«Tournez-vous vers le Christ!»


Jouons au modeste! Pour être sûr de réussir en société, jouer au modeste n’est-ce pas une stratégie qui finalement s’avère toujours payante? Laisser les autres dire du bien de soi en rougissant de plaisir. Faire croire que nous ne sommes rien en pensant le contraire… N’est-ce pas ce à quoi nous invite paradoxalement le Christ aujourd’hui? Si tu veux la première place, mets-toi à la dernière, tente de te faire oublier et … tu seras célèbre! Joue les modestes, et tu seras admiré! On m’a dit que les conseillers en communication de certains hommes politiques méditeraient ces stratégies… N’est-ce pourtant pas aller vite en besogne et nous contenter finalement de peu? Est-ce que le Christ se contenterai de nous enseigner les bonnes manières? Ce que le Christ veut nous apprendre va largement au-delà d’un code de bonne conduite.
Car Jésus parle en parabole. Il nous livre à travers elles un enseignement bien plus profond: un enseignement sur sa mission et sur son identité. Jésus ne parle en fait que de lui et de la mission qu’il est venu accomplir. Celui qui occupe la dernière place et qui est invité à la première c’est Lui. Celui qui invite les pauvres à son banquet, c’est encore Lui.
«Lui qui était de condition divine ne retint pas jalousement le rang qu’il égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même prenant la condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme il s’humilia plus encore obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur des Croix. C’est pourquoi Dieu l’exalté et lui a donné le nom au-dessus de tout nom. (…) Jésus Christ est SEIGNEUR à la gloire du Père.» (Ph 2, 6-9.11 b-c)
Quand il vient dans le monde, le Fils s’abaisse jusqu’à nous, il va jusqu’à prendre notre condition charnelle. Il va nous rejoindre là où nous sommes. Il rejoint et il nous sauve. Par sa mort sur la Croix, il réconcilie les hommes avec le Père. Il nous ouvre la porte du Ciel. Il nous invite au festin des noces de l’Agneau. C’est de cela d’abord que Jésus nous entretient aujourd’hui!Invité à ses propres noces, Jésus n’a pas revendiqué la première place à laquelle pourtant il avait droit, il s’est laissé humilié en mourant comme un esclave sur Croix. Le Père l’a élevé plus haut que les anges en le ressuscitant d’entre les morts, et en le faisant asseoir à sa droite. Car il est l’homme qui s’est le plus abaissé car il était le fils bien-aimé du Père, il est celui qui est le plus exalté. Le banquet auquel Jésus nous invite n’est pas un banquet où il inviterait ses semblables. D’ailleurs en trouverait-on? Au cours de sa vie terrestre, Jésus n’a pas hésité se joindre aux publicains et aux pécheurs comme aux pharisiens et aux gens respectables. Mais plus encore, c’est à son banquet céleste qu’il nous invite. Nous sommes, ces invités pauvres, estropiés, boiteux, aveugles. Jamais nous ne serons en mesure de rendre au Seigneur ce qu’il nous a donné. Bienheureux es-tu Jésus toi qui nous convie à ton festin, car nous sommes incapables de te rendre quoique ce soit!
Frères et sœurs, nous appartenons au Christ et cette communion avec Dieu à laquelle nous sommes conviés, sans aucun mérite de notre part, cette condition de fils de Dieu par Jésus-Christ, nous trace une ligne de conduite. C’est le deuxième enseignement de Jésus aujourd’hui pour nous. Nous qui appartenons au Christ nous sommes de plus en plus configurés, conformés à son être et à sa vie. C’est à partir de notre attachement au Christ que découle notre vie morale, notre vie de chrétien de tous les jours. Ce qu’Il nous dit de faire a un grand poids car il est Dieu et il est venu nous révéler les desseins du Père. Mais aussi car il ne s’est pas contenté de paroles plus moins en l’air. Il a éprouvé la vérité de son enseignement. Et nous savons jusqu’où: jusqu’à la mort sur la Croix! Enfin, il vient de l’intérieur par sa grâce, par son Esprit-Saint nous rendre capable de faire ce qu’il nous a enseigné.
Frères et sœurs aujourd’hui, Jésus par cette parabole nous donne aussi une leçon de vie. Notre humilité n’est pas simplement une valeur humaine de bon goût qu’il faudrait pratiquer pour être perçu comme quelqu’un d’honnête. Elle n’est pas non plus le résultat d’un effort surhumain de notre volonté pour nous rendre humbles à nos propres yeux, ce qui peut nous conduire à une forme grave d’orgueil, l’orgueil tapi dans une modestie de façade.
L’humilité est la condition première du chrétien car elle est la condition première du Christ. En imitant le Christ, en suivant son enseignement nous sommes conduits sur cette route de l’humilité. Jésus fils de Dieu naissant dans une étable, occupant des tâches modestes. Mais témoignant par toute sa vie que cette humilité nous fait mieux connaître Dieu que tout autre moyen. Notre humilité est configuration au Christ. Elle est voie qui nous conduit certainement à Dieu. Évidemment, elle ne nous est pas innée. Elle est le fruit de la grâce que nous donne le Christ de lui ressembler de nous assimiler à Lui. De jour en jour, en particulier par notre participation aux sacrements, nous sommes rendus semblables au Christ. Peu à peu, nous apprenons la vraie humilité qui fondamentalement une attitude de vérité face à Dieu et par conséquent aussi face aux autres.
Frères et sœurs, nous sommes loin d’une petite leçon de maintien quand nous entendons aujourd’hui le Christ nous enseigner. Ce n’est pas une invitation à «jouer au modeste» c’est un appel radical à une vie toute tournée vers le Christ pour qu’un jour nous entendions: «mon ami monte plus haut» (Lc 14, 10).

