête mérite son cadeau ! L’Esprit Saint va nous aider à transformer ce temps de contrainte en un temps d’Espérance. Jésus nous le dit, quand les autorités ou les circonstances vous demandent de faire mille pas, c’est-à-dire imposent leur autorité sur vous et voudraient vous voir baisser la tête d’humiliation, eh bien faites deux mille pas. Prenez la liberté vraie, la glorieuse liberté des enfants de Dieu de décider vous-mêmes de quel amour vous êtes témoin. Et quelle liberté vous unit à cet amour, la liberté vraie ? Mais pas la liberté de choisir entre un produit à 5 € et un autre à 3,5 €, la liberté de choix. Mais non ! C’est bien plus la liberté d’adhérer à Dieu, d’adhérer à la charité, d’adhérer à l’amour qui transforme le monde. Alors à vous de choisir : faites de ce temps de confinement un temps de fête et voici le kit de fête des confinés ! À améliorer sans modération et faites-nous savoir vos trouvailles et vos exploits !
Voici les dix commandements du confiné :
1. Organiser l’espace et le temps pour avoir du silence et de la joie.
2. Instaurer un beau coin de prière (Bible ouverte, croix, fleur, icône, dessins d’enfants, etc.)
3. Inscrire l’horaire de la prière ensemble, la plus participative ! (Nous pouvons vous aider !)
4. Choisir son temps de méditation personnelle avec les lectures du jour (en lien avec la messe que nous célébrons avec ces mêmes lectures à Rangueil)
5. Inventer des jeux, des chansons, avoir 3 fous rires par jour, ça fait du bien !
6. Organiser un bon débat par semaine.
7. Ne pas manquer de chanter un Gloria et un Laudato Si devant les merveilles de la nature en automne. Lutter contre la morosité et faire un acte d’espérance chaque jour !
8. Et surtout faire plusieurs actes de charité en interne et dans le rayon d’un kilomètre qui nous est permis : avec les autres chrétiens, visiter, téléphoner ou inventer une action pour nous relier à toutes les personnes seules, malades, dépressives ou en difficulté ! Il nous faut inventer une vraie présence d’Église là où nous vivons ! Notre crédibilité en dépend ! Tendez ces fils d’or et d’argent de la charité.
9. Préparez vous-mêmes la plus grande part des cadeaux de Noël qui sera une grande fête participative quoi qu’il arrive (envoyez vos idées ou vos demandes d’aide à ).
10. Gardez le contact avec nous, spécialement le frère Nicolas-Jean, notre curé.
Alors oui vivez cette fête de la Toussaint pendant tout ce mois de novembre. Et nous pourrons chanter avec tous les saints : Car Toi seul est Saint, Toi seul es Seigneur, Toi seul es le Très Haut Jésus-Christ, avec le Saint Esprit, dans la gloire de Dieu le Père !
Courage d’Espérance !