Homélie du 25 juillet 2010 - 17e DO

Tel Maître, tel Disciple

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Nous le savons bien, frères et sœurs, quand une fête tombe un dimanche, c’est évidemment la Résurrection du Seigneur qui prime. Dieu premier servi.

Cet été pourtant, il y aura plusieurs exceptions: le dimanche 8 août, nous fêterons ici Notre Père saint-Dominique; une semaine plus tard, ce sera l’Assomption de Notre-Dame, patronne principale de notre pays.

Il y a un autre dimanche particulier: c’est aujourd’hui. Coïncidence providentielle, ce dimanche est un 25 juillet, jour de la saint Jacques. Cette conjonction fait que cette année est une année sainte, une année jacquaire.

En ce moment même, le botafumeiro, cet immense encensoir de 54 kilos s’élance dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle. Il ne faudra pas moins de huit hommes pour qu’il puisse se balancer à plus de 20 mètres de hauteur. Et c’est alors que retentira l’Hymne à l’Apôtre Saint Jacques. En voici un petit extrait, traduit librement, en français. Âmes sensibles, s’abstenir, saint Jacques n’est pas politiquement correct.

«Saint commandeur, patron des Espagnes, Ami du Seigneur, défends tes chers disciples, protège ta nation! / Nous venons tremper dans le feu sacré de ton autel vénéré les armes victorieuses du chrétien. / La sainte foi chrétienne, ce bien céleste que tu nous as légué, sera en Espagne ferme et solide, comme la colonne que la Mère de Jésus te confia…»

Comment en est-il arrivé là, le fils de Zébédée pour lequel la mère assurait la promotion? Pourquoi cette gloire, cette sainteté?

S’il en est arrivé là, Jacques, c’est parce que trois éléments, trois événements ont marqué profondément sa vie et ont fait de lui un grand saint, vénéré bien au-delà des Espagnes.

Le premier, c’est qu’il a vu Jésus prier.

Était-il ce disciple qui au début de notre Évangile demande à Jésus: «Seigneur, apprends-nous à prier»? Dieu seul le sait. En tous cas, il a entendu la réponse.

Et la réponse de Jésus est bien loin de la prière d’Abraham, celle que nous avons entendue dans la première lecture où l’on a l’impression d’un marchandage, d’une vente de tapis. Qui ne va d’ailleurs pas jusqu’au bout. Et si l’on trouvait seulement neuf justes, huit, cinq?… Mais peut-être Abraham avait-il compris qu’il fallait qu’il s’arrête là.

Jacques a eu l’insigne honneur de pouvoir entendre et voir Jésus. Voir son Maître passer ses nuits dans la solitude et la prière. L’entendre prononcer ces mots qui composent le Notre Père, la prière du chrétien. Ce qui reste, sans doute, quand on a tout oublié.

La prière du Maître est devenue la prière de l’Apôtre et ça change tout.

Le deuxième, c’est qu’il a rencontré la mère de Jésus.

Comme les autres Apôtres, c’est vrai, il l’a côtoyée et l’a sans doute vénérée. Mais plus que les autres Apôtres, puisqu’elle lui est apparue de son vivant avec une colonne, apportée par les anges, alors que Jacques, découragé par le peu de succès de sa prédication, s’était arrêté au bord de l’Èbre, en Espagne.

Et autour de ce pilier – el Pilar! – a été construit le premier sanctuaire marial du monde, bien avant les Sainte-Marie-Majeure et autre Daurade?

Et Jacques a retrouvé sa fougue et son entrain. N’était-il pas surnommé Fils du tonnerre? D’ailleurs, comment en aurait-il pu être autrement après une telle rencontre?

La mère du Maître est devenue la mère de l’Apôtre et ça change tout.

Le troisième et dernier événement, c’est qu’il a reçu l’Esprit et a remis son esprit.

Jacques est rentré à Jérusalem et il y a subi le martyre, en l’an 44.

Voilà sa gloire: avoir suivi les traces du Seigneur Jésus. Obéissant à son Maître, il a demandé au Père céleste qu’il lui donne l’Esprit Saint. Et il a été exaucé, puisque le Père céleste donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent.

Jacques a reçu l’Esprit que Jésus avait promis. Comme Jésus, Jacques a remis son esprit entre les mains du Père. Il a été mis au tombeau avec le Christ et avec lui, il a été ressuscité, parce qu’il a cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts.

L’Esprit du Maître est devenu l’Esprit de l’Apôtre et ça change tout.

3 éléments, 3 événements qui font de Jacques un grand saint.
Trois éléments qui sont à notre portée, frères et sœurs. Nous avons la prière de Jésus, nous avons sa sainte Mère, nous avons l’Esprit. Il suffit de demander!

Et qui sait, peut-être, un jour, dans cette grande église Notre-Dame du Rosaire, un immense encensoir s’élèvera vers le ciel pour moi, toi, nous!… Mais non, frères et sœurs, penser cela, ce serait sombrer dans le syndrome de la mère des fils de Zébédée.

La sainteté, frères et sœurs, ce n’est pas cela.

Tel Maître, tel Apôtre.

Tel Maître, tel Disciple.

Tel Maître, tel Chrétien.

Se cacher en Dieu, dans le silence et la prière, avec Marie, en attendant l’Esprit.

Amen.

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