Il y a une quinzaine de jours, nous avons célébré la Sainte Semaine, faisant mémoire de ce fait situé dans un temps (il y a deux mille ans) et dans un lieu (à Jérusalem) : le mystère pascal accompli par le Christ. Livré, condamné, exécuté, mort et ressuscité, le Christ est au milieu de nous.
Saint Pierre, c’est notre première lecture, prêche aux juifs de Jérusalem qui ont assisté et pour certains participé de près à l’accomplissement de ce mystère. L’apôtre fait la distinction entre le fait lui-même dont le jugement est laissé à Dieu seul ; l’ignorance en est la cause majeure, ignorance des Écritures. Mais il y a les péchés personnels de chacun, et c’est de cela qu’il faut se repentir en vue d’une conversion pour devenir des judéo-chrétiens.
Jusque-là, nous avons les suites immédiates de la Pâque historique pour le peuple juif.
L’Évangile selon saint Luc va plus loin : ce mystère accompli sous Ponce Pilate, s’il est « typiquement juif » concerne cependant le monde entier, toute l’humanité, tous les péchés commis et à commettre encore par l’humanité. Il doit par conséquent parcourir toute l’histoire restante et toute la géographie du monde. Jésus dit donc à ses disciples qui deviennent apôtres : « De ceci vous êtes témoins ; allez dans le monde entier… » Comment cela va-t-il s’accomplir, ou plutôt comment cela s’accomplit-il chaque jour et, notamment pour nous, les pagano-chrétiens ? De deux façons intimement complémentaires. D’abord en prêchant le fait historique, ce qui s’est passé il y a deux mille ans. Ensuite en présentant ce mystère, littéralement en rendant présent ce mystère à nous ici et maintenant. C’est l’objet du sacrement eucharistique que nous sommes en train de célébrer. L’Eucharistie est bien la présence réelle, par et dans le sacrement, du mystère pascal. Elle est le Corps livré et le Sang versé vraiment présents sur l’autel de l’offrande à Dieu à la consécration, et elle est le Corps ressuscité, chair vivante et vivifiante reçue en communion : l’intégralité du mystère pascal.
De sorte que la prédication de saint Pierre à ceux qui vont devenir judéo-chrétiens s’adresse aussi à nous, les pagano-chrétiens : nous ne sommes pas responsables du fait historique d’il y a deux mille ans à Jérusalem, mais c’est pour nous, pécheurs, que le Christ a accompli sa mission de salut par et dans le mystère de Pâques. L’appel au repentir et à la conversion est vraiment le point de départ qui initie la vie chrétienne par le baptême et qui « rythme » de quelque façon notre vie par la célébration régulière de l’Eucharistie, au moins une fois par semaine, sous le signe de la fraction du pain, nourriture aussi nécessaire à l’âme que l’est la nourriture matérielle pour nos corps.
C’est de cela que nous sommes constitués témoins devant le monde : par notre vie, comme le dit saint Jean dans la deuxième lecture : une vie pascale.
Lectures : Ac 3, 13-15 ; 17-19 – 1 Jn 2, 1-5a – Lc 24, 35-48