Homélie du 9 septembre 2007 - 23e DO

Suivre le Christ

par

fr. Loïc-Marie Le Bot

De grandes foules suivent Jésus dans l’attente d’un geste prophétique et peut-être même en attente d’un miracle ou d’une guérison, et peut-être obscurément de plus. Elles vont avoir mieux, elle vont avoir la clef du bonheur qu’elles recherchent. Jésus va leur apprendre comment devenir son disciple et non pas un simple suiveur, comment le suivre avec fruit, en définitive comment être heureux du bonheur que Dieu veut nous donner. Jésus ne va pas laisser d’ambiguïté se développer dans le cœur de ceux qui le suivent. Il leur délivre un discours clair dans des paroles sans détour au point qu’elles doivent normalement nous heurter.

«Si quelqu’un vient à moi sans haïr sa père, sa mère, sa femme, ses enfants, … jusqu’à sa propre vie, ne peut pas être mon disciple» «Quiconque ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne peut pas être mon disciple» «quiconque … ne renonce pas à tous ces biens ne peut pas être mon disciple».

Jésus est-il misanthrope au point de rebuter les foules qui le gênerait? Est-il un mauvais communiquant? N’aurait-il pas besoin d’un chargé des relations publiques pour lui apprendre à se présenter sous un jour plus aimable et plus lisse lui permettant de multiplier les disciples à volonté? Une chose est sûre, Jésus veut des disciples qui ont fait le choix intime de s’engager dans l’aventure avec tout leur être. Si nous sommes ici aujourd’hui c’est que nous aussi nous voulons suivre le Christ et il nous importe vraiment de savoir pourquoi Jésus nous délivre cette Parole aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’être disciple du Seigneur Jésus? qu’est-ce que suivre Jésus? C’est mettre ses pas dans les siens, l’imiter, suivre son exemple, rien de plus. En Jésus, nous savons que nous avons la voie, la vérité et la vie. En Jésus, nous avons la voie. Marchons avec lui comme les foules et les disciples, cette voie nous mène vers le Père. Cette voie nous fera voir du pays jusqu’à Jérusalem où elle passe par la Croix et la mort, pour aboutir dans la gloire. En Jésus, nous connaissons la vérité, suivons le comme un élève qui doit tout apprendre de ses maîtres. Nous attendons une Parole sûre sur le monde, sur nous-mêmes, sur Dieu, écoutons Jésus mettons nous à son école en sachant que le prendre pour maître implique aussi de refuser d’autres doctrines et d’autres attachements parfois séduisants. Dans la confiance nous entrons par lui et avec lui dans la Vérité.

En Jésus nous avons la vie. Il ne garde pas la vie divine qu’il possède, il veut la répandre pour que nous ayons la vie en abondance. En le suivant nous passons de la mort à la vie en l’écoutant nous entrons dans la vie éternelle, en mettant en pratique son enseignement nous manifestons la vie éternelle qu’il nous donne. De plus, il vient lui-même par son Esprit faire croître et alimenter notre désir de vie éternelle. Sa grâce nous transforme intimement pour nous entrions de plus en plus dans sa vie. Nous voyons bien les principes pour être disciple du Christ, c’est assez simple, il suffit de prendre Jésus comme notre voie, notre vérité, notre vie. Bref, il suffit de tout recevoir de lui pour mener notre vie.

 

 

Mais voilà les questions plus concrètes qui arrivent et qui peuvent faire mal. L’adhésion au Christ, voie, vérité et vie, suppose aussi un détachement de ce qui détourne de cet objectif: des affections humaines, des biens, voire nous-même. Jésus ne nous trompe pas, le suivre c’est un engagement total de notre vie dans la voie qu’il a suivie. Le suivre sera toujours reproduire dans notre vie, sa vie à lui: nous en savons les termes, nous en savons aussi l’ampleur.

Ce message de radicalité, ne rien préférer à la suite du Christ, s’est manifesté d’abord dans l’Église, à commencer par les Apôtres, par le don de la vie à l’imitation de Jésus, le martyre, préférer être condamné plutôt que de renoncer à lui. Puis, par la vie religieuse où l’on s’engage à suivre Jésus dans son obéissance en renonçant à sa volonté propre, dans sa pauvreté en renonçant à posséder et dans la chasteté en renonçant au mariage et à une descendance. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit non pas de faire des exploits surhumains. Il s’agit d’avoir le propos d’imiter au plus près le Christ et, avec sa grâce, de le rejoindre.

Mais peut-être allez vous me dire, nous ne sommes pas tous immédiatement menacés par le martyre, nous ne sommes pas tous religieux… les chrétiens quelque soit leur état ont tous le même objectif suivre Jésus, s’attacher à lui, et ce depuis leur baptême. Tous nous sommes marqués par le don que nous faisons de notre vie à ce moment pour qu’elle soit transformée dans le Christ. Tous nous sommes appelés à l’obéissance, à la pauvreté et à la chasteté. Pour certains, cet appel à suivre le Christ prend les traits extérieurs les plus exigeants, c’est ceux que le Christ appelle, sans aucun mérite de leur part à être plus prêts de lui et à le manifester aux autres. Les autres demeurent dans le monde, doivent travailler, fonder des familles ? Mais ils doivent sans cesse se rappeler que s’ils sont dans le monde, ils ne sont pas du monde. Qu’ils doivent avoir vis-à-vis des relations humaines, des biens temporels, une attitude chrétienne. Une attitude qui ne renonce pas à aimer, à posséder à travailler, mais qui fait droit à Jésus, et lui donne la première place.

La difficulté, c’est qu’on pense d’emblée qu’en donnant la première place à Jésus on perdrait tout; au contraire en lui donnant la première place nous sommes transformés et avec l’aide de sa grâce, nous pouvons ordonner notre vie en fonction de ce que Jésus à manifester: aimer nos parents, notre femme ou notre époux, dans le Seigneur, avoir des biens sans y laisser engloutir notre âme pour qu’ils nous servent et non l’inverse, prendre notre souffrance, nos croix, et le suivre. Le peuple chrétien y est aidé aussi par l’exemple de ce qui dans la vie religieuse, dans les monastères, les ermitages, les couvents veulent vivre cette suite du Christ de manière plus radicale mais dans le même but. Il ne s’agit pas d’opposer, ou de comparer mais de savoir que les uns ont besoin de autres pour l’édification du Corps du Christ.

Alors nous pourrons construire une belle tour, à vrai dire nous pourrons laisser le Seigneur construire la tour, c’est-à-dire, notre vie et être le disciple que Jésus veut faire de nous pour notre bonheur. Amen !

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